Le Mari intrigué (an 11, 1803)

Le Mari intrigué, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Marc-Antoine Désaugiers, 19 floréal an 11 [9 mai 1803].

Théâtre du Vaudeville

Almanach des Muses 1804

En 1806, le même Désaugiers fera jouer sur le Théâtre de l’Impératrice une comédie en 3 actes et en vers, également intitulée le Mari intrigué.

Courrier des spectacles, n° 2256 du 20 floréal an 11 [10 mai 1803, p. 2-3 :

[D’emblée, nous sommes prévenus, la pièce est mauvaise, elle a ennuyé et a été sifflée, mais les amis de l’auteur (la claque...) lui ont permis d’échapper à la chute en étant nommé. Le résumé de l’intrigue montre une de ces histoires de mari corrigé comme le théâtre du temps en connaît tant. Une jeune femme veut forcer son mari à cesser d’être jaloux, et elle y parvient par la ruse, avec l’aide de son père et d’un domestique, le tout sur fond de bal masqué, et de dominos. La fin est prévisible d’avance : le mari présente ses excuses. La question que se pose ensuite le critique, ce n’est pas si la pièce est drôle, mais si elle est morale, et elle ne l’est pas à ses yeux, puisqu’un seul personnage est « raisoonnable », les quatre autres étant condamnables à des degrés divers, la jeune femme, son père, et les deux domestiques que le critique veut mettre à la porte. Et le seul couplet redemandé montre plus de « facture » que d’esprit et de raison.]

Théâtre du Vaudeville.

Première Représentation du Mari intrigué.

Cette pièce a ennuyé, mais elle a été applaudie ; elle a été sifflée, mais elle a réussi. Ceci pourrait passer pour une énigme dont tout le monde sait le mot. On s’imagine bien que l’ennui est venu du défaut d’intérêt et de gaîté et que les applaudissemens ont été prodigués par les amis de l’auteur. Ils savoient très-bien son nom, mais voulant le faire apprendre aux autres, ils l’ont demandé, on est venu nommer M. Désaugier.

Sainville est jaloux, et pour empêcher Emilie son épouse d’aller à un bal masqué où elle est invitée   il feint d'être malade. Emilie sent que son devoir la retient auprès de son mari, mais son père la détermine à se rendre à l’invitation qui lui été faite. Antoine, jardînier de Sainville, est acosté d’un masque ; c'est Sainvilte lui-même qui s’est déguisé pour épier sa femme ; il communique son projet à son domestique, qui ne manque pas de tout rapporter à Emilie et à son père. Ce dernier apprenant que Sainville a un domino verd, en endosse un noir et joue auprès de sa fille le .rôle d’un amant déguisé. La fureur longueur du mari s’excite à cette vue, mais il dissimule, et va prendre un domino noir pour surprendre son infidèle par la ressemblance du costume. Joué d’abord par la suivante, il est bientôt dupe de on épouse elle-même dont il ne sait pas être connu, et qui lui jure un amour éternel, dont elle ne tardera pas, dit-elle en le quittant, à lui donner des marques. Le père d’Emilie vient après elle se présenter aux yeux de Sainville qui cherche à connoitre son rival, et qui, irrité de plus en plus par les confidences de celui-ci, finit par l’appeler en duel. Emilie accourt entre les deux rivaux Sainville démasqué continue de menacer son adversaire, qui calme bientôt sa fureur en se faisant reconnoitre, le mari berné est encore obligé de faites des excuses.

Cette pièce est-elle morale au fonds ? Nous ne le croyons pas. Le couplet chanté par Hypolite, et quelques autres suffiroient pour prouver que les details ne le sont point. Au total, sur cinq personnages que présente ce vaudeville, le mari intrigué, berné, joué, tout comme on voudra, est le seul raisonnable. La jeune personne est au moins légère de se prêter aux desseins de son pere : celui-ci est plus qu’inconséquent ; ce seroit un beau-pere à ne jamais revoir. A l’égard du valet et de la Soubrette, ce seroient des domestiques à mettre à la porte.

Il y a plus de facture que d’esprit, et de raison dans les couplets , à en juger par celui que l’on a redemandé, et qui, chanté par Sainville au milieu de sa douleur, finit ainsi :

Le myrthe se change en cyprès
Quand il est arrose de larmes.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIIIe année, tome sixième, an XI (1803),p. 414-415 :

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Mari intrigué.

L'anecdote qui a fourni l'idée de ce vaudeville, joué le 19 floréal, a été imprimée dans plusieurs journaux.

Un mari jaloux, dont la femme doit aller au bal, feint une indisposition, se couche, mais ne tarde pas à rejoindre sa chère épouse pour observer sa conduite. Il la voit descendre de voiture, et causer très-familièrement avec un masque qu’il interroge bientôt, et dont il apprend des particularités très-peu rassurantes pour son honneur. Il le menace, le provoque à un duel; et lorsque le beau masque se découvre, il reconnoît son beau-père, et rit de sa fausse peur. Voilà le fond de la pièce, dont le dénouement étoit deviné dès la première scène. Il y a de l'esprit dans quelques endroits ; mais, en général, le dialogue n’est pas saillant, les couplets sont trop pleins de roses d’épines, et autres lieux communs : la plupart des plaisanteries sont peu délicates, et l'auteur a péché autant par le défaut de goût, que par le manque de comique. Sa pièce est un petit drame que quelques personnes ont sifllé : la majorité a été plus indulgente ; et M. Désaugiers a été nommé. Laporte a fait preuve de talent dans le rôle aussi difficile que fatigant du pauvre mari.

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