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Je cherche mon père

Je cherche mon père, comédie en trois actes et en vers, de Hyacinthe Dorvo, 19 floréal an 5 [8 mai 1797].

Théâtre de la Cité

Almanach des Muses 1798.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an V :

Je cherche mon père, comédie en trois actes et en vers, représentée pour la première fois sur le théâtre de la Cité, le 29 floréal, an V, ou 8 mai, 1797 (v. s.) Par Hyacinthe Dorvo.

Courrier des spectacles, n° 123 du 20 floréal an 5 (9 mai 1797), p. 2-3 :

[La pièce nouvelle « a eu beaucoup de succès », pour trois raisons : « du comique suivi, une versification aisée et agréable, un dialogue vif et naturel », et l’auteur a été nommé et a paru. Il s’agit ensuite de raconter l’intrigue. Le critique le fait avec beaucoup de précision, réussissant à expliquer une histoire bien embrouillée, celle d’un enfant dont on ignore qui est son père, histoire à laquelle s’ajoute bien sûr une intrigue sentimentale. Mais le dénouement ne surprend pas : celle qui détient la clé de toute l’intrigue, la prétendue tante du jeune homme qui cherche son père révélant malgré elle de qui il est l’enfant. Dans cet imbroglio, le critique ne trouve à reprendre que « deux choses » qu’il estime déplacées : « l’imprécation que fait la fausse dévote en s’en allant, imprécation qui semble une parodie de celle de Camille dans les Horaces »et la récapitulation que le jeune homme fait à sa maîtresse après le dénouement de tout ce qui s’est passé : il s’agit d’amener (laborieusement, semble-t-il) une flatterie envers le public, que l’auteur dit considérer comme un père (ce genre de « plaisanterie » sur le titre de la pièce est courant dans les vaudevilles). Mais rien sur l’interprétation ni sur l’intrigue.]

Théâtre de la Cité.

Je cherche mon Père, comédie en 3 actes et en vers, dont la première représentation fut donnée hier à ce théâtre, a eu beaucoup de succès. Du comique suivi, une versification aisée et agréable, un dialogue vif et naturel ont attiré de fréquens applaudissemens à M. Dorvo, auteur de cet ouvrage ; il a été demandé, et a paru.

La veuve Archangel, fausse dévote, et caffetière à Pontoise, a recueilli les derniers soupirs de madame Bridan, dont le nom de fille étoit Désormeau, et qui s’étoit vue abandonnée par son mari. Cette infortunée avoit mis au monde un enfant que la veuve Archangel a élevé sous le nom de Cadet, et qu’elle a fait passer pour son neveu. Celui-ci sert, en qualité de garçon, chez celle qu’il croit sa tante, et a conçu un violent amour pour Denise, fille de M. Bridois, ancien procureur. Ce dernier se trouve dans le café, à la même table, avec M. Bridan, maître de poste, et Brivac, perruquier gascon. En buvant, la conversation se lie, la confiance se déploie ; ils se rendent réciproquement compte de leur jeunesse ; chacun d’eux a abandonné sa femme pour s’engager dans un régiment de cavalerie, et chacun d'eux a pris pour nom de guerre celui de la Valeur. Cadet fait confidence de son amour à Brivac ; celui-ci, qui veut faire sa cour à madame Archangel, lui redit tout ; la malheuse [sic] veuve qui a des vues sur Cadet, cherche en vain à le dissuader de cette union, et finit par lui apprendre qu’elle n’est pas sa tante, et qu'elle l’aime. Cadet répond mal aux vœux de la veuve ; elle s’irrite de ce refus, et le chasse de chez elle, en lui remettant un paquet qu’elle a conservé cacheté et qui doit lui apprendre quel est son père. Cadet, resté seul, est fort embarrassé dans la recherche de son père , attendu qu’il ne sait pas lire. Il va encore trouver le gascon. Brivac défait le paquet, y trouve l’extrait de baptême de Cadet, mais le nom du père est mal écrit ; il n’en déchiffre que la première syllabe Bri. Le contrat de mariage du père de Cadet est aussi dans ce paquet ; mais un pâté sur la dernière syllabe ne permet pas non plus de la reconnoître. Le nom de la mère n’est pas plus lisible ; mais le nom de guerre la Valeur, le titre de soldat de cavalerie, persuadent à Brivac qu'il est père de Cadet ; il le le serre contre son sein. Madame Archangel qui connoît le véritable père de Cadet, et qui desire empêcher son mariage avec Denise, dit à Bridois que Cadet est son fils, et frère de Denise ; 1‘imperfection des pièces favorise son projet ; d’un autre côté, elle suscite dans Bridan, amant de Denise, un rival à Cadet, qui vient l’épée à la main défendre ses droits. Denise ne veut pas que Cadet se batte, et lui emporte son épée. Cadet, désarmé , apprend par Bridan que c’est à tort qu’il s’est cru fils de Brivac, que c’est Bridois qui est son père ; Cadet se désole et s’écrie :

                                                  Qu’entends-je !
Quoi ! du soir au matin il faudra que j'en change
.

Sur quelques mots qu'il ajoute, Bridan, d’abord surpris, ne doute plus qu’il ne soit le père de Cadet ; celui-ci, au milieu de sa joie, ne revient pas de son étonnement, de trouver trois pères. Enfin, madame Archangel est priée de faire connoître quel est l’auteur des jours de Cadet ; elle persiste dans son dessein, et indique Bridois ; mais lorsqu’il s’agit de nommer la mère, Bridan use d'adresse, et donne à sa femme un autre nom ; la veuve, trompée, nomme Désormeau, ce qui découvre la vérité et ses intentions : Cadet épouse Denise.

Deux choses nous ont paru déplacées dans cette comédie : la première est l’imprécation que fait la fausse dévote en s’en allant, imprécation qui semble une parodie de celle de Camille dans les Horaces ; la seconde est la récapitution [sic] que Cadet fait à sa maîtresse après le dénouement de tous les incidens que l’on a vus dans la pièce. Cette récapitulation est très-inutile, et n’a d’autre mérite que d’amener un compliment au public, chez lequel l'auteur desire trouver un quatrième père.

L. P.

Bulletin du bibliophile, janvier 1860, « Lettres inédites de Charles Nodier », p. 964 :

Extrait d'une lettre rédigée par un ami de Nodier, Charles Weiss (lettre datée du 17 nivôse an 6 [6 janvier 1798 :

Mon bon ami, je viens de lire Je cherche mon père, de M. Dorvo. La lecture de cette pièce a augmenté l'opinion avantageuse que j'avois de ses talents. La versification pure et facile, le plan bien fait, l'entente des scènes, le bon comique de cette pièce lui assurent des succès brillants partout où elle sera représentée. Toi qui as le bonheur de le voir, engage-le promptement à donner de jolies sœurs à son aînée.

Ton frère P.-C. Weiss.

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