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Le Mariage de Charlemagne

Le Mariage de Charlemagne, comédie en un acte et en vers, par M. Rougemont ; 14 juin 1810.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Mariage de Charlemagne (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

14 juin 1810

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Rougemont

Almanach des Muses 1811.

Des allusions ingénieuses, et des vers bien tournés ; beaucoup de succès.

[Les « allusions ingénieuses » concernent bien sûr le mariage de Napoléon et de Marie-Louise.]

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1810 :

Le Mariage de Charlemagne, tableau historique en un acte et en vers ; par B. de Rougemont. représenté, sur le théâtre de l'Impératrice, par les comédiens ordinaires de Sa Majesté, le 14 juin 1810.

« La paix a signalé son heureuse alliance,
Et le bonheur public devient sa récompense. »

Scène IX.

Mercure de France, tome quarante-deuxième (1810), n° CCCCLXVI (samedi 23 Juin 1810), p. 490-491 :

[Après avoir simplement annoncé le succès de la pièce, une véritable analyse qui souligne combien la pièce fait allusion à l’actualité. Ces allusions sont pour beaucoup dans le succès de la pièce, le critique multipliant les formules marquant la joie populaire (« enthousiasme », « tribut de reconnaissance », « heureux sujets », etc. Le critique croit utile de dire que le fait d’écrire sur un aussi beau mariage conduit les auteurs à se surpasser.]

Théâtre de l'Impératrice. — Le Mariage de Charlemagne, tableau historique en un acte et en vers de M. Rougemont.

Dans le dernier numéro du Mercure, nous avons annoncé la réussite de cet ouvrage ; nous allons donner maintenant les détails que nous avions promis.

Le comte Théodoric, ancien militaire, s'est retiré dans un château, près d'Aix-la-Chapelle ; la princesse Hildegarde, fille du duc des Suèves, et fiancée à Charlemagne qu'elle vient épouser, doit s'y reposer à son passage ; tous les préparatifs sont faits pour la recevoir dignement. Charlemagne devance la princesse au château ; il s'y présente sous le nom d'un maire du palais chargé de la recevoir, et dans un entretien qu'il a avec elle, enivré des grâces de sa jeune épouse, il ne peut garder plus long-tems l'incognito. Nous ne ferons pas à la sagacité de nos lecteurs l'injure de croire que les allusions qui ressortent naturellement d'un cadre si heureux, leur soient échappées ; le public les a saisies avec enthousiasme et applaudies avec transport. Chaque spectateur croyait en ce moment payer son tribut de reconnaissance au héros qui nous gouverne, pour le bonheur qu'il verse sur ses heureux sujets.

Une chose remarquable , c'est que les ouvrages dans lesquels nos auteurs dramatiques ont essayé de peindre l'ivresse générale causée par cet illustre hymen, sont dans leur genre ce que chacun d'eux a fait de mieux ; tant il est vrai qu'un sentiment d'amour et de reconnaissance, profondément senti, vaut bien une muse !

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome III, p. 376-377 :

[Ce mariage de Charlemagne avec une princesse allemande en cache un autre, le critique le dit clairement, sans nommer les époux modernes, mais il insiste sur le fait que les qualités des grands anciens sont celles de ceux que la pièce fait deviner en arrière plan. Charlemagne épouse donc la belle princesse qui lui a manifesté son amour pour lui sans qu’il se soit fait connaître. Pas moyen d’exprimer des réserves sur une telle pièce (juste la pauvreté de l’intrigue : « le canevas de la pièce est peu de chose », ce que confirme le résumé de la pièce. Après ce résumé, juste le nom de l’auteur.]

Le Mariage de Charlemagne, comédie en un acte et en vers, jouée le 14 juin.

Cette petite pièce de circonstance a été favorablement accueillie. Il n'est personne qui ne devine quel est le héros que l'auteur a voulu célébrer. On a facilement appliqué tout ce qu'il a mis dans la bouche de ses personnages sur les vertus du roi, les grâces de la princesse Hildegarde, les espérances que cet hymen fait concevoir aux deux nations. Le canevas de la pièce est peu de chose. L'action se passe chez le comte Théodéric, ancien militaire, qui a servi sous Pépin, et qui habite un château près d'Aix-la-Chapelle. C'est là que la princesse
Hildegarde doit se reposer. Charlemagne le sait, et se présente à elle sans suite et sous le titre de Comte du Palais. Le comte Théodéric et la princesse ensuite, dans une entrevue particulière, lui expriment, sans le connoître, leur enthousiasme pour le monarque. Il se découvre à la fin, quand il ne peut plus douter des sentimens de son auguste épouse. Le bonheur de la France et celui de l'Allemagne est assuré. Les deux souverains s'éloignent, en laissant de touchans souvenirs de leur présence.

