Les Jeunes Amis

Les Jeunes Amis, comédie en trois actes, en prose, de Joseph-François Souques, 20 février 1811.

Théâtre Français.

Titre :

Jeunes amis (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

20 février 1811

Théâtre :

Théâtre Français

Auteur(s) des paroles :

Joseph-François Souque

Almanach des Muses 1812.

Une seule représentation.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 16e année, 1811, tome I, p. 401 :

[Inutile de s’attarder, puisque la pièce n’a « obtenu aucun succès ».]

THÉATRE FRANÇAIS.

Les Jeunes Amis, comédie en trois actes et en prose, jouée le 20 février.

Cette pièce n'ayant obtenu aucun succès, nous nous dispenserons de l'analyser.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1811, tome III (mars 1811), p. 270-275 :

[Mise en garde initiale : il n’est pas facile de rendre compte d’une pièce dont la représentation a été perturbée, ce qui est le cas de ces Deux jeunes Amis. On peut ensuite passer à l’analyse du sujet. Il s’agit d’une histoire d’amitié entre deux jeunes gens « d’un caractère très-opposé », dont « tous les projets sont communs ». L’un est amoureux , l’autre décide de tout faire pour qu’il épouse celle qu’il aime et monte toute une intrigue dans ce but, lui-même trouvant bien des charmes à la cousine de la jeune fille. Bien sûr, le mariage est d’abord refusé, et la situation des personnages était bien dégradée, quand l’ambiance de la salle a suivi la même pente : « les improbations sont devenues d'une telle force, que la représentation déjà suspendue, et ensuite reprise, n'a pas été achevée » si bien qu’on estr éduit à des conjectures sur le dénouement (le critique propose sa propre version...). Le jugement porté sur la pièce est impitoyable : d’abord, pourquoi une pièce sur un sujet si mince, situé dans une société bourgeoise, que le critique paraît juger indigne de paraître sur une scène ? S’il faut respecter la vérité dans les caractères « et la marche des passions », il faut aussi pimenter l’intrigue (« animer la scène ») de « quelques aventures qui excitent du moins la curiosité du spectateur et la tienne en haleine ». Les caractères « ne sont pas non plus d'un dessin bien hardi » : aucun ne trouve grâce aux yeux d’un critique bien exigeant, et les mots péjoratifs abondent. Trop de « digressions fort longues, et fort étrangères au sujet », en particulier sur l’amitié. La pièce a subi un assaut très vigoureux, mais il semble que l’auteur n’a guère travaillé sa pièce, et il lui faudra se consoler de son échec. Les acteurs ont fait de leur mieux (et les actrices se sont contentées d’être Belle et Blanche).]

Les Deux Jeunes Amis, comédie eu trois actes et en prose.

Dans des représentations un peu tumultueuses, il serait plus aisé de parler des scènes du parterre que des mouvement du théâtre. C'est ce qui doit arriver à tout ouvrage qui sera comme celui-ci, écouté avec impatience et jugé avec précipitation. Il faut donc lire avec quelque indulgence le compte un peu confus que le censeur est obligé de rendre en telles circonstances.

Les deux jeunes amis, Carle et Félix, d'un caractère très-opposé, mais unis d'un sentiment également affectueux, logent à l'Estrapade, pour être dans la voisinage de leurs études de droit. Félix, léger, étourdi, dissipé, ne respire que bals, concerts et plaisirs bruyans ; Carle, plus calme, plus réfléchi, s'est épris, en passant sur le Boulevart-Neuf, d'une jeune beauté à laquelle il n'a parlé qu'une fois, et n'ose pas encore écrire. Tous les projets sont communs entre les deux amis, jusqu'au point de composer pour le prix de l'académie française, en changeant mutuellement de nom, afin de pouvoir contribuer à la gloire l'un de l'autre. Félix s'est mis en tête de faire réussir le mariage de son ami, par le moyen d'un certain peintre, nommé Urbino, qui loge dans la même maison qu'eux, et en s'introduisant, comme musicien, chez l'oncle de la belle, qui est aussi son tuteur, et qui se nomme Gandolfe. Cet homme a aussi une fille très-aimable et fort jolie : les deux cousines s'appellent Belle et Blanche ; et comme les deux amis se sont promis autrefois de n'épouser que les deux sœurs, Félix retrouve le même avantage à peu-près dans l'union qu'il médite avec les deux cousines du Boulevart-Neuf ; il a dressé ses batteries en conséquence. Urbino a des liaisons avec Gandolfe, qui vient le voir. Urbino lui parle de ses deux voisins, lui inspire l'envie de les inviter à venir faire de la musique avec Belle et Blanche ; ce qui est accepté aussitôt sans aucune réflexion.

