Le Marquis de Carabas

Le Marquis de Carabas, ou le Chat botté, folie-féerie en deux actes à grand spectacle, mêlée de couplets, de Brazier et Simonnin, 9 mai 1811.

Théâtre de la Gaîté.

Titre :

Marquis de Carabas (le), ou le Chat botté

Genre

folie féerie à grand spectacle

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

9 mai 1811

Théâtre :

Théâtre de la Gaîté

Auteur(s) des paroles :

Brazier et Simonnin

Almanach des Muses 1812.

Sur la première page de la brochure, de l'Imprimerie normale de Jules Didot l'aîné, 1811 :

Le marquis de Carabas, ou le chat botté, folie-féerie en deux actes, à spectacle, mêlée de couplets, par MM. Brazier et Simonnin ; Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Gaîté, le 9 mai 1811.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1811, tome III (mai 1811), p. 160 :

[Compte rendu sans indulgence d’une « féerie-vaudeville », adaptant un conte de Perrault, « assez gaiement », mais pas « avec beaucoup de goût ». Ce sont des aspects secondaires qui ont été le plus appréciés, décorations, costumes et danses. Et puis, le rôle du chat était tenu par un enfant, et les gens du temps ont le goût des « petits prodiges », et « la petite Elisa » en fait partie...

Théâtre de la Gaieté.

Le Marquis de Carabas, ou le Chat botté, féerie vaudeville en deux actes, jouée le 9 mai.

Nous n'analyserons point cette folie dans laquelle on a travesti le conte de Perault assez gaiement, mais non pas toujours avec beaucoup de goût.

Les décorations, les costumes et les danses ont fait plaisir.

La petite Elisa joue très-joliment le rôle du Chat.

Geoffroy, Cours de littérature dramatique, seconde édition, tome sixième (Paris, 1825), p. 75-77 :

[Le terrible critique qu’était l’illustre Geoffroy se montre plutôt indulgent envers une pièce gaie, dont la représentation est bien faite, où il trouve même des éléments moraux (Geoffroy aime beaucoup les éléments moraux). Le conte est finalement un bon divertissement, pour les enfants, mais aussi pour les adultes qui utilisent l'alibi de distraire leurs enfants pour aller voir un spectacle agréable.]

LE MARQUIS DE CARABAS, ou LE CHAT BOTTÉ.

Le monde est vieux, dit-on : je le crois ; cependant
Il le faut amuser encor comme un enfant.

Il faut avouer que, depuis quelque temps, les auteurs nous traitent bien en enfans ; ils nous régalent des contes puérils de Perrault, et cela leur réussit fort bien ; car les parens y amènent leurs enfans, et, sous ce prétexte, prennent leur part de l'amusement avec toute bienséance, et sans qu'on puisse leur reprocher la frivolité de leur goût. Le bon La Fontaine disait ingénument :

Si Peau d'Ane m'était conté,
J'y prendrais un plaisir extrême.

Et pourquoi les grands enfans de la société prétendraient-ils être plus graves que La Fontaine ? Pourquoi ne prendraient-ils pas un plaisir extrême au Chat botté, non pas seulement raconté, mais mis en action ? L'heureux succès de la Chatte merveilleuse aux Variétés a dû faire espérer que le Chat merveilleux n'aurait pas moins de vogue. Il faut convenir qu'il y a plus d'intérêt dans la Chatte ; elle fait le bonheur d'une jeune fille intéressante, injustement opprimée. Le Chat botté fait la fortune d'un imbécile et d'un niais qui ne la mérite guère ; mais la manière dont le chat enrichit son sot maître est par elle-même si singulière, qu'indépendamment de l'intérêt, elle amuse et divertit beaucoup. Les auteurs ont suivi le conte très-exactement. Il y a trois frères à qui leur père a laissé, par une distribution très-inégale de ses dons, à l'un un âne, à l'autre un moulin, au troisième un chat; mais ce chat est un trésor. Les possesseurs du moulin et de l'âne perdent leur héritage ; le maître du chat devient marquis et gendre d'un grand seigneur. C'est une petite fille très-intelligente qui représente ce merveilleux animal, couverte d'une jolie fourrure de chat. Je ne répéterai point ce qui est dit dans le conte, et ce que savent tous les petits enfans sur les moyens employés par le chat pour faire de son maître un marquis qui a d'immenses possessions. Ce qui diminue le mérite du chat, c'est qu'il n'a affaire qu'à des niais ; car, sans compter son maître, le seigneur Flonflon, gouverneur de l'île Joyeuse, est un mince génie ; l'ogre lui-même est passablement bête, puisqu'il se transforme en souris devant un chat ; mais cela est ainsi dans le conte.

Il y a un personnage de l'invention de l'auteur : c'est mademoiselle Lariradondaine, vieille fille, sœur du gouverneur. Ce seigneur déloyal, au lieu de donner sa fille au marquis de Carabas, veut lui faire épouser par trahison cette vieille sœur, dont il cherche à se débarrasser ; mais le chat déconcerte les projets frauduleux du seigneur Flonflon. Les auteurs ont aussi imaginé la cruelle peur que Jean fait à ses deux frères, quand il les rencontre chez l'ogre ; car il prend le costume de cet ogre que son chat vient de croquer sous la forme d'une souris, et fait semblant de vouloir croquer ses frères. Perrault avait l'âme trop bonne pour imaginer une pareille cruauté.

Tout ce qui tient à la féerie, dans cette folie, s'exécute avec beaucoup de précision et de promptitude : les travestissemens se font dans un clin d'œil; les trois frères changent leurs souquenilles contre des habits dorés, avec la rapidité de l'éclair. Le dialogue est fort gai, semé de calembours, et souvent de sentences morales. Les décorations sont d'un fort bon goût. Les trois premières représentations ont été très-applaudies, et, ce qui vaut mieux, prodigieusement suivies. La scène est dans l'île Joyeuse, par conséquent on n'y a rien mis de triste ni de sentimental : l'enjouement y domine partout ; partout on y rit, et même des sentences morales dont la tournure n'a rien de trop grave. La pièce est terminée par un divertissement à l'occasion du mariage du marquis de Carabas. Le ballet n'est pas trop bien placé à la fin, parce qu'il y a des spectateurs pressés de s'en aller, qui croient pouvoir se passer des danses ; mais quand ils entendront dire que ces danses sont très-agréables, il faut espérer qu'ils resteront. Cette folie-féerie est un véritable vaudeville, plein de couplets pointus, dont la plupart sont assez jolis. On sait bien que, parmi tant de pointes, il est impossible qu'il ne s'en trouve pas plusieurs qui ne soient pas bien aiguisées. Le Chat ne sera peut-être pas plus malheureux que la Chatte ; la métamorphose d'une fée en chatte ou en chat est la chose du monde la plus facile : cela s'exécute aussi bien à la Gaîté qu'aux Variétés ; mais le changement d'un homme de quarante ans en une fille de quinze me paraît la plus merveilleuse des féeries. ( 19 août 1813.)

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