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Kallick-Fergus, ou les Génies des isles Hébrides

Kallick-Fergus, ou les Génies des isles Hébrides, mélodrame-féerie en trois actes, de J.-G.-A. Cuvelier, musique de P.-J. Dreuil, ballets de Borda, 16 nivôse an 11 [6 janvier 1803].

Théâtre de la Gaîté

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, se vend au théâtre de la gaîté, an 11 – 1803 :

Kallick-Fergus, ou les Génies des isles Hébrides, mélodrame-féerie en trois actes, à grand spectacle. Par J.-G.-A. Cuvelier, aasocié correspondant de la société Philotechnique. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de la Gaîté, le 16 nivôse an XI.

Courrier des spectacles, n° 2133 du 17 nivôse an 11 [7 janvier 1803], p. 2-3 :

[Compte rendu élogieux d'un mélodrame féerie, sans combats ni tapage, mais avec une action toujours rapide. Tout est de qualité : costumes, déc ors, intrigue, divertissements. Le seul reproche, la médiocre prestation des danseurs, alors que les danseuses ont été excellentes. Les auteurs ont été nommés, paroles, musique, danse.]

Théâtre de la Gaîté.

Première représentation de Kallick-Fergus.

Depuis long-tems ce théâtre n’étoit pas heureux en nouveautés, mais il vient de prouver qu’il peut aussi donner de bons ouvrages dans le genre adopté aux boulevards. Kallick-Fergus en est la preuve, et ce mélodrame-féerie est le plus brillant-et en même tems le plus intéressant de ce théâtre, quoiqu’il soit fort rare de voir de l’intérêt dans les féeries.

Des costumes bien soignés, des décorations neuves et pittoresques, des coups de théâtre et des situations du plus grand effet, tout a contribué à la réussite complette de cette piece. Il est malheureux que la salle soit trop étroite pour ces sortes d’ouvrages, qui exigent de la pompe. Néanmoins les changemens se sont fait s avec beaucoup d’ensemble et de célérité, et l’œil du spectateur a été satisfait.

Nous ne pouvons qu’applaudir à l’intelligence de celui qui a présidé à la mise de ce mélodrame, qui doit attirer du monde, et réparer les pertes que d’autres pantomimes ont fait essuyer à l’administration.

Plusieurs fois l’exécution a été suivie d’applaudissemens universels, et un esprit fort qui étoit près de nous, et qui d’abord dédaignoit de regarder la pièce, et qui avoit la bonté de dire que cela ne valoit pas le plus mauvais ouvrage du Théâtre Français (plaisante comparaison !) a été forcé de joindre son suffrage à ceux du public.

Il n’y a point de combats, point de tapage, mais situations sur situations ; l’action marche toujours et rapidement, et chaque acte bien rempli devient tour-à-tour plus intéressant.

Les divertissemens sont dessinés avec goût ; l’exécution cependant auroit pu être melleure, sur-tout de la part des danseurs, car les danseuses se sont surpassées.

Les auteurs ont été vivement demandés ; on est venu nommer le cit. Cuvelier pour le mélodrame, le cit. Dreuil pour la musique, et le cit. Borda pour les ballets.

Nous sommes forcés de renvoyer à demain l’analyse de cet ouvrage.

Courrier des spectacles, n° 2134 du 18 nivôse an 11 [8 janvier 1803], p. 2-3 :

[L'analyse promise la veille. Le critique résume d'abord l'intrigue, construite autour d'un frère cruel, qui s'est emparé du pouvoir et veut éliminer tous ceux qui peuvent s'opposer à lui. On voit donc défiler les situations habituelles dans ce genre de pièce : une femme déguisée en barde, réfugiée chez un druide, un anneau magique, symbole du pouvoir royal, et une intervention surnaturelle qui amène la perte de celui qui voulait la mort de tous. Cette fin est comparée à celle du Festin de pierre en 1803, on ne connaît le Don Juan de Molière que sous sa forme modifiée par Thomas Corneille). Mais cet emprunt est jugé secondaire, les théâtres du boulevard disposant d'une certaine liberté dans ces emprunts : « on n'en fait pas un crime à l'auteur ; c’est un autre monde qui ne sait guères ce qui se passe sur les théâtres du centre de la ville ». Le critique voit dans cette pièce « un des plus agréables ouvrages des boulevards, et il est joué avec un ensemble rare à ce théâtre.]

Quelques lignes ne sont pas entièrement lisibles.]

Théâtre de la Gaîté.

Fergus, roi des Hébrides, a été empoisonné par Kallick son fils ainé, et celui-ci s’est emparé du trône au préjudice de Ros-Fergus, son frère, époux de la belle Lydiane, fille du roi d’Ecosse. Kallick-Fergus est maître de la vie de son frère qu’il tient enchaîné dans une tour, et envoie des gardes pour se saisir de Lydiane et de son fils.

Le génie bienfaisant qui veille sur elle, et qui est parvenu à gagner la confiance du tyran, la soustrait au danger en livrant seulement le fils aux satellites et en couvrant Lydiane des habits d’un Barde, puis il la conduit dans la grotte d’un Druide, que Kallick-Fergus vient bientôt interroger sur sa future destinée. Le Druide, au lieu de répondre, inspire Lydiane, déguisée sous l’habit d’un villageois. Elle rappelle au curieux Kallick ses nombreux attentats, et lui montre son père empoisonné, son frère enchaîné, etc. Le tyran effrayé croit voir par-tout les vengeurs de ses crimes ; l’ombre de son père frappe ses regards, il est hors de lui-même: mais bientôt reprenant ses esprits, il s’imagine que ce n’est qu’une illusion, et il se fait suivre au palais par le Druide et par le jeune Devin, Celui-ci ne tarde pas à se trahir à la vue de son fils, prêt à être immolé dans les bras de son père. Kallick furieux d’être trompé prononce l’arrêt de mort contre Lydiane, son fils et son époux. Cependant comme il sait qu’à la possession de la [...] est attachée la promesse d’un grand. [...], il lui propose sa main, elle feint d’y […] et ôtant de son doigt l’anneau qu’elle avoit reçu de Ros-Fergus elle le donne à Kallick-Fergus, qui l’envoie à son frère avec l’ordre secret de le poignarder sur-le-champ.

Celui qui en est chargé revient bientôt épouvanté. Un spectre a arrêté son bras : ce spectre le poursuit. Kallick-Fergus vole au-devant ; le spectre l’arrête en l’entraine avec lui dans l’abime.

Ce dénouement est presque le même que celui du Festin de Pierre. Il y a bien aussi d’autres réminiscences ; mais elles sont bien placées, et d’ailleurs à ce théâtre on n’en fait pas un crime à l’auteur ; c’est un autre monde qui ne sait guères ce qui se passe sur les théâtres du centre de la ville. Kallick-Fergus, nous le répétons, est un des plus agréables ouvrages des boulevards. Le soin avec lequel il est monté fait honneur à l’administration, et il est joué par les acteurs avec plus d’ensemble qu’on n’en voit ordinairement à ce théâtre.

Les cit. Camaille et Cazot, et Mlle Julie sur-tout ont mérité des applaudissement. Le premier rend avec talent les rôles opposés des deux frères.

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