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Le Maçon poëte

Le Maçon poëte, comédie-anecdote en un acte et en vaudevilles, de Dumersan et Simonnin, 21 août 1806.

Théâtre du Vaudeville.

Almanach des Muses 1807.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Maldan, 1806 :

Le Maçon poète, comédie-anecdote en un acte et en vaudevilles, Par MM. Dumersan et Simonnin, Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le Jeudi 21 Août 1806.

Courrier des spectacles, n° 3484 du 22 août 1806, p. 2 :

[Voilà une pièce qui a bien peu à offrir : « froid, sans intérêt, des scènes décousues », elle n’a été sauvée que par « deux ou trois couplets », et elle a subi « quelques murmures, et deux ou trois sifflets benins ». L’intrigue met en scène Sedaine jeune, simple maçon, à la recherche de la célébrité grâce à ses premiers essais littéraires, et fait défiler toute une série de personnages qui l’aident dans sa carrière. Grâce à un bienfaiteur, il obtient une belle somme d’argent, et un de ses camarades de travail obtient d’épouser la fille du patron. Verdict : « beaucoup de personnages, et un seul un peu intéressant, c’est celui de Sedaine ». Sinon, beaucoup d’inutiles, en particulier l’image d’un ivrogne, « dont l’yvresse est véritablement hideuse et repoussante ». Les auteurs, apparemment connus, ont choisi de rester anonymes.]

Théâtre du Vaudeville.

Le Poëte Mâçon.

C'est l’histoire de Sedaine dans sa jeunesse que l'on a mise en scène. On sait que, fils d’un architecte, il exerça, jeune encore, la profession de mâçon ou tailleur de pierres L’ouvrage est froid, sans intérêt et les scènes décousues ; deux ou trois couplets ont désarmé la sévérité .du public, et la pièce, malgré quelques murmures, et deux ou trois sifflets benins, est arrivée assez heureusement a la fin.

Sedaine, sous le nom de Michel, taille la pierre pour le compte-de l'architecte Robert, qui est chargé de bâtir une maison pour Monnet, directeur de l’Opéra Comique. Ce Robert a une fille qu’il destine à un de ses ouvriers nommé la Cotterie, ivrogne déterminé, et indigne d’une aussi jolie acquisition. La jeune personne a, de son coté, une inclination, et quoiqu’elle ne connoisse que son A, B, C, elle penche furieusement pour la littérature, et elle a-jeté son dévolu sur M. Feuillette, libraire de l’Opera-Comiquc. Elle voudroit lui écrire ; mais comment faire, quand on sait à peine épeler ? Michel s’offre à lui servir de secrétaire, et en même tems, il joint en Post scriptum au poulet une recommandation pour divers opuscules, fruit de ses loisirs, qu’il soumet à son jugement. Durant ce lems, Monnet vient voir si la maison avance. Il remarque des vers charbonnés sur le mur. Miche1 avoue qu’il en est l’auteur ; Monnet l’interroge, découvre l’indice du talent, et va le présenter à Favart. M. Feuillette, de son côté, a lu ses vers, il vient lui offrir six cents francs de son manuscrit ; mais il ne peut le payer en argent comptant, il n’a que des billets. Michel a d’autant plus besoin d'argent, que sa mere est dans l'indigence et pressée par les créanciers ; Monnet arrive alors ; sa bourse s’ouvre pour Michel ; il fait plus : voyant l’embarras où se trouve M. Feuillette de payer sur-le-champ douze cents francs, à Robert, il lui commande une bibliothèque et lui avance mille ecus. Cette double générosité raccommode les affaires des deux jeunes gens, et la Cotterie revient trop tard pour réclamer la promesse de Robert.

Il y a dans cette pièce beaucoup de personnages, et un seul un peu intéressant, c’est celui, de Sedaine. Robert est un père de comédie qui vient là pour ne rien faire. On peut en dire autant de sa fille qui reste ingénuement au mi lieu des mâçons et dans la rue où son père la laisse ; de Monnet qui tombe là des nues pour parler de Favart et faire ses générosités ; et de la Cotterie dont l’yvrcsse est véritablement hideuse et repoussante.

Les auteurs connus, dit-on, par quelques bluettes au Théâtre Montansier et aux Nouveaux Troubadours, n’ont pas cru devoir se faire nommer au Vaudeville.

Magasin encyclopédique ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1806, tome V, p. 173 :

[Avant de parler de la pièce, le critique se croit obligé de consacrer un paragraphe entier à la carrière de celui qui en est le héros, Sedaine, traité comme si c'était un inconnu. Le deuxième paragraphe parle enfin de la pièce, rapidement résumée, réduite à un tableau des débuts de Sedaine. De la pièce le critique retient la gaieté et de jolis couplets. Un auteur est nommé. Tant pis pour son coauteur.]

Le Maçon Poëte, vaudeville-anecdote en un acte.

Ce Maçon Poëte est Sedaine. Il paroît que les auteurs n'ont pas eu la permission de le nommer dans leur ouvrage, sans quoi il seroit fort ridicule de laisser deviner son nom au .public, qui devine rarement. On sait que Sedaine, fils d'un architecte qui avoit perdu toute sa fortune, vint à Paris après la mort de son père, avec sa mère, des frères et des sœurs plus jeunes que lui, et qu'il tailla la pierre pour vivre avec sa- famille. Le goût des lettres ne fut pas éteint en lui par le malheur ; il continua de cultiver son esprit, et donna plusieurs opéras-comiques qui eurent beaucoup de succès : Rose et Colas, Richard-Cœur-de-Lion, etc. Ce succès tenoit plus aux effets de scène qu'au style. Sedaine écrivit cependant : on a de lui un poëme didactique, intitulé le Vaudeville, et l'Epitre à son habit, qui est sans contredit son meilleur ouvrage. Ce fut un des premiers qui le firent connoître. Il donna depuis au Théâtre Français le Philosophe sans le savoir, et la jolie comédie de la Gageure imprévue.

Dans la pièce du Vaudeville, on voit Sedaine à 16 ou 17 ans, au milieu des maçons, travaillant à. la maison de Monet, directeur de l'Opéra-comique, qui fait la connoissance de notre jeune poëte et encourage ses essais. On a joint pour épisode les amours d’un manœuvre, pour la fille du maître maçon ; Sedaine sert Augustine, qui aime un libraire de Paris ; celui-ci, en revanche, imprime les œuvres du jeune homme. C’est plutôt un tableau qu'une comédie ; il y a de la gaiete, de jolis couplets. L'auteur est M. Simonnin.

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