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Le Marquis de Moncade, ou la Comédie bourgeoise

Le Marquis de Moncade, ou la Comédie bourgeoise, comédie en un acte, de Sewrin, 20 juin 1811.

Théâtre des Variétés.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Pelissier, 1811 :

Le Marquis de Moncade, ou la Comédie bourgeoise, comédie en un acte, mêlée de couplets, par M. Sewrin ; Représentée, pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Variétés, boulevard Montmartre, le 20 Juin 1811.

Journal de l’Empire, 25 juin 1811, p. 4 :

[Article repris dans le Cours de littérature dramatique de Geoffroy, volume 6, p. 54-55.

Geoffroy, l’illustre Geoffroy ne rechigne pas à parler d’une pièce dont le principal attrait est la performance de Brunet, l’acteur à tout faire du Théâtre des Variétés, cette fois non dans un rôle de travesti, où il excelle, mais déguisé en marquis de Moncade, illustre aristocrate espagnol du XVIIe siècle, et déjà personnage de la comédie l’Ecole des bourgeois, comédie en 3 actes et un prologue, en prose, de Léonor-Jean-Christine Soulas, abbé d'Allainval, créée à la Comédie Française le 20 septembre 1726, puis jouée à partir du 3 septembre 1770 dans une présentation nouvelle, et reprise le 26 décembre 1799, avec Abraham Fleury dans le rôle du marquis, rôle où il faisait sa rentrée. Brunet ne joue évidemment pas l’illustre marquis comme son collègue du Théâtre Français. L’intrigue de la pièce de Sewrin (il n’est pas nommé, mais elle est bien de lui) se réduit à une mésaventure : un valet déguisé en marquis de Moncade, venu jouer dans une représentation que des domestiques veulent se donner pendant une absence de leurs maîtres, et qui arrive quand les maîtres sont revenus. La plaisanterie n’est pas appréciée des maîtres, on menace de pendre le pauvre valet qui échappe tout de même au supplice. La pièce, selon Geoffroy, ne vaut que par la performance de Brunet (on le croit volontiers), mais cela n’empêche pas qu’il en tire une leçon de morale sur la décadence de la société : quel ridicule de jouer ainsi la comédie, au détriment de l’art. Geoffroy n’est pas un progressiste !]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Le Marquis de Moncade, ou la Comédie bourgeoise.

Voici une nouvelle métamorphose ou si l'on veut, une nouvelle variété du protée qui plaît tant sous toutes les formes : nous avions vu Brunet en commère villageoise, en ingénue, en danseuse de corde ; le voici maintenant en marquis, et en marquis de Moncade de l’Ecole des Bourgeois. Brunet ne le joue pas tout-à-fait comme Fleury : l’acteur du Théâtre Français y met beaucoup d'aplomb, de fierté et de noblesse ; Brunet en a fait et devoit en faire une caricature : il joue avec beaucoup d'étourderie et de pétulance ; c'est un petit papillon pour la légèreté.

Ce marquis fait à la hâte est un valet nommé Laroque qui a pris un habit de son maître pour jouer le marquis de Moncade, dans une société bourgeoise : ses camarades sont des domestiques comme lui, qui ont la fantaisie de se faire comédiens dans l'absence de leurs maîtres Les maîtres reviennent, les comédiens redeviennent valets ; et voilà le théâtre à bas. Laroque, ignorant ce désastre, arrive tout habillé en marquis de Moncade, fait beaucoup de lazzis et de quiproquos plaisans avant d'être instruit de son malheur : peu s'en faut qu'il ne soit la victime de la catastrophe. Les maîtres arrivent au moment où il étale ses graces dans son habit de caractère : il n'a que le temps de se cacher sous une table : cet asile même ne peut le soustraire au danger ; on découvre l'infortuné marquis et on veut le faire pendre, ce qui va fort au-delà des usages de la comédie, soit publique, soit bourgeoise ; mais il en est quitte pour la peur. Le jeu de Brunet fait seul valoir cette bagatelle dont on a déjà donné quelques representations avec succès. S'il falloit chercher quelque moralité dans une pièce de ce genre, ce seroit le ridicule de cette manie de jouer la comédie ; manie qui est descendue jusqu'aux dernières classes de la société : elle est très nuisible non-seulement à l'art mais encore à ceux qui négligent leurs devoirs pour exercer sans talent un art uniquement propre à les détourner et les dégoûter de leur métier.

Geoffroy.

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