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La Marquise de Gange, ou les Trois Frères

La Marquise de Gange, ou les Trois Frères, mélodrame historique en 3 actes et en prose, de Boirie et Léopold [Chandezon ], musique de M. Uell, ballet de M. Hullin,18 novembre 1815.

Théâtre de la Gaieté.

Titre :

Marquise de Gange (les), ou les Trois Frères

Genre

mélodrame historique

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

en prose

Musique :

oui

Date de création :

18 novembre 1815

Théâtre :

Théâtre de la Gaieté

Auteur(s) des paroles :

Boirie et Léopold [Chandezon]

Compositeur(s) :

Uell

Chorégraphe(s) :

Hullin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1815 :

La Marquise de Gange, ou les Trois Frères, mélodrame historique en 3 actes et en prose, Tiré des Causes Célèbres ; Par MM. Boirie et Léopold ; Musique de M. Uell, Ballet de M. Hullin ; Représenté, pour la 1re fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 18 novembre 1815.

Dans le Journal des débats politiques et littéraires du 18 novembre, la première est annoncée sous le titre la Marquise du Gange (et les suivantes aussi !). Charles Beaumont Wicks, the Parisian Stage : 1800-1815, p. 47, donne comme titre la Marquise de Cange, ou les Trois frères.

Sur la page de titre de la brrochure, à Paris, chez Barba, 1815 :

La Marquise de Gange ou les Trois frères, mélodrame historique en 3 actes et en prose, Tiré des Causes Célèbres ; par MM. Boirie et Léopold ; Musique de M. Uell, Ballet de M. Hullin ; Représenté, pour la 1re fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 18 novembre 1815.

Les Causes célèbres et intéressantes, avec les jugements qui les ont décidées, est une œuvre de François Gayot de Pitaval, publiée en 20 volumes de 1739 à 1750.

La Marquise de Gange, Diane de Joannis (1635-1667), a été assassinée par ses deux beaux-frères. Elle avait d’abord été mariée au marquis Dominique de Castellane et avait été remarquée par Louis XIV. Veuve en 1654, elle se remarie en 1658 avec Charles de Vissec de Latude, comte de Ganges (1639 – 1737). Son assassinat peut être provoqué ou par son refus de céder aux avances que ses deux beau-frères lui auraient faites, ou à une affaire d’héritage : elle aurait déshérité son mari au profit de ses enfants. Elle échappe à une première tentative d’assassinat par empoisonnement, mais elle succombe aux coups de poignards que lui infligent ses beaux-frères. [notes prises à partir de https://www.wikiwand.com/fr/Diane_de_Joannis_de_Chateaublanc (page consultée le 1er septembre 2021].

On lira également, sur la survie littéraire de la belle marquise l’article de Raymond Trousson, Un fait divers à succès : l’histoire de la marquise de Ganges, du marquis de Sade à Charles Hugo [en ligne], Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 1996. Disponible sur : < www.arllfb.be >

Journal de Paris, n° 323 du 19 novembre 1815, p. 3-4 :

[Le nouveau mélodrame a droit à un article très positif. Le sujet en est puisé, comme souvent, dans le gigantesque recueil des Causes célèbres, ressource souvent utilisée sur le Boulevard, quand le Vaudeville préfère les écrivains ou les hommes d’esprit. Et comme le Vaudeville prête souvent de l’esprit à des gens qui en sont dépourvus, le Boulevard ne craint pas d’imputer aux scélérats qu’il met en scène des crimes qu’ils n’ont pas commis (on n’a pas affaire de pièces historiques !). Les beaux-frères de la marquise vont se voir dotés d’un caractère odieux et d’intentions atroces qu’ils n’ont peut-être pas eues. Il faut bien raconter les grandes lignes de l’intrigue, et le critique s’attelle à cette rude tâche. Il commence par l’avant-scène, riche déjà d’un premier meurtre : la marquise se trouve veuve, et peut épouser le marquis de Gange. On fait connaissance des trois frères, mais aussi du fils naturel du premier mari de la marquise, chargé de venger son père. L’intrigue peut démarrer, et elle est riche de tous les bons ingrédients d’un mélodrame : la famille de Gange est particulièrement haineuse, et chacun s’emploie à pousser l’autre au crime, l’objectif étant de s’emparer de la belle marquise et de la fortune dont elle dispose. La ruse est aussi fortement présente, puisque le président (un des trois frères) pousse Victorin à tuer le marquis. Mais l’obscurité (comme dans le Mariage de Figaro, ou dans la Femme à deux maris) trompe Victorin qui tue le chevalier. Le crime est découvert, et le président est condamné, tandis que le marquis retrouve son épouse et que l’ami du premier mari, le duc de Roquelaure se réjouit de voir son ami vengé. Dans le mélodrame, on a ce qu’il faut d’« aventures romanesques » et de « scènes d’une grand effets » qui suscitent « beaucoup d’intérêt ». La musique est également très réussie, et le critique pense que le compositeur est « un artiste plus connu » qui se cache sous un pseudonyme « barbare ». La fin de l’article passe en revue tous les points positifs de la représentation : mise en scène luxueuse, ballets, décorations, acteurs accessoires (mais rien n’est dit de ceux qui ne sont pas accessoires...), danseuses. Les auteurs du texte sont nommés, et leur oeuvre est promise à un long avenir au Théâtre de la Gaîté.]

