Jean Racine avec ses enfans

Jean Racine avec ses enfans,  comédie anecdotique en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, de J. A. Jacquelin,2 Floréal an 7. [21 avril 1799]

Théâtre des jeunes artistes

Titre :

Jean racine avec ses enfans

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

2 floréal an VII (21 avril 1799)

Théâtre :

Théâtre des Jeunes Artistes

Auteur(s) des paroles :

J. A. Jacquelin

Almanach des Muses 1800

Sur la page de la brochure, Paris, chez Fages, an VII :

Jean Racine et ses enfans. Comédie en un acte et en prose, mêlée de Vaudevilles. Par J. A. Jacquelin. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Jeunes Artistes rue de Bondy, le 2 floréal an VII, correspondant au 21 avril 1699, jour de la mort de Racine.

Courrier des spectacles, n° 791 du 4 floréal an 7 [23 avril 1799], p. 2 :

[Le Courrier des spectacles consacre à cette pièce jouée à l’occasion du centenaire de la mort de Racine un article qui n’a pas dû être relu, tant il fourmille de coquilles. Le compte rendu se limite à une anecdote, la réception de Phèdre, d’abord sifflée, puis triomphant à la seconde représentation. Occasion de voir les grands hommes du temps, Boileau, Racine, l’acteur Baron. Par contre, le critique ne parle pas de Racine avec ses enfants, qui est pourtant ce que promet le titre. La pièce a connu le succès, plusieurs couplets ont été applaudis, et l’auteur a été demandé et a même paru.]

Théâtre des Jeunes Artistes

Présenter Racine au milieu de sa famille, payer un tribut d’admiration à ce grand poëte, critiqué des uns, admiré des autres, tel fut le but de l’auteur de la comédie anecdotique, donnée avant hier pour la première fois à ce théâtre sous le titre de Jean Racine avec ses enfans.

Nous n’entrerons pas dans le détail des diverses anecdotes de la vie, de cet homme illustres qui forment la base de cette pièce. Boileau vient le consoler de la chûte qu’a essuyée sa tragédie de phedre, mais le même jour on en donne une seconde représentation, et le célèbre Baron s’empresse de lui annoncer un plein succès. La seine [sic] ou Pradon est persifflé par racine et par Boileau, a paru semé de traits spirituels.

On a applaudit [sic] justement dans ce cadre ingénieux, plusieurs couplets saillants cl dont le fonds étoit puisé dans les réponses des hommes célébre qui paroissent dans cette pièce : on a surtout seu gré à l’auteur d’avoir saisi l’appropos [sic] de la centenaire d’un grand homme pour lui rendre hommage.

l’Auteur a été demandé et a paru au milieu des applaudissements. C’est le citoyen Jacquelin.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome IX, prairial an 7 [mai 1799], p. 190-192 :

[A l’occasion du centenaire de la mort de Racine, le critique regrette que les Comédiens Français ne soient pas en mesure de lui rendre l’hommage qu’ils lui doivent, les uns dispersés dans plusieurs théâtres, les autres « sans asile » à cause de l’incendie de l’Odéon. Heureusement, le modeste théâtre des Jeunes Artistes lui a dédié une pièce. Il se livre ensuite à l'analyse du sujet, supposé se situer après l’échec de Phèdre : c’est l’occasion de faire une leçon d’histoire littéraire (à la mode du temps, en reprenant tous les traits traditionnels du caractère de Racine). Le compte rendu paraît positif, la pièce a connu le succès, le public a vivement réagi aux divers traits « qui caractérisoi[en]t le grand homme ». Il comporte pourtant de sérieuses réticences : faible utilisation de l’opposition de caractère entre Racine et Boileau, Pradon proie trop facile « pour ces esprits supérieurs », une scène de mauvais goût (la souris empoisonnée par les œuvres de Pradon : c’est vrai que la blague est un peu facile !). Et puis, les couplets sont rédigés de façon négligée (presque de la « prose rimée »).]

THÉATRE DES JEUNES ARTISTES.

La Centenaire de Racine.

Les amis du théâtre devoient célébrer la journée de la centenaire de la mort de Jean Racine. Hélas ! la scène française qui lui doit tant de chefs-d'œuvres, n'a pu lui payer son tribut. Une partie des acteurs est dispersée ; l'autre est sans asile, & nous avons à soupirer après le succès des soins du gouvernement pour lui rendre tout son lustre.

La mémoire de Racine n'est cependant pas restée sans hommage. Le vaudeville a renouvelé en ce jour celui qu'il lui présenta lorsqu'il voulut venir au secours d'un de ses rejetons ; & cet autre théâtre que nous avons déjà cité comme la pépinière du vaudeville, celui des jeunes artistes, a aussi essayé de nous retracer ce grand poëte dans une pièce intitulée  Jean Racine & ses enfans.

Le choix de la situation est heureux. C'est celle où Racine, accablé par la chute de l'ouvrage qu'il affectionnoit le plus, sa Phèdre, & par le succès de celle de Pradon, prend la résolution de ne plus travailler & de vivre au sein de sa famille. Il voit avec intérêt les premiers essais de son fils Louis Racine dans l'art des vers, & lui donne l'utile avis de quitter cette carrière ingrate. Boileau vient consoler son ami, l'engage à mépriser les pamphlets dont on l'accable, & le sonnet fameux de madame Deshoulières qu'on lui a adressé. Lui - même cependant se met en fureur à la lecture du triolet non moins connu, où il est traité de chasse-coquin du Parnasse. Pradon paroît aussi & vient faire part à Racine de la mort de Corneille & du choix que l'académie a fait de lui pour son directeur. Tout fier du succès que lui valut une cabale, Pradon annonce son Germanicus, & le doux Racine ne peut retenir les vers critiques où il dit, en parlant du héros romain, qu'il ne manquoit à sa misère que dire chanté par Pradon. La plaisanterie devient plus forte, lorsque le jeune Racine apporte une souris qu'il a prise dans la bibliothèque, & qui meurt subitement pour avoir rongé un volume de Pradon. Enfin l'arrivée de Baron, qui apprend à Racine le succès complet de son ouvrage à la seconde représentation qui en a été donnée le soir même, ramène le calme dans l'esprit du poëte. Il jouit de son talent ; mais bientôt, cédant aux affections de la nature, il refuse un souper à l'hôtel de Rambouillet, pour prendre avec ses amis celui préparé par sa famille.

Le succès de cet ouvrage a été complet, & c'étoit une véritable jouissance pour les amis des arts, de voir l'enthousiasme du public au moindre trait qui caractérisoit le grand homme ; & il y en a beaucoup, nous devons le dire, mais nous ne pouvons cependant dissimuler que les scènes sont plutôt indiquées que faites ; qu'on a tiré trop peu de parti de l'opposition de caractère qui existoit entre Racine & Boileau ; que Pradon est un jouet trop facile pour ces esprits supérieurs, & qu'il n'a rien de l'arrogance d'un mauvais poëte qui a réussi. En avouant que la scène de la souris est heureuse, nous observerons qu'en lui donnant le livre de Pradon, comme de la Mort aux rats, on est tombé dans le mauvais goût pour avoir voulu forcer la plaisanterie. Nous ajouterons à ces observations que nous faisons à l'auteur, le C. Jacquelin, avec d'autant plus de plaisir, qu'il donne plus d'espérance, que les couplets sont généralement d'un style lâche & presqu'en prose rimée, & que pour vouloir trop dire, plusieurs manquent de trait.

D'après la base César, 26 représentations au Théâtre des Jeunes Artistes, du 21 avril (centenaire de la mort de Racine) au 14 octobre 1799.

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