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Le Mari Sylphe

Le Mari Sylphe, vaudeville en un acte, par M. Saint-Marc, 6 avril 1809.

Théâtre du Vaudeville.

Titre

Mari Sylphe (le)

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

6 avril 1809

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. Saint-Marc

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome II, p. 399 :

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Mari Sylphe, vaudeville en un acte, joué le jeudi 6 avril.

C'est le conte de Marmontel arrangé pour le théâtre par une main novice. Deux représentations ont composé l'existence de cette faible pièce d'un jeune homme nommé M. Saint-Marc.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VI, juin 1809, p. 286-288 :

[Premier point important : un bon conte, même de Marmontel, ne fait pas toujours un bon sujet de pièce de théâtre, et c’est le cas ici : ces hallucinations que le conteur peut facilement évoquer ne sont pas faciles à rendre sur une scène, quand il faut faire tenir en très peu de temps une longue évolution que le conte rend sans difficulté. Et les invraisemblables que le récit peut masquer ne passent pas facilement au théâtre. La pièce raconte l’histoire d’un couple que le compte rendu évoque par bribes, couple qui éprouve des difficultés, et que le mari tente de sauver en s'immisçant dans les rêves de sa femme. De plus, les convenances imposent une réserve que le conte ne connaît pas. Si un baiser dérobé est acceptable dans l'arlequinade, il ne l’est pas dans le vaudeville. Le public a semblé désapprouver cette scène choquante, mais la claque des amis de l’auteur l’a emporté sur les sifflets. Elle a applaudi de solides truismes, avant de faire nommer l’auteur, dont on a tenté de justifier la pièce en évoquant sa jeunesse. Ironiquement, le critique l’invite à ne pas compter toujours sur ces amis.]

Le Mari Sylphe.

On peut, du sujet d'un fort joli conte, faire un fort mauvais vaudeville ; on peut même copier le conte mot pour mot et que le vaudeville n'en soit pas meilleur. Le Mari Sylphe, de Marmontel, est tout propre à donner la preuve de cette vérité, et le vaudeville qu'on en a tiré tout propre à la confirmer. Qu'une jeune femme voie en songe des Sylphes et pense tout le jour à ce qu'elle a rêvé la nuit ; qu'un mari qu'elle n'aime pas, tâche, à la faveur de ses chimères, d'introduire l'amour dans son cœur, et, à force d'étonner son imagination, parvienne à donner pour elle de la réalité à ce qu'elle imagine, et à lui faire enfin aimer cette réalité au point qu'elle la voie avec plaisir remplacer les songes qui l'avaient séduite, voilà une supposition qui, aidée de l'adresse et de la finesse de style d'un auteur spirituel, peut avoir la degré de vraisemblance que l'on exige dans un conte, où l'on passe par-dessus les nuances trop difficiles à indiquer, où l'on montre comme arrivé ce qui serait trop difficile â faire venir, où l'on n'a enfin à traiter qu'avec l'imagination, si docile, dès qu'on a su la saisir, à toutes les impressions qu'on veut lui donner. Mais au spectacle tout se présente matériellement ; on a affaire aux yeux et aux oreilles, qui ne sont pas si aisés à séduire : il faut aussi compter avec le temps qui ne se prête à rien ; et ce que Marmontel a fait filer pendant plusieurs mois devient parfaitement ridicule, contenu et resserré dans l'acte très-court d'un vaudeville. Enfin, dans le conte, Elise est effrayée la première fois qu'elle croit entendre la voix de son Sylphe, avec lequel jusqu'alors elle s'était bornée à des communications purement intellectuelles : il est vrai qu'elle était seule dans son lit ;

C'était le soir,
Il faisait noir.

