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Le Marin, ou les deux Ingénues

Le Marin, ou les deux Ingénues, comédie-vaudeville en un acte, de Théaulon, 27 juillet 1815.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Marin (le), ou les deux Ingénues

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

27 juillet 1815

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

M. Théaulon

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1815 :

Le marin, ou les deux Ingénues, comédie-vaudeville en un acte, par M. Théaulon ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 26 juillet 1815.

Nous voilà dans le port !

Journal de Paris, politique, commercial et littéraire, n° 208 du 27 juillet 1815, p. 2-3 :

[Un mois après le retour de Louis XVIII, une pièce qui est bien sûr sans rapport avec la situation politique, puisqu'elle a pour sujet une affaire matrimoniale à la fois édifiante et peu originale, dont le premier mérite est de pouvoir être jouée avec des moyens très limités. L'intrigue est longuement résumée : un oncle qui veut marier une de ses nièces à son neveu et qui conditionne son héritage à ce mariage. Peu importe laquelle, mais comme de juste aucune ne veut épouser un mari, dont elles savent que ce ne sont pas des gens raffinés. Le neveu pour sa part veut tester ses cousines pour savoir laquelle sera sa femme, et il vient les visiter sous une fausse identité? Une des deux est prête à se laisser enlever par le bel inconnu, tandis que l'autre se résigne à épouser son marin et cousin, « malgré sa répugnance », « plutôt que de blesser les lois de la sagesse ». C'est cette dernière que le cousin choisit d'épouser, sa cousine recevant ainsi la punition qu'elle mérite aux yeux du critique. La pièce n'a rien d'original, mais elle est bien faite, et on y reconnaît la griffe d'un auteur expérimenté comme Théaulon, que le public a demandé. Sans être un grand succès, elle n'a pas essuyé de tempête (le critique n'a pas résisté à la tentation de la métaphore marine). Si elle a réussi, c'est par « deux ou trois scènes bien entendues », et malgré la monotonie qu'engendre « une action à trois personnages ». Mais le dialogue en est spirituel et vif, et les couplets jolis. Le critique cite d'ailleurs un de ces couplets, et, hasard ou volonté de flatter, c'est celui qui fait l'éloge de Louis XVIII, dont il est affirmé qu'il est un pilote sûr pour le vaisseau de l'État. L'article s'achève sur le constat de l'insuffisance globale des interprètes, qui jouent médiocrement, et chantent mal.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation du Marin ou les Deux Ingénues,
vaudeville en un acte.

Ce n'est plus la mode apparemment d'annoncer sur les affiches de spectacle des avis aux femmes, aux maris, aux pères, aux mères, enfin à tous les gens qui en ont besoin, et cela s'étend fort loin ; si cette mode durait encore, l'auteur de la pièce nouvelle aurait pu l'intituler Avis aux demoiselles. C'est un petit proverbe moral, d'une gaieté toujours édifiante. Les demoiselles de province ne seront pas privées des fruits qu'elles peuvent recueillir de cette leçon, car la pièce n'offrant que trois personnages, pourra être montée dans les plus petites villes, et au besoin même se jouer fort bien entre deux paravents, pourvu qu'on trouve une ingénue assez innocente ou assez résolue pour se charger du rôle de Laure.

Un oncle, en mourant, a laissé à ses deux nièces, Emilie et Laure, toute sa fortune, qu'elles doivent partager également, sous la condition que l'une d'elles épousera le capitaine de marine Dartimon, son neveu, qu'elles ne connaissent point. Une autre clause du testament porte que, si elles refusaient, leur cousin deviendrait légataire universel, que celle que le capitaine choisira, sera forcée d'obéir ; c'est bien ce qui les désole, car elles ne sont pas disposées à prendre pour époux un marin qu'elles supposent d'un caractère brusque et emporté. Toutes deux cherchent réciproquement des prétextes pour se dispenser d'accepter, et chacune d'elles se plaît d'avance à croire qu'il ne lui donnera pas la préférence sur sa sœur.