L'auteur de cette pièce est M. Rougemont.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VII, juillet 1810, p. 295-297 :

[Le Mariage de Charlemagne sert de prétexte pour chanter la gloire de Napoléon épousant Marie-Louise. Dans un premier temps, le critique fait comme s’il parlait vraiment d'une pièce dont le sujet serait le mariage de l’empereur d’autrefois, mais il finit bien sûr par dévoiler la réalité : la pièce est un si magnifique hommage à ce si merveilleux mariage qui vient de rendre si joyeuse la France entière. Enthousiasme de commande, ou enthousiasme sincère, comment savoir ?]

Le Mariage de Charlemagne.

Il est dans l'ordre au théâtre qu'une pièce n'aille pas sans un mariage ; mais ce dénouement obligé n'a pas toujours beaucoup d'intérêt : on s'occupe volontiers des traverses de deux amans, des obstacles que leur présente la jalousie d'un vieux tuteur ou l'entêtement d'un oncle ridicule, mais ordinairement la curiosité cesse lorsque le notaire paraît. Il n'en est pas ainsi du mariage d'un prince, d'un empereur, tel que Charlemagne. Tout intéresse dans la vie d'un grand homme, et surtout l'union auguste qui doit assurer sa puissance en lui donnant des héritiers de sa gloire. L'histoire est alors plus attachante que le roman le mieux intrigué, et n'a pas besoin pour plaire ni des ornemens de la fiction, ni des couleurs de la poésie. Il y a cependant tel événement que le respect ne permet pus d'exposer dans toute sa vérité, et que l'on ne peut célébrer dignement que par d'heureuses allusions ou d'ingénieuses allégories ; l'art du poëte consiste alors à marier avec tant d'adresse l'apparence à la réalité, que l'esprit le moins pénétrant soulève aisément la gaze légère qui sert d'enveloppe, et à ne donner à la vérité que des ornemens qui, sans la déguiser entièrement, contribuent à la rendre plus piquante : c'est ce que l'auteur de la pièce nouvelle parait avoir sentti parfaitement, et exécuté encore mieux, en menant Charlemagne sur la scène, en représentant ce héros offrant la moitié de son trône à une princesse digne de le partager, en nous montrant cet illustre monarque déposant les lauriers dont il est couvert aux pieds de la beauté. Il ne devait pas douter que le spectateur ne franchît avec lui l'intervalle de quelques siècles, et ne reconnût, malgré la différence des costumes, des portraits frappans de ressemblance. Voici en peu de mots le plan de la pièce, et l'on verra qu'il n'était pas facile de se méprendre sur l'intention de l'auteur.

Le comte Théodéric, ancien chevalier, possède un château près d'Aix-la-Chapelle. C'est là que, sous l'habit de maire du palais, Charlemagne vient attendre la fille du duc des Suèves, la belle Hildegarde, qui doit bientôt partager le lit et le trône de l'empereur des Français. Théodéric prépare une fête brillante pour reconnaître l'honneur que lui fait la jeune princesse en consentant à se reposer quelques montent dans son château. Les enfant du vieux chevalier mettent leurs talens à contribution pour célébrer dignement ce jour d'allégresse, et invoquent leur muse pour chanter la jeune impératrice. Elle paraît enfin. Charlemagne, à la faveur de son déguisement, a le plaisir de la voir et de l'admirer sans contrainte. Il lui parle même, au nom de l'empereur qu'il est censé représenter ; mais bientôt, touché des tendres sentimens qu'elle laisse entrevoir dans un entretien particulier, il quitte l'incognito, et fait reconnaître à la jeune princesse, le héros qui vient la couronner. Cette courte analyse suffit sans doute pour faire deviner toutes les allusions dont cet ouvrage ingénieux est rempli. Je dois ajouter que si l'auteur les a présentées avec beaucoup d'art, le public les a saisies avec transport. On est toujours sûr de réussir lorsque l'on entreprend de traiter de pareils sujets ; mais il faut aussi rendre justice au talent de M. Rougemont ; indépendamment des applications qui ont été si favorables à son ouvrage, une louange délicate, des vers heureux, des tirades brillantes devaient en assurer la succès.

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