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Le Mariage par commission, ou le Seigneur allemand

Le Mariage par commission, ou le Seigneur allemand, opéra-comique en un acte, de Simonnin, musique de Bruni, 4 décembre 1815.

Théâtre Royal de l’Opéra Comique

Titre :

Mariage par commission (le), ou le Seigneur allemand

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

4 décembre 1815

Théâtre :

Théâtre royal de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Simonnin

Compositeur(s) :

Bruni

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Quoy (nouvelle édition, 1825) :

Le Mariage par commission, ou le Seigneur allemand, opéra-comique en un acte, paroles de J.-B. Simonnin, musique de Bruni, représenté pour la première fois à Paris, sur le Théâtre Royal de l’Opéra-Comique, par MM. les Comédiens ordinaires du Roi, le 7 décembre 1815.

Journal de Paris, politique, commercial et littéraire, année 1815, n° 342, vendredi 8 décembre 1815, p. 1-2 :

[Une très large part de ce compte rendu est consacré à la question du plagiat : la pièce nouvelle est comparée à une belle brochette d'œuvres antérieures, et les auteurs sont accusés même d’anticiper sur l'accusation de plagiat en niant avoir plagié. Plus d’invention donc dans les pièces nouvelles. Et le cas de cette pièce est encore aggravé par l’invraisemblance de l’intrigue (« une absurdité législative ») et la piètre qualité de la musique.]

Théâtre royal de l’Opéra-Comique.

Première représentation du Mariage par commission, opéra-comique en un acte.

Il paraît que le mérite littéraire de nos auteurs dramatiques ne consiste plus qu’à récrire, avec plus ou moins d’esprit des scènes de comédies connues depuis long-temps, et sur-tout à revêtir d'un titre piquant ou singulier la pièce qu'ils croient avoir faite. Dès qu'une nouveauté est annoncée, ils n'attendent pas qu’elle soit jouée pour savoir si le sujet qu'ils ont traités a réellement quelques rapports avec elle. Sur un titre seul, on voit s'accumuler des réclamations sans nombre. Le Mariage par commission a fait naître celle de l'auteur du Mariage par procuration. J'en ai encore plusieurs que l'abondance des matières m'empêche d'insérer. Voici cependant les titres les plus remarquables : le Rival marié, l’Amant embarrassé, le Procureur adroit, etc. Chacun écrit d'avance : « Le sujet de mon ouvrage paraît être le même que celui de la pièce nouvelle ; je crois devoir rendre cette déclaration publique pour prévenir toute accusation de plagiat. »

Eh ! messieurs. on ne vous accusera pas de plagiat ; si vos ouvrages ressemblent au Mariage par commission, on dira simplement que vos ouvrages ont de grands rapports avec le Courtisan dans l’embarras, petite pièce qu'on a donnée il y a deux ans au Vaudeville, laquelle pièce est elle-même une imitation de deux jolies comédies que vous n’avez sans doute pas lue ; mais les beaux esprits se rencontrent.

Depuis que la comédie d'intrigue a succédé aux comédies de caractère, il est à remarquer que nos auteurs ne font plus que tourner autour du même cercle d'idées. Heureux encore quand ils‘ daignent prendre la plume et non des ciseaux, comme M. Henri Dupin, plagiaire sans façon s’il en fût jamais !

Notre journal ayant déjà donné l'analyse du Courtisan dans l'embarras, il me semble superflu de donner celle du Mariage par commission. Au lieu d'un courtisan qui est jaloux de son roi, ici c’est un fermier qui, dans la crainte d'être supplanté par son seigneur, imagine de lui dire que sa femme est gauche et laide. La femme, à qui notre jaloux avoue sa ruse, se formalise de cette imposture. Il ne peut plus appaiser son ressentiment; il sait hélas que

Les femmes ont toujours quelques vengeances prêtes.

Celle-ci désabuse le seigneur sur sa prétendue laideur, et lorsque, charmé de ses attraits, il l’enqage à rompre son mariage, elle s’y oppose de manière à prouver qu’elle n'a point gardé rancune à son mari.

Il y a dans cette pièce une absurdité législative qui en fait le nœud, Le seigneur prétend tout simplement avoir le droit de casser un mariage. Rien n’a plus étonné le public que d'entendre les singulières raisons que l'auteur mettait dans la bouche de son haut et puissant seigneur, personnage qu’Huet a tâché de rendre le moins ridicule possible, et qu'il n'a joué sans doute que par complaisance.

Mme Boulanger n'a pu conjurer l’orage ; elle a cependant essayé plusieurs fois de chanter une musique qui n'était point chantante.

La partition sans couleur, sans motifs heureux (excepté peut-être l'air du Seigneur) est un amas de notes qu'un calcul facile a appris à ranger verticalement sur des lignes parallèles, et que les musiciens sont convenus d'appeler de l'harmonie. Mais cette musiquc est loin d'être en harmonie avec les paroles et la situation des personnages. Si le compositeur était un débutant, il nous donnerait bien peu d'espérannce : s'il avait déjà travaillé pour le théâtre , nous lui dirions qu'il faut qu'il médite encore long-temps sur son art.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, tome VI, p. 411 :

[Chute irrémédiable d’une pièce construite sur une absurdité, aux yeux du critique, qui a le souci de la vraisemblance et prête au public l’exigence louable du respect du droit. La musique a aussi joué un rôle dans l’échec de la pièce : « sans couleur, sans motifs heureux ».]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE.

