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La Jeunesse de Préville, ou les Comédiens de campagne

La Jeunesse de Préville, ou les Comédiens de campagne, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, par MM*** [Dupré de Saint-Maur], 18 mai 1809

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Jeunesse de Préville (la), ou les Comédiens de campagne

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

18 mai 1809

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. *** (Dupré de Saint-Maur)

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1809 :

La Jeunesse de Préville, ou les Comédiens de campagne, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles ; Par MM***. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 18 Mai 1809.

La Bibliothèque de Soleinne, tome III (Paris, 1844), p. 196, donne comme nom d’auteur (unique) Dupré de Saint Maur. Le catalogue général de la BNF l'appelle Dupré de Saint-Maure.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome III, p. 160 :

[Compte rendu peu chaleureux envers une pièce qui se limite à « des scènes agréables, des couplets gracieux », qu’on attribue plutôt à un mondain qu’à un dramaturge. Ce qui la fait se soutenir (ce n’est pas réussir) est plutôt accessoire.]

La Jeunesse de Préville, vaudeville en un acte, joué le 18 mai.

Ce tableau peut tenir place dans la galerie du Vaudeville. Des scènes agréables, des couplets gracieux, annoncent plutôt la facture d'un homme du monde que celle d'un auteur de profession.

Quelques intentions prises dans le Roman Comique, et le nom de Préville, cher aux amateurs de la comédie, ont soutenu ce léger ouvrage dont l'auteur a gardé l'anonyme.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1809, tome VII (juillet 1809), p. 287-292 :

[Un point important : la première a été l’occasion de célébrer al gloire de l’empereur, à travers la lecture d’un communiqué de victoire. Lecture qui a fait un peu d’ombre à la pièce... De toute façon, elle est d’un intérêt limité, avec une intrigue très limitée, que le nom de Préville (un acteur de comédie, mort en 1799) ne sauve pas complètement, d’autant que la pièce se sert de lui sans reprendre des faits réels de sa vie. Ce détournement de célébrité n’a pas vraiment l’agrément du critique, qui juge assez sévèrement ce choix arbitraire. L’intrigue est ensuite assez longuement analysée. C’est une intrigue amoureuse dans le milieu du théâtre ambulant, une troupe réduite aux dernières extrémités. Une sombre histoire d’enlèvement s’achève par la confusion du ravisseur, et c’est bien sûr Préville qui épouse la fille du directeur de la troupe. Le public a apprécié d’abord des couplets spirituels avant de trouver l’action bien lente. Les auteurs (plusieurs ?), demandés, ne se sont pas fait connaître.]

La Jeunesse de Préville.

Si, suivant le précepte de Boileau, il ne faut pas imiter

                 Ces froids panégyristes
Qui, peignant d'un héros les progrès éclatans.
Maigres historiens suivront l'ordre des temps,

on nous permettra d'anticiper un peu sur les faits pour en venir sur-le-champ à la scène la plus intéressante de ce vaudeville, la lecture de l'ordre du jour de S. M. l'empereur annonçant l'entrée des Français dans Vienne. Une semblable nouvelle, les transports avec lesquels elle a été reçue, témoignés par les applaudissemens les plus vifs et les plus prolongés, auront pu faire oublier un peu ce qui a précédé, et faire paraître un peu froid ce qui a suivi. On ne se plaindra pas du défaut d'intérêt de la représentation, mais on pourra trouver qu'il en a manqué un peu à la piéce, et ce ne sera peut-être pas tout-à-fait la faute de l'interruption. J'entends bien que, lorsqu'on n'a à nous présenter que l'intrigue d'un jeune comédien de province pour épouser la fille de son directeur, écarter des rivaux et obtenir un ordre de début à Paris, on aime à s'appuyer d'un nom connu, pour épargner, sur la dépense de gaieté, d'imagination et de traits saillans qu'exigerait la broderie d'un fonds aussi peu relevé. Mais, cependant si on donne à ce jeune comédien le nom de Préville, et qu'on lui attribue des aventures qui n'aient aucun rapport à la vie de cet acteur ; si rien ensuite, dans le caractère qu'on lui donne, n'est particulier à Préville, on se demande pourquoi l'appeller Préville plutôt que Chanville, ou tel autre acteur que nous savons avoir débuté à Paris, sans ceux que nous ne savons pas. Il faut convenir qu'un héros inconnu serait bien plus facile à manier,

Et le plaisant projet d'un poëte ignorant
Qui de tant de héros va choisir Childebrand,

me paraît beaucoup moins imprudent que ne le serait celui de l'auteur qui choisirait Alexandre ou César pour en faire des Anglais ou des Français, et ne leur rien donner qui appartînt en propre â leur caractère. Le Préville du Vaudeville a de l'esprit ; mais comme c'est celui des auteurs, ils auraient pu le donner également à tout autre ; il chante de jolis couplets ; mais de jolis couplets vont bien à tout le monde et sont bien reçus sous tous les noms. Des couplets de vaudeville s'adaptent aussi également bien à diverses sortes d'actions ; et puisque les auteurs avaient le choix, ils auraient bien fait d'en choisir une plus vive.

