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Le Jour des Noces, ou l'Enlèvement

Le Jour des Noces, ou l'Enlèvement, ballet-pantomime en 4 actes, de Charles Taglioni père, 6 messidor an 8 [25 juin 1800].

Théâtre de la Gaîté

Almanach des Muses 1801

Courrier des spectacles, n° 1209 du 7 messidor an 8 [26 juin 1800], p. 2 :

[A ce ballet il ne manque que de montrer quelque chose de neuf : il est bien dessiné, bien exécuté, les costumes et les décorations sont de qualité, il montre combats et évolutions, mais il est totalement dénué de nouveauté. C’est le résumé de l’intrigue qui est censé nous le montrer, une de ces éternelles histoires de jeune fille enlevée le jour de ses noces, et que son tout récent mari délivre. De plus, la brutalité de certains détails est de nature à choquer et à révolter le public sans l’intéresser : on peut les supprimer « sans nuire à la pièce ». Les danseurs sont chaudement félicités, avant que le critique ne précise que c’est d’ailleurs pour mettre leur talent en avant, plus que pour raconter une histoire, que le ballet a été conçu.]

Théâtre de la Gaîté.

Des ballets bien dessinés, bien exécutés, des costumes frais, des décorations pittoresques, des combats, des évolutions, et dans tout cela rien de neuf, voilà le jugement que l’on peut porter sur le ballet-pantomime en quatre actes donné hier à ce théâtre sous le titre de l’Enlèvement, ou 1e Jour de nôces, par le cit. Charles Taglioni père.

Essayons de donner une idée de cet ouvrage :

Lubino est sur le point d’épouser Susanna, fille d’Elvina, et déjà les deux amans unis par la mère font les préparatifs de, leurs nôces. Les danses sont tout-à-coup suspendues par l’arrivée, d’une troupe de brigands, dont le chef, nommé Guglielmo, est frappé de la beauté de Susanna et en devient sur-le-champ éperduement amoureux. Il accepte l’offre qu’on lui fait de l’hospitalité, et dans le repas de noces, il boit à la santé des nouveaux époux. Cependant pressé par la nuit, il quitte le village dans l’intention de revenir bientôt.

En effet, à la faveur des ténèbres, il escalade les murs de la maison , pénètre jusqu’à la chambre de Susanna, qu’il en arrache avec violence et qu’il emmène vers les lieux qui lui servent de retraite. Là, il est poursuivi par les paysans, à la tète desquels Lubino, armé d’un fusil, atteint Guglielmo et le tue au moment où il précipite Susanna dans les eaux. Lubino la sauve et la ra mène vivante dans les bras de sa mère. Un général arrive sur ces entrefaites ; il fait saisir les brigands, et conduit dans son camp les jeunes époux et les villageois, qui célèbrent la nôce avec sécurité.

On voit qu’en avançant qu’il n’y a voit rien de neuf, nous n’avons dit que l’exacte vérité. On a vu dans presque toutes les pantomimes des filles enlevées, persécutées, résistant avec fermeté à leurs ravisseurs, et rendues enfin à leurs amans. Celle-ci offre même encore, comme tant d’autres des détails qui répugnent à la vue, par exemple ces momens de brutalité de Gugliemo, qui deux ou trois fois jette violemment à terre sa victime suppliante. Cela révolte et n’intéresse que foiblement. On peut les retrancher sans nuire à la pièce, qui est d’ailleurs une des mieux montées que l’on ait vues depuis long-tems sur ces théâtres.

Mademoiselle Caroline et le jeune Duport ont charmé par leur grâce et leur aplomb. Le cit. Gaston par sa danse hardie, gaie, vive et animée, a infiniment amusé les spectateurs. Enfin c’est moins une pantomime qu’un joli cadre destiné à faire briller les talens des danseurs que nous venons de citer.

F. J. B. P. G ***.

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