L’Impresario in angustie, ou le Directeur dans l’embarras

L’Impresario in angustie, ou le Directeur dans l’embarras, opéra bouffon, en 2 actes, de Dubuisson, musique de Cimarosa, 6 mai 1789.

Théâtre de Monsieur

Titre :

Impresario in Angustie (l’), ou le Directeur dans l’embarras

Genre

opéra bouffon

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

6 mai 1789

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

Dubuisson

Compositeur(s) :

Cimarosa

Sur la page de titre de la brochure, à Paris et à Bruxelles, chez J. L. de Boubers, 1792 :

L’Impresario in angustie, ou le Directeur dans l’embarras, opéra bouffon en deux actes, Représenté sur le Théâtre de Monsieur. Musique del Signor Cimarosa, Paroles Françoises de M. Du Buisson.

Le livret de la pièce italienne est dû à Giuseppe Maria Diodati. Elle a été jouée en un acte en 1786 à Naples.

Mercure de France, n° 21 du samedi 23 mai 1789, p. 184-186 :

[Le compte rendu s’ouvre sur une description amusée de l’intrigue de la pièce, bel exemple de théâtre dans le théâtre, puisqu’elle nous met en présence d’une troupe d’opéra (et de ceux qui l’entourent) en train de préparer dans des conditions plutôt difficiles leur nouveau spectacle. Pour une fois, le critique décrit le « Poëme » en termes positifs, il lui reconnaît « un charme, une gaîté, un sel » inédit dans un opéra italien. La musique est aussi originale que piquante, il est vrai qu’elle est de Cimarosa. S’y ajoutent des airs d’autres compositeurs, dont la présence est justifiée par l’ajout d’un acte à la pièce d’origine. A la première représentation, la fin de la pièce était assez compliquée, et il a fallu la simplifier en donnant un véritable dénouement à la pièce.]

THEATRE DE MONSIEUR.

Nous avons promis quelques détails sur les deux nouveaux Ouvrages dont ce Théatre vient de s'enrichir.

[...]

L'Impresario in Angustie, Opéra-Bouffon Italien, est la seconde nouveauté dont nous avons à parler. On voit dans cette Pièce, une image fidelle, quoiqu'un peu chargée, de ce qui se passe en Italie dans les Troupes d'Opéras. Un Entrepreneur (ce qu'on appelle en France un Directeur), qui n'a ni les connoissances, ni l'habileté, ni les fonds nécessaires pour réussir ; une Prima donna qui veut que tout lui soit soumis, & qui, par sa coquetterie, veut enchaîner à la fois & le Poëte, & le Maître de Musique, & même l'Entrepreneur ; une Seconde, tracassière, & s'opposant à tout ce qu'on veut, uniquement pour brouiller ; une Troisième, qui demande toujours de l'argent d'avance, & qui, sans aucun talent, ne prétend pas à moins qu'à écraser la Première femme. Un Poëte ridicule, un Maître de Musique plagiaire, & qui emploie son talent ou celui des Maîtres qu'il copie, non pas à faire réussir l'Opéra, mais à faire tomber les femmes dont il est maltraité ; enfin un Protecteur, espèce de gens peu connue en France, qui voulant vivre avec les femmes de Théatre, & n'ayant pas de fortune, les paye en cabalant pour elles, & les soutenant envers & contre tous.

La lecture du Poëme, qui fait la matière du premier final, est un chef-d'œuvre à tous égards. L'introduction, l'air de l'Impresario, celui de la Seconde femme, & au deuxième Acte celui du Poëte, ont un charme, une gaîté, un sel, dont aucun Maître ne nous avoit encore donné l'idée. Aucun peut-être ne montre, particulièrement dans l'orchestre, une originalité aussi piquante que le Signor Cimarosa. Plusieurs autres morceaux ont fait aussi très-grand plaisir, notamment un Trio de Guglielmi au second Acte, & un rondeau de Giordani, chanté par la Troisième femme, & gravé chez M. Bailleux dans le Recueil d'Ariettes Italiennes, dédié à la Reine.

Pour justifier l'insertion de ces morceaux étrangers, il est nécessaire de dire que cette Pièce en Italie n'a qu'un Acte ; que le Maître de Musique, ni la Troisième femme, ni le Protecteur , n'ont point d'airs à chanter ; que l'air de la Première femme est très bas, très-peu saillant, & nullement fait pour la charmante voix de Mlle. Balletti, & que cet Opéra se termine, ou par un duo très-peu piquant, ou par un final quelconque, à volonté.

A la première représentation, la Troupe, après la ruine de l'impresario, se déterminoit à jouer l’Opéra pour son propre compte, & faisoit, en conséquence , la répétition d'un final del Pittor Parigino. Comme ce final contient une action assez compliquée, & que le Public ne pouvoit deviner, le morceau a paru long & froid. Il a été fort raccourci à la seconde, & a mieux réussi ; mais on y a mis depuis un quintetto, toujours de Cimarosa, dont les paroles, ainsi que la Scène précédente, forment un véritable dénouement : ce morceau, bien digne de ce Maître, produit le plus grand effet, & ne laisse plus rien à désirer dans cet Opéra.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome VI (juin 1789), p. 304 :

Parmi les nouveautés essayées à ce théâtre, nous distinguerons les pieces suivantes :

[...]

L'Impresario in Angustie, l'Entrepreneur (de spectacle ) embarrassé. Cette piece a été fort applaudie, & l'a mérité par ses beautés réelles, & par son exécution. C'est un directeur de troupe qu'on voit aux prises avec les personnages nécessaires à son théatre, tels que poëte, musicien, chanteurs & chanteuses. Il n'a pas peu d'embarras pour les accorder entr'eux & pour en tirer parti. Aux difficultés qu'il doit rencontrer naturellement, se joint un autre embarras ; il aime sa prima donna, & il a des occasions d'en être jaloux. La musique,
qui eſt de Cimarosa, a fait grand plaisir. Il y a plusieurs morceaux charmans, pleins de mélodie & bien adaptés à la scene. Peut-être y a-t-il quelque longueur à faire disparoître vers le dénouement

[...]

(Journal de Paris ; Mercure de France ; Journal général de France.)

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome V, p. 171-172 :

[La reprise de cet opéra au Théâtre de l’Opera Buffa est l’occasion de faire débuter deux chanteurs qui ont plutôt échoué. En plus, la musique a été trafiquée : « plusieurs morceaux » n’étaient pas de Cimarosa... Signe du peu de respect qu’on a de la propriété artistique (mais la présence de ces morceaux étrangers à l’opéra n’est pas arbitraire, et s’explique par l’intrigue).]

ODÉON. OPERA BUFFA.

L'Imprésario in angustie (le Directeur dans l’embarras), opéra bouffon en deux actes, joué le 22 septembre.

Cette pièce a été jouée pour les débuts de MM. Boggia et Botticelli, qui n'ont pas obtenu un grand succès. On a remarqué, dans cet opéra de CIMAROSA , plusieurs morceaux qui ne sont point de ce maître. Au total, la représentation a été peu satisfaisante.

D’après la base César, la pièce due à M. Dubuisson pour le livret et Cimarosa pour la musique a connu 21 représentations en 1789 (toutes au Théâtre de Monsieur sauf 1, au Théâtre des Beaujolais), 2 en 1790, au Théâtre de Monsieur, 3 en 1791 au Théâtre Feydeau. Elle a été également jouée 13 fois, en 1791 et 1792 au Grand Théâtre de la Monnaie de Bruxelles.

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