M. l'Ambulant, directeur d'une troupe de province, dans laquelle joue le jeune Préville, se trouve, ainsi que sa troupe, malgré les talens de son jeune sociétaire, dans un état si piteux, qu'ils sont bien près de mériter l'épitaphe que leur destine Préville :

Ci git la troupe comique
Du directeur l'Ambulant ;
Qui, sans cesse famélique,
Ne dînait que rarement.
Cette disette effroyable
A tel point parvint enfin,
Qu'un jour, en sortant de table,
La troupe mourut de faim.

On voit que Préville est disposé à tout prendre gaîment ; il a bien de quoi se tenir en joie ; comédien sans argent, amoureux presque sans espérance, s'il était possible qu'un amoureux s'en passât, il a du moins une consolation, c'est qu'ayant beaucoup de chagrins, il en change du moins, car ils ne sont pas longs,

Et que jamais au lendemain
Il ne redit les soucis de la veille.

Il est cependant un peu inquiet de l'amour de M. de Fatenville, riche bourgeois de la ville, que son perruquier appelle M. le marquis, et qui tâche de faire croire à M. l'Ambulant qu'il veut épouser sa fille Aline, afin d'avoir le temps de persuader à la jeune personne toute autre chose. Préville, pour déjouer ses projets, se fait son confident ainsi que celui de Tragicourt, amoureux d'Aline et le père noble de la troupe, un peu fier de penser qu'il n'y a peut-être pas un des bons acteurs de Paris qui fasse comme lui

Le même soir Abner dans Athalie,
    Et Petit-Jean dans les Plaideurs. .

Fatenville n'ayant pu persuader à Aline de le suivre, se dispose à l'enlever par le conseil de Préville, qui ne sera pas fâché de faire connaître par-là à M. l'Ambulant les intentions de son rival ; seulement il prie Fatenville de lui permettre de se borner au conseil. Celui-ci choisit, pour l'aider dans l'exécution, le perruquier Giliac, Gascon, assez drôle de corps, perruquier de la troupe, qu'il sert aussi par ses talens dramatiques, faisant le coup de poignard aussi bien que le coup de peigne, et remplaçant dans l'occasion les acteurs malades, depuis les tyrans jusqu'au moucheur de chandelles inclusivement. Il consent à se prêter au projet de Fatenville, quoiqu'un enlèvement lui ait paru d'abord quelque chose de bien grave, et qu'il ne soit que médiocrement rassuré par la promesse que lui a fait Fatenville, sur son honneur, d'épouser Aline ; le barbier Giliac a fait la barbe à trop de gens pour croire à l'honneur de tout le monde, et il a cependant tellement entendu parler d'honneur à tout propos, qu'il est d'avis

Que, lorsque l'honneur court les rues,
On n'en voit plus dans les maisons.

Aussi lorsque Préville, qui sait en gros les projets de Fatenville, vient presser Giliac pour en savoir les détails, celui-ci ne se fait pas trop prier, d'autant plus que, comparant les projets de Fatenville avec ses dons,

Il a trouvé la bourse si légère,
    Que le secret pèse à son cœur.

Cependant approche le moment de la représentation qui doit décider si la troupe mourra ou non réellement de faim ; aucun des acteurs n'est à son poste ; M. l'Ambulant se désole ; on vient lui annoncer un grand malheur. Le feu a-t-il pris à la salle, ou se serait-elle écroulée, demande-t-il ? — C'est bien pis encore,

Quoi ! serait-ce que le parterre
Nous force à rendre son argent ?

C'est tout simplement l'enlèvement d'Aline, qui arrive au même instant, conduite par Tragicourt, vêtu en Abner et l'épée à la main. La belle enlevée se dévoile, et on voit à la place d'Aline paraître Préville qui s'était mis à sa place, et qui, sans les prouesses de Tragicourt qui l'a délivré, se serait fait conduire chez Fatenville. L'Ambulant, enchanté, du service que lui a rendu Préville, hésite d'autant moins à lui donner sa fille, qu'il vient de recevoir l'ordre de débuter à Paris.

Le public a vivement applaudi d'abord des couplets spirituels, il en a même fait répéter quelques-uns ; il s'est ensuite refroidi en avançant dans l'action qui n'avançait guères. Les auteurs ont pour tant été demandés, mais ils ont désiré garder l'anonyme.

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