Jadis et Aujourd'hui

Jadis et Aujourd'hui, opéra bouffon en un acte, de Sewrin, musique de Kreutzer, 29 octobre 1808.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Jadis et aujourd’hui

Genre

opéra-bouffon

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

29 octobre 1808

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Sewrin

Compositeur(s) :

Kreutzer

Almanach des Muses 1809.

Ouvrage d'un auteur accoutumé à des succès, qui a fait mieux, et qui pouvait faire mieux. Quelques contrastes assez piquants. Fort jolie musique.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1808 :

Jadis et Aujourd'hui, opéra-bouffon en un acte ; Paroles de M. Sewrin ; Musique de M. Kreutzer, premier violon de S. M. l'Empereur et Roi, et Membre du Conservatoire impérial. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Opéra-Comique, rue Feydeau, par MM. les Comédiens ordinaires de S. M. l'Empereur et Roi, le 29 octobre 1808.

Mercure de France, tome trente-quatrième, n° CCCLXXXI (samedi 5 novembre 1808), p. 279 :

[Beaucoup d'efforts pour dire du bien d'une pièce qui vaut surtout par sa musique et par sa « mise en scène », son « poëme » offrant cependant « des rapprochemens bien sentis, des contrastes gais et piquans entre les mœurs et les coutumes » de ces deux moments (aujourd'hui et "il y a quarante ans"). Le compositeur a su mettre « en opposition la très-ancienne et la nouvelle musique ». On a un véritable opéra-comique, chacun des deux mots ayant son sens plein.]

La 1re représentation de Jadis et Aujourd'hui, opéra bouffon en un acte, paroles de M. Sewrin, musique de M. Kreutzer, a obtenu beaucoup de succès, et c'est à la musique qu'il faut en grande partie l'attribuer. Le poëme offre cependant des rapprochemens bien sentis, des contrastes gais et piquans entre les mœurs et les coutumes de Jadis et d'Aujourd'hui.

M. Kreutzer, auteur de la musique, a saisi avec esprit ce que cette situation lui offrait de comique, et il a bien mis en opposition la très-ancienne et la nouvelle musique.

Cet ouvrage, qui est parfaitement mis à la scène, sera vu avec plaisir par les personnes qui aiment que ce théâtre mérite le titre d'Opéra-comique.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XII, décembre 1808, p. 272-274 :

[Après une première phrase sibylline (mais c’est juste qu’on vient de jouer un opéra-comique de 1775 avant celui-ci), c’est à l’ouverture que le critique consacre sa réflexion : enfin une ouverture à l’ancienne, comme on n’en fait plus. Et c’est l’occasion de dire bien du mal de la musique moderne. La pièce qui suivait l’ouverture, elle, n’avait rien de neuf ni d’original. Elle met en opposition la vie d’autrefois (« il y a quarante ans ») et « ce qui se voit aujourd’hui ». Bonne idée, mais bien mal utilisée : l’auteur n’a pas su quoi faire de cette idée, et après un début au dialogue « très-piquant et très-spirituel », la pièce « tourne trop court », et le public a montré sa désapprobation. La musique est, à l’image de l’ouverture, « gaie, spirituelle, bien en scène, et très-bien appliquée aux paroles », et bien servie par des interprètes aussi bons chanteurs que bons acteurs. Un beau compliment : « cette composition a le mérite devenu trop rare d'être écrite dans le style véritable qui convient à l'opéra comique français » (c'est déjà ce que disait l'article du Mercure de France ci-dessus).]

Jadis et Aujourd'hui.

On n'a pas tardé à nous faire succéder un opéra d’Aujourd'hui à l'opéra de Jadis, et précisément l'opéra nouveau est intitulé : Jadis et Aujourd'hui. On aurait deviné le titre en entendant l’ouverture spirituelle et originale de Kreutzer. Elle est dans le style des ouvertures anciennes qui avaient l'avantage de donner une idée de la pièce, d'indiquer au spectateur le temps et le lieu de la scène, et étaient en quelque sorte des introductions : cet usage n'existe plus ; une symphonie vague, quelques traits décousus, bien ou mal liés par des mouvemens d'orchestre, entendus cent fois, voilà ce qu'on appelle une ouverture ; celle de Jadis et Aujourd'hui a le mérite d'une intention comique bien remplie, et,nous en avons dû faire la remarque.

Quant à la pièce, l'idée n'en est pas précisément neuve et sans modèle ; celle du moins qui offre avec elle des traits de ressemblance, ne date-pas de loin. Quoi qu'il en soit, elle présente le contraste piquant du ton, des mœurs, des habitudes du pays il y a quarante ans, et de ce qui se voit aujourd'hui : un jeune amant plaît à la mère de sa maîtresse en feignant d'avoir tous ses,goûts et de partager ses habitudes ; un rival, conseillé par un adroit valet, le fait éconduire en affectant les airs à la mode ; l'exposition de cette idée, et tout ce qui, dans cette intrigue, est préparatoire, a fait beaucoup de plaisir ; et dans cette partie seulement le dialogue de M. Sewrin a été trouvé très-piquant et très-spirituel : mais sa gaieté et son imagination l'ont malheureusement abandonné au moment où il s'agissait de mettre en accord les matériaux qu'il avait préparés avec art ; la pièce était susceptible de déyeloppemens ; le public en attendait, elle tourne trop court, et le spectateur en a paru mécontent : ce signe de défaveur était presque un suffrage qui devrait engager l'auteur à revoir sa pièce et à la rendre plus digne de rester au théâtre.

La musique soutient l'idée qu'avait fait concevoir l'ouverture ; elle est gaie, spirituelle, bien en scène, et très-bien appliquée aux paroles. Martin, Gavaudan et Mlle. Gavaudan y trouvent une occasion heureuse de s'y montrer bons chanteurs, sans cesser un moment d'être bons acteurs, parce que cette composition a le mérite devenu trop rare d'être écrite dans le style véritable qui convient à l'opéra comique français.

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