Le Mari d'emprunt (opéra-bouffon 1801)

Le Mari d'emprunt, opéra bouffon en un acte, de J. Dabaytua et L. Hennequin, musique de G. Berteau, 13 nivôse an 9 [3 janvier 1801].

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

A ne pas confondre avec le Mari d'emprunt, ou les Deux Angola, de Léger (1807).

Sur la page de titre de la brochure,Paris, Barba, an X :

Le Mari d'emprunt, opéra bouffon, en un acte. Paroles de J. Dabaytua et de L. Hennequin ; musique de G. Berteau, élève du Conservatoire. Représenté, pour la première fois sur le théâtre de l'Ambigu-Comique, le 13 nivose, an 9

Courrier des spectacles, n° 1406 du 14 nivôse an 9 [4 janvier 1801], p. 2 :

[Le compte rendu commence par être élogieux, d’abord envers les dirigeants du théâtre, pour l’excellence de leurs choix variés, grandes comédies ou petits opéras, ensuite envers la pièce nouvelle, qui « doit tenir un rang distingué » dans ce répertoire. L’analyse qui suit ne semble pas confirmer cet éloge de la pièce : on retrouve dans la pièce tous les poncifs de la comédie en un acte : un mariage contre la volonté du père, parti en voyage, un valet qui imagine une ruse pour le tromper en faisant passer le jeune mari pour le fiancé que le père voulait faire épouser à sa nièce, un domestique qui détruit l’effet de la ruse, le père se cachant pour s’assurer qu’on le trompe. Puis apparition du père, au grand effroi des jeunes mariés, auxquels il pardonne leur ruse. Le critique voit là un « joli petit opéra », il nomme librettiste et compositeur, et signale que « la musique fait honneur à son talent ». Il insiste sur la qualité des dernières scènes (quid des autres ?), et finit par ce qui pourrait bien être la flèche du Parthe : il suggère une comparaison, plutôt défavorable, avec une autre pièce (le Tableau parlant, opéra comique d'Anseaume, musique de Grétry, créée le 20 septembre 1769) qu’on ne peut pas oublier en regardant la nouvelle production... Beaucoup de ressemblances ?]

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

On ne peut que donner des éloges à l’administration de ce théâtre pour le choix qu’elle fait des ouvrages qu'elle offre au public : tantôt ce sont de grandes pièces qui comportent de l’intérêt ; tantôt de petits opéra ou des comédies en un acte, qui présentent des scènes pleines de comique et de gaité. Parmi ces dernières productions, le Mari d’Emprunt, opéra en un acte, représenté hier pour la première fois, doit tenir un rang distingué. En voici l’analyse :

M. Dormont, oncle de Lucile, a promis de la déclarer son héritière, si elle consentoit à épouser Jean-Gilles-Christophe Canardin, son filleul, qu’il attend d’Amiens: Avant l’arrivée de ce prétendu, il fait un voyage, et durant son absence, Lucile a uni sa destinée à celle de Darcour, qu’elle aime. L’oncle est de retour. Grand embarras. Henry, valet de Darcour, ne trouve pas de meilleur moyen, pour donner le change à Dormont, que de contrefaire Canardin, qu’il n’a pas vu depuis long-tems. Trompé par le costume et par le langage, l’oncle donne dans le piège. Un portier indiscret fait découvrir la ruse ; car tandis que Darcour, pour le faire taire, lui glisse une bourse, Dormont, qui s’en apperçoit, dissimule : il feint d’aller se reposer ; mais bientôt il revient écouter, et caché derrière un paravent, il entend l’aveu que chacun lui fait comme s’il étoit présent C’est Henry qui a distribué les rôles à chacun, et qui les répète en partie, ne se doutant guères que Dormont l’écoute. Celui-ci se lève, paroît, et les jeunes gens, effrayés de son air mécontent, se rassurent bientôt, en .recevant de lui le pardon de leur ruse, et la confirmation de leur hymen.

Les paroles de ce joli petit opéra sont des cit. Dabaytna et Hennequin ; la musique est du cit. Berthauld : elle fait honneur à son talent. Les dernières scènes sont bien faites et pleines de gaîté. C’est dommage que l’on ne puisse pas oublier le Tableau parlant.

F. J. B. P. G ***.

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