La Jolie parfumeuse ou la Robe du conseiller

La Jolie parfumeuse ou la Robe du conseiller, vaudeville en un acte de Lebrun-Tossa et Bonel, 13 brumaire an 10 [4 novembre 1801].

Théâtre Montansier-Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an 10 :

La Jolie parfumeuse ou la Robe du conseiller, vaudeville en un acte ; Par les Citoyens Lebrun-Tossa et Bonel. Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre Montansier-Variétés, le 13 brumaire an 10.

Courrier des spectacles, n° 1710 du 14 brumaire an 10 [5 novembre 1801], p. 2 :

[Le début de l'article tend à souligner les difficultés que la pièce (qui se voit attribuer un titre différent de celui de la brochure et de l'annonce de la première faite dans le Courrier de la veille) a eues d'arriver à la fin et d'échapper à la chute : en conditionnant le chant d'un vrai couplet d'annonce aux applaudissements de la fin, les auteurs ont pris bien des risques (on peut aussi plus simplement penser qu'il devient difficile de faire naître la curiosité des spectateurs avant la pièce). « Sujet […] un peu leste, […] situations trop libres », la pièce n'a dû son salut qu'à « des scènes véritablement comiques » mais peut-être pas très originales, et à « de jolis couplets » (une fois de plus). Le résumé de l'intrigue en souligne le caractère convenu : un officier qui tente de séduire une femme sous le toit de celle qui « recherche sa conquête », un mari qui vient mal à propos, si bien qu'il faut user d'un travestissement qui va passer de madame à monsieur, tandis que madame réussit à quitter la maison et une situation embarrassante. Le dénouement est simple : il suffit d'assurer le mari de l'innocence de son épouse, et tout rentre dans l'ordre. Pour sauver la pièce, le critique invite les auteurs à « retrancher ce qui a été improuvé par le public » : il s'agit de « faire des sacrifices » salutaires. Les interprètes sont nommés : « ils ont rendu cette pièce avec ensemble ». Les auteurs ne sont pas nommés, eux.

Les Souliers mordorés ou La Cordonnière allemande est une comédie lyrique en deux actes, de Charles-Alexandre Leblanc de Ferrière (ou de son fils Alexandre), musique de Frizeri, représentée pour la première fois sur le théâtre des Comédiens-Italiens ordinaires du Roi, le 11 janvier 1776.]

Théâtre Montansier.

Il faut faire un couplet d'annonce
Et le titre n’y prête pas ;
Mais il est tems que l’on renonce
A cet usage en pareil cas.
Un couplet malgré sa finesse
Ne peut assurer un succès :
Applaudissez d'abord la pièce,
Et nous le chanterons après.

Tel est le couplet d’annonce de la Robe de conseiller, ou la belle parfumeuse, vaudeville en un acte, dont la première représentation eut lieu hier. Cette pièce a éprouvé bien des obstacles avant d’arriver à la fin. Le sujet en est un peu leste ; quelques situations trop libres ont prêté à la censure, mais des scènes véritablement comiques, quoiqu’en partie imitées des Souliers mondorés [sic] et de jolis couplets, ont enfin fait pencher la balance, et les applaudissemens ont étouffé les sifflets.

Un officier de dragons est logé à Strasbourg chez un Conseiller, son cousin, dont la femme déjà sur le retour, recherche sa conquête. Lejeune homme, peu sensible à son ridicule amour, a vu dans la ville une jolie parfumeuse, mad. Spitt, dont le mari, vieux et jaloux, déteste les militaires et sur-tout les dragons. Cette jeune dame vient apporter des marchandises chez le Conseiller, qui est occupé dans ce moment à continuer Puffeudorff, et dont la femme est à sa toilette. Le valet de l’officier lui dit :

Air   .   .   .   .   .

Une femme vieille et coquette
N’est jamais prompte à se parer ;
Votre cousine à sa toilette
A des charmes à réparer.
Nous la voyons dans sa folie,
Craignant d’inspirer la pitié,
Passer la moitié de sa vie
A déguiser l’autre moitié.

Le valet annonce madame Spitt. L’officier, afin de ne pas l’effaroucher, se couvre d’une robe de Conseiller qu’il a sous la main, et la reçoit sous ce déguisement. Bientôt, eu lui peignant son mari comme un vieux jaloux, il saisit une main, dérobe un baiser. Dans cet instant, M. Spitt monte l’escalier, apportant des parfumeries. Le valet accourt, l’officier n’a que le tems de jetter la robe sur les épaules de la dame, et de lui couvrir la figure d’un masque. Le mari, qui ne soupçonne guères sa femme d’être si près, raille le masque inconnu, et lorsque le jeune homme a fait diverses emplettes dans ses cartons, il essaie des gants à sa femme, etc. Il s’agit pourtant de la faire sortir. Le mari complaisant consent à ne pas la regarder : elle quitte la robe, le masque, et fuit ; mais autre incident : le portier a la consigne de ne laisser sortir personne. Le valet met mad. Spitt en sûreté. Le Conseiller et sa femme arrivent et veulent surprendre le beau masque. C’est M. Spitt lui-même qui a pris la place de l’inconnue, à la sollicitation de l’officier. Enfin il se découvre : on cherche la belle inconnue, et M. Spitt trouve sa femme. Il n’est pas trop content de cette rencontre, mais enfin l’officier l’assure de son innocence et tout finit là.   .   .   .   .

Que les auteurs ne craignent pas de retrancher ce qui a été improuvé par le public, et leur ouvrage sera vu avec plaisir, mais il faut faire des sacrifices.

Les citoyens Bosquier-Gavaudan , Dubois et Valcour, et mesdames Mangozzi et Barroyer ont rendu cette pièce avec ensemble.

Une petite hésitation sur le titre : la Robe du conseiller, la Robe de conseiller ?

Le succès de la pièce a été assez durable : elle se joue encore en 1805, et même le 16 janvier 1807. Les sacrifices demandés par le critique du Courrier des spectacles n'ont pas été vains.

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