Sur ces entrefaites , un cavalier arrive au château, dont elles font les honneurs en l'absence de leur tutrice ; l'inconnu est porteur d'une lettre de Dartimon, qui s'excuse de ne pouvoir venir aussi promptement qu'il le désirait, et qui envoie son cousin qu'il a invité à sa noce. Le cousin est on ne peut pas mieux accueilli, et l'on a pour lui les plus grandes attentions. On voudrait faire davantage ; mais (dit Laure ) la plus belle fille ne peut offrir que ce qu'elle a.

Cet inconnu, comme on le devine, n'est autre que Dartimon lui-même, qui, sous un déguisement, a voulu étudier le caractère de ses deux cousines, et choisir celle qui lui convient le mieux ; en touchant au port de l'hymen, il tremble de faire naufrage. Toutes deux témoignent le plus grand empressement à lui plaire, et ne lui cachent point qu'elles ne voudraient pas d'un marin : c'est à qui ne l'aura pas. Emilie le supplie d'engager le capitaine à faire choix de sa sœur. Quant à Laure, elle provoque étourdiment une déclaration d'amour, et consent plus étourdiment encore à se laisser enlever. Emilie, au contraire, refuse, et paraît se résigner, malgré sa répugnance, à épouser le capitaine, plutôt que de blesser les lois de la sagesse. Le cousin reparaît en capitaine, et comme il a distingué dans Emilie plus de sensibilité et de raison que dans sa sœur cadette, il l'épouse, au grand regret de Laure qui méritait bien une telle punitions

Cette épreuve ne peut pas s'appeler l'épreuve nouvelle, car la pièce rappelle le souvenir de plusieurs autres ; mais elle est faite avec un art qui annonce un auteur exercé . C'est M. Théaulon ; le public a voulu le connaître .

Le Marin n'a point, essuyé de tempête ; il a toujours eu, sinon vent arrière, au moins un vent doux et favorable, et il est arrivé au port sans avarie.

Le succès de ce vaudeville est justifié par deux ou trois scènes bien entendues, et la monotonie d'une action à trois personnages est assez bien déguisée par des mots de dialogue spirituels et souvent un peu vifs, et par plusieurs jolis couplets.

Je n'en citerai qu'un seul qui a été généralement applaudi et redemandé.

Par la tempête , hélas ! battu sans cesse
    Le vaisseau de l'état tremblant,
    Vient, au milieu de sa détresse,
    D'arborer le pavillon blanc.
Loin des écueils l'équipage qui flotte
    Déjà s'écrie avec transport
Puisque Louis devient notre pilote,
        Nous voilà dans le port.

La pièce a été médiocrement jouée, et plus mal chantée par Séveste et Mica Arsène et Minette,

A. Martainville.           

Fantaisies politiques, morales, critiques et littéraires..., Par A. Cauchois-Lemaire (Paris, 1815), p. 47-49 :

[Un vaudeville, mais qui n’a pas la qualité essentielle des vaudevilles, la gaîté. Ce n’est pas de cette pièce que naîtra pour le Théâtre du Vaudeville le sursaut dont il a vraiment besoin. L’intrigue ? Deux jeunes ingénues dont l’oncle a soumis l’héritage à une condition, que l’une d’elles épouse un marin, dont elles ne veulent ni l’une, ni l’autre. Le marin n’a plus qu’à se déguiser pour séduire une des deux jeunes femmes. Le sujet n’est pas neuf, constate le critique, qui y voit une « vieille friperie dramatique », et la « broderie » proposée par Théaulon est bien pâle pour séduire les spectateurs. De surcroît, les interprètes ont fait le concours de qui chanterait le plus mal. On ne sauvera qu’une interprètes pour ses talents de comédienne.]

Vaudeville. Première représentation du Marin, ou les Deux ingénues.

