Le Mari curieux, ou la Consultation, vaudeville en un acte, par Charles Maurice, 2 novembre 1814.

Théâtre du Vaudeville.

L’attribution à Charles Maurice est donnée par Charles Beaumont Wicks, the Parisian Stage : 1800-1815, p. 46 (la pièce porte le n° 1789).

Titre :

Mari curieux (le), ou la Consultation

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

2 novembre 1814

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Charles Maurice

Le Spectateur, par M. Malte-Brun, tome III, n° XXII p. 83 :

C'est le propre jour des Morts qui a vu naître et mourir le Mari curieux, ou la Consultation.

Rien n'est moins curieux que ce vaudeville, qui a été sifflé, mais sifflé à réveiller un mort. M. l'avocat Desconseils, sa femme, les deux amans de celle-ci, Saint-Elme et Verneuil, ont été tour-à-tour l'objet des salves les plus bruyantes comme les mieux méritées.

Trompées par la ressemblance des noms, quelques personnes ont accusé M. Ch. Maurice d'avoir fait le Mari curieux ; la justice distributive exige que cette erreur soit relevée ; certes, l'auteur de la Partie de chasse, et de certain ouvrage plus récent encore, a bien assez de peccadilles sur la conscience, sans qu'on vienne encore le charger de celle-ci; mais on ne prête qu'aux riches, et nous le voyons bien.

L'auteur du Mari curieux porte un nom cher à Thémis ; cette équitable déesse le consolera de l'arrêt porté par le public, et qu'aucune Consultation ne pourroit, je crois, attaquer avec succès.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts 19e année, 1814, tome VI, p. 156-157 :

[Une chute (encore ?). Mais elle s’explique aux yeux du critique par l’invraisemblance (qui empêcherait le comique), à laquelle s’ajoute l’indécence, qui risque de faire passer les Français pour « le peuple le plus démoralisé de l’Europe ». Invraisemblance et manque de gaieté : la chute était inéluctable.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Mari curieux, ou la Consultation, vaudeville en un acte, joué le 2 Novembre.

Le savoir de notre siècle, dit Jean-Jacques à je ne sais quelle page d'Emile, tend plus à détruire qu'à édifier. Cette vérité n'a été que trop prouvée. En littérature, il y a maintenant un autre système ; et le savoir de notre siécle, tend plus à refaire qu'à inventer. Malheureusement la plupart de ces choses refaites , ne sont que des contre-façons : témoin le Mari curieux, qui n'est qu’un mauvais singe du Florentin.

Qu'un vieux jaloux, un ridicule barbon se mette dans la tète de se travestir pour écouter la confidence d'une pupille qui le déteste, et qui rit des tourmens que lui causent ses aveux, rien de plus comique ; mais qu'un mari, joli garçon, jaloux sans sujet, soit consulté, la nuit, dans un jardin, par sa femme jeune et sage ; que le sot mari croye ne pas en être reconnu, rien de plus faux, et par conséquent de moins comique. Que deux jeunes fats, qui ont suivi cette femme aux eaux, viennent consulter un avocat, pour savoir lequel des deux a le droit d'en conter le premier à cette femme, qu'ils prennent apparemment pour une coquette fieffée, rien de plus indécent. Si nos mœurs étoient jugées d'après nos pièces de théâtre, on auroit le droit de nous croire le peuple le plus démoralisé de l'Europe. Heureusement la fiction est permise aux poètes. Cette fois, le public l'a trouvée trop exagérée, et un concert de sifflets, tel qu'on n'en avoit entendu depuis longtemps au Vaudeville, a fait justice de cet ouvrage, dont rien ne pouvoit racheter l'invraisemblance et le manque absolu de gaieté.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1814, tome XI (novembre 1814), p. 286-287 :

[On notera à la fin de ce compte rendu la condamnation de l’obstination des acteurs à continuer la représentation face à l’hostilité du public : c’est un droit du public de mettre fin à la représentation d’une pièce qui lui déplaît.]

THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.

Le Mari curieux , ou la Consultation.

S'il faut en croire l'auteur, il avait un superstitieux pressentiment du triste sort de sa pièce ; il craignait l'influence de la fête des morts, et il avait chargé madame Hervey de faire confidence au public de la méfiance que lui inspirait ce jour néfaste. C'est en ces termes qu'elle a rempli sa mission :

Notre auteur voulait ce matin
Que sa pièce fût ajournée ;
Il redoutait pour son destin
Le nom fâcheux de la journée.
Messieurs, prêtez-lui votre appui,
Afin d'éviter le scandale
De voir la fête aujourd'hui
Se célébrer dans cette salle.

Il n'y a pas dans la pièce un seul couplet qui vaille ce couplet d'annonce. C'est une des plus insipides niaiseries qu'ait représentées le théâtre du Vaudeville, assez coutumier de cette espèce de délit.

Les sifflets ont commencé à la seconde scène et ont continué en crescendo jusqu'à la fin. Quoique les cris de à bas la toile, allez vous-en, qui perçaient à travers les plus aigus sifflemens, ne permissent pas d'entendre un seul mot, les acteurs ont débité ou plutôt mimé leurs rôles jusqu'au bout avec une obstination qu'ils appelleront peut-être une noble intrépidité, mais que le public, dont ils semblaient braver l'autorité et narguer le juste mécontentement, a droit de nommer une insolente effronterie. Guenée est celui qui s'est le plus distingué dans cette lutte scandaleuse ; quoique jeune, il paraît aguerri.

A. MARTAINVILLE.                  

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