L'Innocence reconnue (comédie)

L'Innocence reconnue, comédie en un acte, en prose et en vaudevilles, de Lefranc, 7 août 1793.

Théâtre de Louvois.

Titre :

Innocence reconnue (l’)

Genre

comédie en vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

7 août 1793

Théâtre :

Théâtre de Louvois

Auteur(s) des paroles :

Lefranc

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 12 (décembre 1793), p. 293-296 :

[Compte rendu réduit au résumé de l’intrigue, de façon plutôt détaillée. Mais aucun jugement sur rien. Juste un peu d’ironie devant une action plutôt prévisible.]

L'Innocence reconnue, comédie en un acte, en prose & en vaudevilles, par M. Lefranc.

Le ci-devant procureur Robert veut empêcher Babet, qui ne l'aime pas, d'épouser Melcour, le fils, qui l'adore ; & il se fonde, pour cela, sur un dédit qu'il a fait signer au pere de cette aimable villageoise. Un vieux procureur amoureux, & obligé de monter sa garde, a bien des réflexions à faire. Aussi Robert, en faction devant la porte du corps-de-garde du village, trouve-t-il bien singulier d'être, dès le grand matin, exposé aux intempéries de l'air, & d'aller & venir, un fusil sur l'épaule, dans une place où il n'a rien à gagner. Il ne conçoit pas comment il est possible qu'on ait supprimé les procureurs, eux qui étoient si utiles, si nécessaires ; & il trouve fort plaisant que le pere Lajoie, ci-devant cordelier, soit devenu soldat dans sa compagnie, tandis que Melcour, fils du ci-devant seigneur du lieu, n'est que caporal.

Pendant qu'il se livre à ces réflexions, le jeune Melcour, endormi sur un banc, à côté de la porte du corps-de-garde, dit, en rêvant, qu'il tuera à coups de sabre celui qui voudra lui enlever Babet. Robert écoute attentivement, observe avec frayeur tous les mouvemens de Melcour, & craignant que celui-ci n'exécute ce qu'il projette dans son somnambulisme, abandonne son poste. Le jeune homme se réveille, s'apperçoit de la peur qu'il a inspirée au ci-devant procureur, en rit, & se félicite de pouvoir parler sans témoins à Babet, qui survient.

Le bouquet, donné par Melcour à son amante, est payé par un baiser ; c'est une fort bonne affaire. Mais malheureusement Robert, qui n'étoit pas loin, a tout vu, & trouve scandaleux qu'on ose ainsi embrasser, dans la rue & auprès du corps-de-garde patriotique, une fille qui lui est promise. Croit-on qu'on la lui enlèvera sans qu'il s'y oppose ? On se tromperoit bien. Il n'est rien de si aisé que de vuider cette querelle, dit Melcour, puisqu'il suffit de se battre. Se battre ! répond Robert épouvanté ; non, non, ce n'est pas là le fait d'un homme de loi ; ses connoissances peuvent lui procurer une infinité de moyens aussi simples & moins dangereux.

Les filles du village viennent porter le déjeûner de leurs amans qui ont monté la garde. Personne n'invite Robert ; & comme il n'a pas d'amoureuse, il va déjeûner chez lui. Le maire. Mathurin, qui est en même-tems le pere de Babet, ne devant être occupé de toute la matinée par aucune affaire municipale, veut que tout le monde se divertisse pour célébrer la fête de sa fille. Il fait venir le tambourin, & l'on chante une ronde fort gaie, & que Mathurin trouve fort jolie.

On passe à un maire de village de ne pas savoir que Meunier, fatiguer, amitié, ne riment guere ; mais on ne lui pardonne pas d'ignorer qu'en bonne police, on ne devroit pas chanter, en sa présence, une ronde indécente qui ne manqueroit pas de faire rougit toutes les filles du village, si leur simplicité ne les empêchoit pas de la comprendre. Il seroit bien à désirer qu'il en fût de même de toutes les demoiselles qui sont dans la salle, & sur-tout que tous les officiers municipaux possibles se persuadassent qu'ils ne peuvent mieux servir la patrie qu'en faisant respecter les mœurs.

La grosse joie de nos bonnes gens est troublée par la lecture d'une lettre qui annonce que M. Melcour, le pere, qui servoit aux frontieres, vient de passer à l'ennemi, & que son fils correspond avec lui. Celui-ci est outré ; & après avoir défendu l'auteur de ses jours avec la plus vive chaleur, il part pour revenir bientôt désabuser ses concitoyens. Babet voit ce départ avec peine ; mais elle se console, parce qu'elle sait qu'il faut sacrifier l'amour à l'honneur.

Bientôt après on voit paroître les deux Melcour ; il se sont rencontré [sic] à deux pas du village. Le pere y revenoit à la tête de sa compagnie. On veut savoir d'où a pu partir l'infâme lettre qu'on a lue. Un soldat que Robert a fait enivrer, dévoile le mystere, en convenant que c'est lui qui l'a écrite sous la dictée du ci-devant procureur. Tout le village est indigné ; le maire promet de faire punir ce vil calomniateur, & celui-ci, pour l'adoucir, lui rend le dédit qu'il lui avoit consenti. Alors, comme on le devine bien sans que nous le disions, la piece a terminé par le mariage de Babet avec Melcour, le fils.

César : s'agit-il du Triomphe de l'innocence, d'auteur inconnu, jouée pour la première fois le 7 août 1793 au Théâtre des amis de la patrie, rue Louvois, et qui a connu trois représentations (7, 8 et 14 août) ? C'est assez probable.

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