Je lis depuis vingt ans sur l'affiche de ce théâtre :

Le Français né malin créa le vaudeville  ;

mais il est plus facile de citer un vers que de suivre le précepte qu'il renferme. Le législateur du Parnasse, qui n'a pas dédaigné de s'occuper du vaudeville, ajoute :

Cet enfant du plaisir veut naître dans la joie.

Or je le demande aux quarante ou cinquante courageux habitués qui n'ont pas encore déserté ce théâtre, est-il possible de rien voir de plus triste que les trois ou quatre nouveautés qui y naissent et meurent tous les mois ? On les doit presque toujours à des enfans ou à des vieillards tombés en enfance. Le théâtre de la rue de Chartres enfin est l'école primaire des uns et les invalides des autres. Les administrateurs de ce spectacle, si fréquenté jadis, devraient donc prendre aujourd'hui pour épigraphe :

Quantum mutatus ab illo ?

Je ne crois pas que le Marin ramène la foule au Vaudeville : il est certain qu'il n'attirera pas les gens de goût, qui exigent dans une comédie un peu d'originalité, un peu d'esprit et surtout de la gaîté.

Deux jeunes sœurs, Émilie et Laure, sont au moment de recueillir la succession d'un oncle riche, qui a mis pour clause principale dans son testament que l'une d'elles épouserait un marin qui s'appelle Dartimon. Mais ces demoiselles n'aiment point les marins ; elles cherchent tous les moyens de déplaire au prétendu qu'elles ne connaissent point encore. Celui-ci, qui a lu probablement les Jeux de l'amour et du hasard, imagine de se déguiser, non pas en valet, mais en ami du capitaine Dartimon, pour étudier le caractère de Laure et d'Émilie ; il se présente aux deux sœurs sous ce travestissement, qui fait merveilles. Nos deux aimables personnes se disputent maintenant la possession d'un si joli cavalier ; l'une, pour le séduire, pince de la harpe ; l'autre, dans la même intention, touche du piano. Il en résulte un petit charivari fort agréable. Enfin Mlle. Laure, qui est la plus dégourdie de ces deux ingénues, consent à se laisser enlever par un homme qu'elle ne connaît que depuis une heure. Cette singulière conduite fait cesser l'irrésolution du capitaine, qui revient en habit de marin épouser la belle Émilie.

Il n'y a rien de plus commun au théâtre que ces déguisemens d'amans délicats qui veulent être aimés pour eux-mêmes. Il faut être fort adroit pour retourner encore cette vieille friperie dramatique, et la broderie la plus élégante est nécessaire pour faire passer un pareil fond. Ici le fond et la broderie sont également pâles. On trouve à peine un trait d'esprit dans le dialogue, et l'on chercherait en vain un couplet bien tourné. Nous ignorons si M. Théaulon, qui a été souvent beaucoup mieux inspiré, a composé sa pièce en Belgique ; si cela était, nous lui dirions, comme Voltaire,

Faites tous vos vers à Paris.

Seveste, Mlles. Arsène et Minette ont mis les spectateurs dans l'impossibilité de décider lequel des trois a chanté le plus mal ; mais Mlle. Minette ne leur a pas laissé de doute sur son talent comme comédienne.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 20e année, 1815, tome IV, p. 213

Le Marin, ou les deux Ingénues, vaudeville en un acte, joué le 27 Juillet.

Un marin a le choix entre deux Demoiselles, qui ne le connoissent pas, et qui ont conçu de lui l'idée la moins avantageuse. Il se présente sous un autre nom que le sien, et les rend amoureuses de l'homme qu'elles ne vouloient point épouser. Cependant la sympathie agit, et fait un mariage qui peut devenir tout aussi heureux qu'un autre. Pièce médiocre et plus médiocrement jouée. Quelques traits d'esprit ont fait reconnoître l'auteur, M. Théaulon.

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