Le Mariage par Commission, opéra-comique en un acte, joué le 4 Décembre 1815.

Un Fermier, dans la crainte d'être supplanté par son Seigneur, imagine de lui dire que sa femme est gauche et laide. La femme, à qui notre jaloux avoue sa ruse, se formalise de cette imposture. Il ne peut plus appaiser son ressentiment. Celle-ci désabuse le Seigneur sur sa prétendue laideur ; et, lorsque, charmé de ses attraits, il l'engage à rompre son mariage, elle s'y oppose de manière à prouver qu'elle n'a point gardé rancune à son mari.

Il y a dans cette pièce une absurdité qui en fait le nœud. Le Seigneur prétend tout simplement avoir le droit de casser un mariage. Rien n'a pas plus étonné le public que d'entendre les singulières raisons que l'auteur mettoit dans la bouche de son haut et puissant Seigneur, qu'Huet a tâché de rendre le moins ridicule possible. Ni lui, ni Madame Boulanger n'ont pu conjurer l'orage. La partition est sans couleur, sans motifs heureux.

La pièce est tombée de manière à ne plus reparoître.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1817, p. 61-63 :

[Après le récit de la fable, le récit de la chute. La fable est indigente, et la chute est complète, au point que même les « amis les plus intrépides » ont renoncé à tenter de demander le nom des auteurs.]

OPÉRA-COMIQUE.

LE MARIAGE PAR COMMISSION, opéra comique en 1 acte , par MM. ***, musique de M. ***. (4 décembre.)

Le comte de Brunetal, seigneur d'un petit village d'Allemagne, a chargé le bailli du lieu de lui choisir une épouse. Trompé par les dames de la cour et de la ville, M. le comte est persuadé que l'innocence doit habiter une chaumière, et a résolu d'honorer de son choix une modeste paysanne.

Le bailli, moins sot que ne le sont ordinairement au théâtre les gens de son espèce, craint de se laisser tromper, et charge à son tour Blaisot de la singulière commission du comte. Mais Blaisot, au lieu de parler à l'aimable Lucette au nom de son seigneur, lui parle pour son prompre [sic] compte ; et comme l'amour est éloquent et persuasif, il décide facilement la gentille Lucette à devenir Mad. Blaisot. Ce paysan rusé se garde bien d'annoncer son mariage au comte de Brunetal, qui habite Francfort.

Quand la pièce commence, on attend l'arrivée du seigneur du village. Mad. Blaisot, qui s'est parée dès le matin, se réjouit d'avance de paraître devant M. le comte ; mais son mari lui révèle un secret que jusqu'alors il avait cru devoir taire. Elle apprend qu'elle était destinée à devenir une grande dame, et que ce n'est qu'au portrait désagréabIe que Blaisot a fait d'elle à M. le comte, qu'elle doit être aujourd'hui la femme d'un rustre. Elle a quelque peine à pardonner à celui-ci d'avoir écrit qu'elle était laide ; mais comme au fond elle aime son mari, elle consent à ne point se montrer au comte, qui découvrirait infailliblement la ruse de Blaisot.

M. Blaisot, le plus heureux et le plus aimé des époux villageois, en est aussi le plus jaloux. Lucas, frère de sa femme, habite un village voisin. Il vient faire une petite visite à sa soeur, et entre provisoirement avec elle dans sa chaumière, au moment où Blaisot est obligé de répondre aux questions du comte, à qui il veut, plus que jamais, cacher son mariage. Notre jaloux n'a pas eu le tems de reconnaître son beau-frère, et voilà qu'il s'imagine que le pauvre Lucas est un rival ; enfin, tourmenté par sa folle jalousie, pressé de questions par le comte, Blaisot avoue sa faute, et implore son pardon. Mais le comte est inexorable ; il a vu Lucette ; il la trouve fort jolie, et veut casser un mariage qui l'a privé d'une épouse charmante.

La seconde moitié de la pièce est remplie par les lamentations de Lucette et de Blaisot, qui finissent par décider le comte à laisser les choses in statu quo.

Il n'y a rien de plus triste, de plus froid et de plus ennuyeux que ce prétendu opéra comique, dont les auteurs n'ont point été demandés. La fable de l'ouvrage est aussi ridicule que le dialogue est niais. On ne trouve point un mot plaisant dans la prose et dans les vers de l'auteur, et pas un phrase de chant dans la partition du musicien.

Après avoir bâillé pendant plus de trois quarts d'heures, le public a sifflé seulement pendant quelques minutes; mais les sifflets étaient tellement aigus, qu'ils ont ôté aux amis les plus intrépides jusqu'à l'envie de demander le nom des coupables.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, disent que cet opéra comique d’Antoine-Jean-Baptiste Simonnin pour le livret et Antonio Bartolomeo Bruni pour la musique a connu une seule représentation, le 4 décembre 1815.

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