Jacquot, ou l'Ecole des Mères

Jacquot, ou l'Ecole des Mères, en 2 actes ; paroles des Cs Desprez et Rouget de Lille ; musique de Della-Maria. 9 Prairial an 6 (28 mai 1798).

Théâtre de la rue Favart

Titre :

Jacquot, ou l’Ecole des mères

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

9 prairial an VI (28 mai 1798)

Théâtre :

Théâtre de la rue Favart

Auteur(s) des paroles :

Desprez et Rouget de Lille

Compositeur(s) :

Della Maria

Almanach des Muses 1799.

Tout le monde connaît ce mot heureux du conte de Marmontel : Est-ce vous, mon fils ? – Non, ma mère, c'est Jacquaut.

C'est au conte de la Mauvaise Mère que les auteurs doivent le sujet de leur pièce ; mais ce n'est point Jacquot sacrifié à son frère qu'ils nous présentent, c'est Jacquot revenant après une longue absence chez sa mère, la trouvant malheureuse, partageant sa fortune avec elle et recouvrant sa tendresse.

De l'esprit, des détails heureux ; jolie musique.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an VI, IIIe trimestre (Germinal, Floréal, Prairial), n° 26 (20 prairial an VI), p. 491-492 :

[Reprise de la situation d’un conte très connu de Marmontel, la Mauvaise mère. Le critique trouve le choix pertinent, « riche et touchante opposition de l'amour filial et de l'injustice maternelle », mais s’interroge sur le choix de l’angle choisi dans la pièce. La pièce commence en effet quand le fils revient après plusieurs années, fortune faite, pour retrouver sa mère et la secourir. Mais l’intérêt est rendu bien faible par la connaissance que le public a du retour d’un Jacquot « enrichi et prêt à voler dans le sbras de sa mère » : premier acte quasiment inutile, second acte peignant chagrins et remords de la mère, et dans lequel « l'on ne craint plus pour personne ». Le critique feint de croire que la pièce a été seulement faite, et trop vite, pour permettre au compositeur de déployer son talent. Mais le « peu d'importance de l'ouvrage » a pour conséquence que « la musique se trouve réduite à peu d'effets ». Et elle déçoit de la part d’un musicien dont on a apprécié les compositions précédentes (et le critique cite bien sûr le Prisonnier). La pièce n’est toutefois pas sans qualités : « le style du second acte de cette petite pièce parfaitement jouée, fait honneur à la plume qui l'a dicté », et on a applaudi des « détails heureux ». De même, on doit metre au crédit de la pièce « une excellente intention morale, de l'esprit dans le dialogue, de l'élévation dans les pensées ». Le jeu de l’actrice principale, même s’il était un peu forcé, a contribué au succès de la pièce.

Article repris dans l’Esprit des journaux français et étrangers, 1798 (vingt-septième année), tome VII (juillet 1798, messidor, an VI), p. 181-183.]

Théâtre de l'Opéra-Comique-National, rue Favart.

Jacquot , ou l'Ecole des Mères.

Ce n'est pas la première fois qu'on a essayé de mettre sur la scène le joli Conte moral de Marmontel, intitulé : La mauvaise Mère ; et rien n'est en effet plus digne du pinceau dramatique que le tableau des regrets et des remords d'une mère injuste, abandonnée par l'objet de sa partiale prédilection, et servie avec un zele constant et désintéressé par l'enfant qu'elle a rendu malheureuse. Cette riche et touchante opposition de l'amour filial et de l'injustice maternelle, a fait le succès du Conte, et semblait présager celui de l'ouvrage dramatique qui saurait en présenter tous les développemens : mais peut-être les auteurs de la bluette donnée au théâtre de l'Opéra-Comique, n'ont-ils pas saisi ce sujet dans son jour le plus favorable.

Ce n'est plus Jacquot persécuté et sacrifié à son frère qu'ils nous montrent : tout le Conte est dans l'avant-scène ; ici c'est Jacquot qui revient au bout de plusieurs années, qui retrouve sa mère souffrante et malheureuse de ses remords, et qui est assez heureux pour lui rendre de la fortune en retrouvant son amitié. Alors n'ayant que des souvenirs à peindre, il a fallu se borner à des récits, et les situations étant beaucoup moins dramatiques, l'intérêt s'est trouvé nécessairement affaibli : peut-être même le premier acte était-il inutile.

En nous annonçant le retour de Jacquot, enrichi et prêt à voler dans les bras de sa mère pour lui offrir sa fortune et lui redemander son cœur, le second acte, employé à nous peindre la situation de cette mère, dévorée de chagrins et de remords, perd la moitié de son effet : le dénouement est prévu au premier mot de l'ouvrage, et l'on ne craint plus pour personne.

Il semblerait donc que les auteurs n'ont eu pour but, en composant cette bagatelle avec trop de célérité, que de donner au Musicien Della Maria une occasion de plus de développer son talent aimable. Mais est-ce bien un service à lui rendre ? Je crains, au contraire, que ce ne soit un très-mauvais calcul. Au moyen du peu d'importance de l'ouvrage, la musique se trouve réduite à peu d'effets ; et à l'exception d'un joli duo et d'un air agréable, cette nouvelle production de l'auteur du Prisonnier, partage nécessairement le reproche de faiblesse qu'on fait au poëme : le C. Della Maria doit bien se dire qu'un talent qui a promis autant que le sien, est jugé en raison de ce qu'on en attend, et que, dans sa position, c'est décroître que de ne pas augmenter. Il faut donc qu'il se défie de sa facilité à composer et à produire. Presque toujours le désir de paraître trop tôt et trop souvent, nuit aux moyens de paraître avec avantage.

Il faut pourtant dire qu'en général le style du second acte de cette petite pièce parfaitement jouée, fait honneur à la plume qui l'a dicté. Plusieurs détails, très-heureux ont mérité d'être applaudis.

Une excellente intention morale, de l'esprit dans le dialogue, de l'élévation dans les pensées, et le jeu touchant quoique souvent forcé de la citoyenne Dugazon, suffisaient pour faire réussir l'ouvrage, dont les auteurs sont deux Hommes-de-Lettres déjà connus par de fort jolies productions, les CC. Desprez et Rouget-dé-Lille.

L. C.

Nicole Wild et David Charlton Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 287 : la date de création est le 28 mai 1798, et l'opéra a eu 5 représentations.

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