Ici, quoique la voix parte de derrière l’alcove, qu'il soit deux heures du matin et qu'on parle à tout moment de se mettre au lit, nous n'en avons eu que la peur, et Elise reste sur pied à causer avec son Sylphe, ce qui lui paraît la chose du monde la plus naturelle : cette voix ne lui rappelle pas même celle de son mari, qu'apparemment elle n'a jamais entendu chanter ; car c'est en chantant qu'il s'annonce. Dans le conte, il se contente de parler et de parler bas, ce qui rend la méprise un peu moins invraisemblable. Mais enfin, au moyen de ces chansons et d'une harpe qu'il lui fait trouver dans sa chambre, le tout au milieu de la nuit, le Sylphe enchante tellement Elise que, lorsqu'il se présente à elle comme dans le conte, sous la figure de son mari, il a de même toute l'inquiétude de la voir succomber à l'épreuve qu'il lui prépare ; et il faut convenir que cette épreuve est d'un singulier genre à présenter sur le théâtre. Sans doute. il ne faut pas porter de pruderie au Vaudeville, la liberté des plaisanteries est un des privilèges du genre ; mais il faut que la plaisanterie fasse passer la liberté, la fasse oublier pour ainsi dire, que l'esprit soit assez frappé de la gaîté d'une idée spirituelle ou folle, pour ne pas trop s'arrêter sur ce qu'elle peut avoir de libre, et que le rire soit le seul mouvement qu'elle excite. Au vaudeville, comme ailleurs, ce qui n'est qu'indécent sans être plaisant, sera déplacé et désagréable. C'est l'avantage de plusieurs couplets du vaudeville, mais surtout de la situation de la fin. Aussi le public qui trouve très-bon qu'Arlequin embrasse Colombine lorsque celle-ci est à sa fenêtre et lui sur le toit en plein jour et en pleine rue, s'est-il montré assez choqué d'un baiser dérobé par un mari à sa femme, avec laquelle il se trouve en tête-à-tête à trois heures du matin et avec l'intention d'éprouver jusqu'où va sa vertu, ou plutôt jusqu'où peut aller sa faiblesse pour un mari qu'elle prend pour son amant. Dans la tragédie la hauteur des pensées, dans le bouffon leur bizarrerie, écarte de l'amour les idées qu'il pourrait trop naturellement amener, mais ici il n'y a pas moyen d'y échapper ; et lorsque le Sylphe explique â Elise comment elle peut le rendre à son état de Sylphe, qu'il a quitté pour se présenter à ses yeux , et qu'Elise l'interrompt en disant :

Daignez m'épargner le reste,

on a trouvé qu'il était au moins temps ; quelques personnes même ont paru vouloir appliquer ces paroles à la représentation qui leur paraissait suffisamment longue ; mais quatre ou cinq rangs de mains à toute épreuve se sont montrées décidées à soutenir la pièce avec gloire ; elles avaient manifesté leur intention dès le premier couplet qui disait qu'en éloignant les femmes de hommes on ne fait que désunir

Deux sexes formés l'un pour l'autre.

Cette vérité si neuve, si ingénieusement découverte a excité des transports d'applaudissemens qui se sont renouvellés ensuite à chacun des couplets, presque tous aussi piquans, bien que quelques-uns fussent moins clairs que celui-ci. Quelques sifflets qui de temps en temps se faisaient entendre pour rétablir l'équilibre, n'ont point empêché l'auteur d'être nommé ; c'est M. de Saint-Marc. Il s'est annoncé comme un débutant ; il est bien fait sans doute de se présenter dans le monde escorté de ses amis ; mais si l'on a un conseil à donner au jeune et à ce qu'il parait très-jeune auteur, c'est de ne pas compter toujours autant sur eux ; l'amitié se fatigue, et il ne faut pas en exiger souvent d'aussi fortes preuves.

L’Opinion du parterre, ou revue de tous les théâtres de Paris, septième année, 1810, p. 312 :

6 avril.

Première représentation du Mari Sylphe, vaudeville en un acte, de M. Barré de Saint-marc. Bluette insignifiante, reçue et jouée par complaisance.

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