Le deuxième acte et le reste de la pièce se passent dans la maison de Gandolfe. L'entreprenant Félix arrive le premier ; il est charmé de voir les deux jeunes personnes. La fille lui convient assez ; mais comme il est encore plus occupé du bonheur de son ami, c'est à la nièce qu'il s'adresse d'abord pour obtenir son aveu en faveur de Carle. Il a plus fait encore : il a été trouver sa mère, qu'il a engagée dans ses intérêts, et qui vient proposer à Gandolfe le double mariage. Gandolfe est très flatté du parti de Félix pour sa fille, parce qu'il est très riche ; mais il refuse Carle pour sa nièce, parce que celui-ci n'a rien. Les choses sont à peu-près en cet état à la fin du deuxième acte.

Au troisième, Félix est désespéré du refus de l'oncle ; il ne sait que résoudre, il veut enlever la maîtresse de son ami ; mais enfin il s'arrête au généreux dessein d'avouer à Gandolfe la supercherie qu'il a employée en se présentant à lui, ainsi que son ami, comme musiciens. Urbino veut le détourner de risquer cette confidence ; mais l'inconsidéré Félix n'écoute aucune remontrance. Urbino avait raison. Gandolfe se courrouce extrêmement de la supercherie. La mère revient au milieu de ces débats, etc.... On en était à ce point lorsque les improbations sont devenues d'une telle force, que la représentation déjà suspendue, et ensuite reprise, n'a pas été achevée. On présume que la nouvelle du prix de l'académie allait arriver ; que c'était Carle qui l'avait mérité, et que Gandolfe, qui a la manie de protéger les lettres et de s'y connaître, a rempli les vœux de l'amant couronné, en lui accordant sa nièce. Quant au mariage de Félix avec sa fille, il n'y avait plus d'obstacle, puisque son ami était heureux.

On ne peut nier qu'il n'y ait des intentions extrêmement louables dans cet ouvrage. Le dévouement de Félix est un peu chimérique, mais il faudrait qu'il produisit des situations un peu piquantes, et c'est ce qu'on n'a pas trouvé ici. L'intrigue est d'une simplicité. un peu bourgeoise ; et ce n'est pas la peine de se donner tant de mouvemens pour abuser de la crédulité d'un bonhomme comme M. Gandolfe, qui reçoit les premiers venus auprès de deux jeunes personnes qu'on demande de toutes parts en mariage, et pour n'offrir que le tableau très-commun des habitudes de la plus mince société. C'est dans les caractères, c'est dans la marche des passions qu'ils faut conserver l'exacte vérité ; mais il est permis d'animer la scène avec quelques aventures qui excitent du moins la curiosité du spectateur et la tienne en haleine. Les Deux Amis ne sont pas non plus d'un dessin bien hardi. Félix est un brouillon sans gaîté, et sans beaucoup d'imagination ; Carle est d'un pastoral un peu trop uniforme. On ne sait trop ce que c'est que ce Gandolfe, négociant retiré, amateur enthousiaste et maussade des beaux arts, sans doute parce qu'il loge près du Mont-Parnasse. Urbino est un intrigant fort gauche, et qui n'a certainement pas l'esprit d'un Italien qui se mêle du métier. On a cherché à savoir ce que c'était qu'un personnage joué par Barbier ; on y a renoncé, tant il a été trouvé inutile. On a été un peu fatigué de certaines digressions fort longues et fort étrangères au sujet ; telle est celle relative aux prix littéraires. Les discours sur l'amitié auraient pu également être raccourcis de moitié. Il ne faut dire à ce sujet que ce qu'on peut retenir, comme les vers du bonhomme Jean : Qu'un ami véritable, etc. Le grand point, c'est d'agir. Montaigne, à la vérité, en a écrit bien davantage ; mais il n'avait à faire ni une fable, ni une comédie.

Il est difficile de balloter une pièce plus désagréablement que celle-ci ne l'a été ; elle a été suspendue, reprise, et enfin, elle n'a pas été terminée. Il ne parait pas cependant que l'auteur se fût mis en peine de travailler son succès. Il y a des ouvrages de moindre valeur encore qu'on a soutenu avec plus d'opiniâtreté. L'écrivain, qui se montre d'ailleurs si estimable dans ses pensées, a sans doute de quoi se dédommager d'une vaine fumée de gloire, qui produit bien moins de bonheur que d'inimitiés. Au reste, les acteurs n'ont pas mis de négligence dans leurs devoirs. Armand s'est donné de la peine pour faire valoir son rôle ; c'était le meilleur, et souvent il a été applaudi. Baptiste aîné, Michelot, Thénard ne pouvaient pas faire grand chose de ceux dont ils étaient chargés. Belle et Blanche étaient représentées par M.lles Mars et Leverd ; comme elles n'avaient pas beaucoup de choses à dire, et que, d'ailleurs, le bruit a empêché de les entendre, on s'est borné au plaisir de les voir soutenir avec tant d'éclat, le nom qu'on leur avait donné.                  D....s.

D’après les Documents historiques sur la Comédie Française pendant le règne de S.M. l’Empereur Napoléon Ier, d’Eugéne Laugier, p. 182, la pièce n’a pas été achevée.

D’après la base La Grange de la Comédie Française, la pièce intitulée les Jeunes amis, comédie en trois actes en prose, de Joseph-François Souques, n’a connu qu’une représentation, le 20 février 1811.

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