THÉATRE DE LA GAIETÉ

Première représentation de la Marquise de Gange, ou les Trois Frères, mélodrame en trois actes.

Les fameux procès et les sentences des juges sont essentiellement le patrimoine des mélodramaturges. Au tribunal, comme à la Gaieté, un coupable est puni. Les Causes célèbres ont souvent été exploitées aux boulevards : c'est dans ce volumineux recueil que la déplorable histoire de la marquise de Gange a été puisée, et accommodée au théâtre avec des variantes.

Le Vaudeville s'est toujours emparé des noms illustres dans la république des lettres ou célèbres par leur esprit ; de même les petits théâtres du quartier du Temple ont jeté leur dévolu sur tout ce qu'il y avait de scélérats dans l'histoire ou dans nos chroniques. Ils poussent l'imitation du vaudeville, qui prête souvent de l'esprit à un personnage qui n'en a eu que fort peu, jusqu'à prêter à des criminels des crimes qu'ils n'ont pas commis.

Il ne faut donc pas s'étonner si les beaux-frère de la marquise de Gange sont si odieux ; l'auteur leur suppose des intentions atroces que ces coupables n'avaient peut-être jamais eues ; mais on ne prête qu'aux gens riches.

Le chevalier de Gange, qui joue un si grand rôle dans le procès, est comme de raison un des personnages les plus importans du drame. Il aime, il adore Ernestine, qui a épousé le marquis de Castella, et, comme ce marquis le gêne pour épouser son amante, il trouve l'occasion de le tuer pendant une bataille, et voilà Ernestine veuve. Le marquis de Castella, avant d'expirer, consigne le nom de l'assassin dans une lettre adressée à Victorin, son fils naturel, et lui recommande de le venger. M. Victorin inspire de la jalousie au marquis de Gange, et, pour le tranquilliser, le jeune homme entre comme officier dans le régiment du facétieux duc de Roquelaure, qui ne paraît sans doute dans cette intrigue que pour égayer un peu la scène. Il me reste encore à faire connaître le troisième frère, qui figure dans la cause célèbre comme un abbé et que l'auteur n'a pas voulu faire paraitre en petit collet : il a trouvé qu'il était plus dramatique de le travestir en président et de lui faire convoiter l'immense héritage du marquis de Gange.

Une fois les personnages annoncés, nous allons voir comment ils vont agir. Le président croit son frère le chevalier mort, et dans la lettre que le marquis de Castella écrit à Victorin, ce malin président substitue au titre de chevalier, qui designe l'assassin, celui de marquis. Ernestine va épouser le marquis de Gange ; l'allégresse est générale, lorsque le chevalier reparaît. Ce misérable a déserté Malte, et, parjure à ses sermens, il vient pour épouser aussi Ernestine. C'est alors que le président dispose si bien ses batteries qu'il se sert de la défiance du marquis contre le chevalier et de la passion de ce dernier pour arriver à son but.

Le chevalier, aidé par le président, se promet d'enlever Ernestine, et de changer

Les flambeaux d’hyménée en torches funéraires.

Mais il n'est pas dupe de la fausse délicatesse de son frère le président ; il devine le motif qui le fait agir et lui reproche d'avoir guide ses pas dans le crime. « Tu n'as d'autre but, lui dit-il, que d'envahir les biens de notre famille ; » cependant leur haine contre le marquis leur fait une loi de rester unis.

Il prend fantaisie au président, qui est un vrai Machiavel, de se débarrasser, à son tour, du chevalier. Aussitôt que Victorin aura le marquis, des témoins gagnés feront connaître le véritable assassin de Castella, et le président restera seul alors au milieu des orages qu'il aura fait naître.

Ernestine, qui est devenue marquise de Gange, ressemble un peu à la comtesse Almaviva ; elle aime Chérubin-Victorin, à qui le marquis a fait don d'une épée. Ce petit Victorin ignore encore la commission dont le marquis de Castella , son soi-disant père, l'a chargé. Le temps est venu où il doit lire cette lettre qui lui ordonne de le venger. Le combat va avoir lieu ; tout est disposé par le président pour que le marquis son frère succombe ; mais, trompé par l'obscurité de la nuit, Victorin, comme dans la Femme à deux Maris, prend le chevalier pour le marquis, et le tue. Le crime est découvert, le président arrêté, le marquis heureux et Roquelaure fort joyeux.

Il y a, au milieu de ce tissu d'aventures romanesques, des scènes d'un grand effet et beaucoup d'intérêt. La musique de cet ouvrage a été remarquée. L'ouverture et les airs de ballets décèlent un compositeur qui est au-dessus de ce genre. On a nomme un M. Uell, et ce nom barbare n'est sans doute qu’un masque sous lequel un artiste plus connu a voulu se cacher.

Ce mélodrame était attendu avec impatience, et il a rempli l'attente générale. L'administration a fait de grandes dépenses pour la mise en scène. L'espace vous manque pour parler des ballets, les décorations et le pas de trois entre les demoiselles Gosselin et Vestris et des acteurs accessoirs [sic] qui ont puissamment contribué au succès de l'ouvrage. La marquise de Gange, qu'on doit à MM. Boyrie et Léopold, doit attirer long-temps la foule à ce théâtre, et cette fois au moins on ne sera pas embarrassé de justifier l'empressement du public.

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