La Journée aux enlèvemens

La Journée aux enlèvemens, vaudeville en deux actes, puis un acte, de Sewrin et Chazet, 6 avril 1807.

Théâtre des Variétés-Panorama.

La brochure et le Courrier des spectacles parlent d'une pièce en deux actes, mais les mentions suivantes parlent d'une pièce en un acte.

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Cavanagh, 1807 :

La Journée aux enlèvemens, comédie, en deux actes et en prose, mêlée de vaudevilles ; Par MM. Sewrin et Chazet, Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés-Montansier, à la Cité, le 6 avril 1807.

Courrier des spectacles, n° 3709, du 7 avril 1807, p. 2 :

La Journée aux enlèvemens s’est terminée hier d’une manière très-agréable pour les auteurs. Ce vaudeville en deux actes a obtenu un joli succès ; il est des auteurs des Innocens.

Courrier des spectacles, n° 3710, du 8 avril 1807, p. 2-3 :

[Après le court article de la veille, c’est une analyse en bonne et due forme que le critique propose. Il souligne d’abord la qualité d’une pièce due à des auteurs expérimentés, qui ont su cacher qu’ils utilisent un fonds usé dans une intrigue compliquée et obscure par de nombreux couplets « dont plusieurs ont été vivement applaudis ». L'essentiel de l’article est justement consacré à un résumé précis de cette intrigue, qui confirme combien elle est chargée et compliquée. Encore une histoire de jeune fille qu’un jeune homme tombé amoureux veut épouser. Mais les obstacles se multiplient devant lui, et les auteurs n’ont pas craint de recourir à maints procédés usés (le travestissement du jeune homme n’est pas d’une grande vraisemblance, mais le critique s’abstient de le souligner). Comme d e juste, le jeune homme triomphe de tous les obstacles et obtient la main de sa bien aimée, malgré la convoitise du seigneur Malfrédi et de son neveu. Intrigue aux multiples incidents donc, fort bien interprétée. Mais le critique propose de « limer » certaines scènes. La pièce nouvelle réussira, mais n’aura pas le succès qu’a connu la Famille des innocents, des mêmes auteurs. Et l’article s’achève, un peu hors sujet, sur des nouvelles d’un acteur du Théâtre de la Cité, bien qu’il ne joue pas dans la pièce : finalement, il n’est pas parti en province, comme le Courrier l’a annoncé l’avant-veille.]

Théâtre de la Cité-Variétés.

La Journée aux Enlèvemens.

Les auteurs de ce vaudeville ont fait preuve à-la-fois d’imagination, d’adresse et d'esprit. Ils ont conçu une fable agréable, se sont jetés dans une intrigue piquante, d’où ils se sont tirés habilement ; et pour cacher ce que le fonds pouvoit avoir d’usé et l'intrigue d’obscur, ils y ont semé beaucoup de couplets,. On ne peut se dissimuler que le plan ne soit trop chargé pour un vaudeville ; il y a trop d’aventures, elles formeroient presque un roman entier, si elles étoient développées. Voici le sujet :

Le jeune Valerio a rencontré dans un bal à Venise une jolie dame qui étoit accompagnée d’un vieillard, il en est devenu éperduement amoureux. Il apprend qu'elle se nomme Elisa, qu’elle est veuve, et que le vieillard à qui elle donne le bras est le seigneur Malfrédi. Elisa a remarqué Valerio- et plus de doute qu’il ne soit aimé. Tout son espoir est donc de la revoir, de lui parler et de l’épouser ; mais comment y parvenir ? Malfrédi vient de partir pour sa campagne ; il a emmené Elisa qu'il se propose de prendre pour femme, Valerio se met en route. A quelque distance de la ville, des hommes inconnue l’arrêtent ; on le prend, à cause de la ressemblance, pour la dame Emilie Serbellona, vieille fille romanesque qui vient de s’échapper de la maison de son frère ; et dans cette persuasion, on le force de prendre des habits de femme. C’est dans cet accoutrement, qu’on le conduit au château voisin, qui -est précisément celui du seigneur Malfrédi. Durant ce tems, le jeune Corsini, neveu de ce dernier, connaissant l’amour de son oncle pour la veuve, et voulant la lui enlever, vient de nuit, avec un domestique, roder près du château. Une chaise de poste est toute prête. Il n’attend plus qu’Elisa, et il la fait prévenir de son arrivée par son valet qui s’introduit dans l'appartement à l’aide d’une échelle de cordes et sous le costume d'hermite. Il est chargé de remettre une lettre à Elisa, c’est Valerio qui la reçoit ; ses habits de femme n’inspirent pas la moindre défiance au valet, qui le prend pour une Duègne. Valerio profite de l’occasion ; l’échelle de cordes favorise sa fuite et celle d’Elisa, il court avec elle à la chaise de poste ; mais Corsini est là ; un duel s’engage ; personne n’est blessé ; les gens du château accourent au bruit des pistolets ; ils arrêtent les deux jeunes gens, et les ramènent devant Malfrédi. Celui-ci veut faire valoir ses droits sur Elisa ; il s’appuie sur un testament de l’époux de cette jeune femme qui, en mourant, lui a laissé tous droits sur ses biens et sur sa personne, avec la clause néanmoins que si elle vouloit se remarier, il ne contrarieroit pas son inclination. Corsini oppose cette clause à toutes les observations de son oncle, qui finit par s’en rapporter au choix d’Elisa. Elle donne la préférence à Valerio.

Les incidens, comme on le voit par cette analyse, se succèdent rapidement dans ce vaudeville, qui est joué d’une manière très-agréable par MM. Dubois, Aubertin, Cazot et Joli, et par mesdames Mengozzi et Barroyer ; cependant quelques scènes demanderont à être un peu limées. Les couplets sont en général tournés avec facilité. La Journée aux enlevemens ne sera pas courue autant que les Innocens, mais on la verra avec beaucoup de plaisir

Nous avons annoncé, il y a deux jours, que Tiercelin étoit parti pour la province ; cet acteur est toujours au Théâtre de la Cité, où il reçoit du public l'accueil le plus favorable, chaque fois qu’il joue, soit dans les rôles poissards et grivois, soit dans les grimes et dans les vieux baillis, où il excelle également.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l'an 1808, p. 134-135 :

La Journée Aux Enlèvemens, vaudeville en 1 acte de MM. Chazet et Sewrin (6 avril.)

Le jeune Valério a rencontré dans un bal à Venise, une jolie dame dont il est devenu éperduement amoureux. Tout son espoir est de la revoir, de lui parler et de l'épouser. Il a appris que la jolie dame est veuve, qu'elle se nomme Élisa, et qu'elle doit épouser le seigneur Malfredi, à qui son mari a laissé en mourant tous ses droits sur ses biens et sur sa personne. Ce Malfredi est un vieillard dont Valério se promet d'avoir bon marché ; il sait que Malfredi vient d'emmener Elisa à sa campagne, il se met en route pour les rejoindre ; mais à quelque distance il est arrêté, à cause de sa ressemblance avec la dame Emilie Serbellonna, vieille fille romanesque, qui vient de s'éclipser de chez son frère. Dans cette persuasion, on lui fait prendre des habits de femme, et, dans cet accoutrement, on le conduit au château voisin, qui est précisément celui du seigneur Malfredi. Pendant ce tems, Corsini, neveu de ce dernier, connaissant l'amour de sou oncle pour la belle veuve, et voulant la lui enlever, vient de nuit avec un domestique. Tout est préparé : il fait prévenir Elisa de son arrivée ; mais sa lettre tombe entre les mains de Valério, dont le costume de femme n'inspire aucune crainte au valet. Valério profite de l'occasion ; mais Corsini est là, un duel s'engage ; les gens du château accourent au bruit des pistolets, on arrête les jeunes gens, et on les amène devant Malfredi. Celui-ci veut faire valoir ses droits sur Elisa ; mais il finit par s'en rapporter au choix d'Elisa, qui donne la préférence à Valério.

Beaucoup d'incidens amenés avec adresse, et des couplets en général bien tournés, ont décidé du succès de ce vaudeville.

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