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Marianne ou la Tendresse maternelle

Marianne ou la Tendresse maternelle, comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, de Marsollier, musique de Daleyrac. 19 messidor an 4 [7 juillet 1796]. 

Opéra-comique National, ci-devant Théâtre italien.

Le titre de cette pièce est sujet à bien des variations. Elle est souvent désignée par le seul nom de Marianne, mais elle est aussi Marianne ou l'Amour maternel (base César), ou Marianne ou la Tendresse maternelle (compte rendu du Magasin encyclopédique).

Titre :

Marianne ou la Tendresse maternelle

Genre

Comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

19 messidor an 4 (7 juillet 1796)

Théâtre :

Opéra-Comique National, ci-deant Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

Marsollier

Compositeur(s) :

Daleyrac

Almanach des Muses 1797.

Evénemens trop multipliés pour entrer dans une notice. Développement de l’amour maternel dans des situations intéressantes. Beaucoup de détails vrais et piquans.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Vente :

Marianne, comédie en un acte et en prose, mêlée d'ariettes ; Représentée pour la première fois sur le Théâtre de l'Opéra-Comique de la rue Favart, le 19 Messidor, An IV, (7 juillet 1796, v. st.) Paroles de Marsollier, musique de Dalayrac.

Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 303 du 3 Thermidor an 4 (21 juillet 1796). p. 1209 :

[La pièce a obtenu un grand succès, et elle le doit d'après le critique au talent de Marsollier qui sait créer des intrigues pleines de sentiment, mais avec délicatesse et vérité. Il s’agit cette fois d’une histoire de mariage fait sans le consentement de l’oncle du marié, obligé pour réparer sa fortune de passer en Amérique, où il est mort. La pièce montre les difficultés que sa veuve éprouve du fait de cet oncle autoritaire : elle a dû se faire servante de sa fille pour passer inaperçue. L’oncle la retrouve dans sa cachette, mais il prend pitié d’elle quand elle voit combien elle aime sa fille, et il permet qie son fils épouse sa cousine. La pièce est jugée très positivement : « d'un intérêt puissant, [...] remplie de détails délicieux, soit de morale, soit de sensibilité, soit même de gaîté dans les personnages accessoires ». Et la musique de Daleyrac est « parfaitement assortie aux divers tons des personnages », d’autant que les rôles féminins sont très bien joués.]

 

Théâtre de l'Opéra Comique National.

La piece que l'on donne à ce théâtre, sous le titre de Marianne, y a obtenu le plus grand succès ; elle offre une situation peu commune, comme la plupart des ouvrages du citoyen Marsollier, qui, au mérite de traiter avec tant de délicatesse que de vérité, tous les ouvrages de sentiment, joint celui d'être original dans le choix de ses sujets et de s'écarter des routes battues, sans cependant arriver jusqu'à la bizarrerie.

Un jeune homme s'est marié sans le consentement d'un oncle dont il attendait sa fortune : forcé de s'en procurer une autre, il est passé en Amérique, où il est mort. Sa veuve, femme extrêmement estimable, et qui n'a pas d'autre reproche à se faire que d'avoir bravé l'autorité de l'oncle de son époux, n'en est pas moins persécutée par cet homme humain et sensible au fond, mais impérieux, et qui, sans la connaître, a pris les plus injustes préventions contre elle. Pour se soustraire à ses recherches, cette infortunée a pris le nom de Mme de Ferval ; et retirée dans un humble asyle avec sa fille, privée de toute ressource par la mort de son mari, elle vit du produit des talens qu'elle tient de son éducation. Pour se faire encore plus ignorer, elle a pris le costume, le ton, les occupations, le nom même de la cuisinière dont son peu d'aisance l'a privée ; elle est devenue la servante de sa fille par excès d'amour maternel ; cependant le hasard fait que Sainville, cet oncle cruel, qui n'a point renoncé à ses recherches, demeure auprès de Mme de Ferval. Sa cuisinière, femme bavarde et curieuse, qui a voulu se lier avec la prétendue Marianne, lui a inspiré le desir de voir la mere et la fille ; il ne trouve que la jeune personne et celle qui passe pour sa servante. Leurs réponses, leur embarras lui font naître le soupçon que cette jeune Sophie peut être la fille de son neveu. Il obtient bientôt un ordre pour l'arracher des bras de sa mere ; mais lorsqu'il apprend que c'est elle-même qu'il a vue sous le nom de Marianne, lorsqu'il voit tout ce que cette femme extraordinaire a fait pour une fille chérie, combien elle ressemble peu à l'idée qu'il s'en était faite, il ne lui pardonne point, mais il lui demande pardon, au contraire, des persécutions qu'il lui a fait éprouver. Il fait plus : son fils Isidore était devenu amoureux de Sophie, et n'avait trouvé le moyen d'en approcher que travesti en commissionnaire : reconnu par Mme de Ferval, il en avait reçu son congé ; Sainville consent à l'union des deux jeunes amans.

Cette piece, d'un intérêt puissant, est remplie de détails délicieux, soit de morale, soit de sensibilité, soit même de gaîté dans les personnages accessoires.

La musique est du citoyen Daleyrac, qu'il suffirait de nommer ; elle est parfaitement assortie aux divers tons des personnages. Tous les morceaux en ont été fort applaudis ; plusieurs méritent une distinction particuliere, entre autres un duo entre Marianne et sa voisine bavarde, rôle parfaitement tenu par la citoyenne Gonthier ; celui de Marianne ne l'est pas moins bien par la citoyenne Lefevre-Dugazon, qui n'a rien perdu de son énergie. On trouve la perfection, peut-être, dans la maniere dont celui de Sophie est rendu par la citoyenne Saint-Aubin. On doit aussi les éloges accoutumés à la citoyenne Carline et au citoyen Dozainville.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 2e année, 1796, tome II, p. 215-219 :

Parmi les nombreux succès que les citoyens Marsollier et Daleyrac ont obtenu sur la scène de l’Opéra-Comique-National, ils n’en ont point eu de plus flatteur et de plus mérité que le jour de la première représentation de Marianne ou la tendresse maternelle, jouée pour la première fois le 19 messidor, le sujet en a paru neuf et les détails ont fait le plus grand plaisir ; en voici le cannevas.

Madame de Sainville est l’épouse d’un officier qui s’est marié avec elle contre la volonté d’un oncle qui n’a pas cessé de les persécuter depuis ce temps-là. Sainville est allé servir en Amérique ; il y cherchoit la fortune, pour revenir partager avec son épouse l’existence qu’il auroit acquise, il y a trouvé la mort. Madame de Sainville a une fille nommée Sophie; elle a été sa gouvernante, son amie, son institutrice, et l’ame noble et naïve de Sophie a répondu à ses soins ; ses talens ont été cultivés par sa mère seule, qui en possède quelques-uns à un haut degré, et qui a même trouvé des ressources dans celui de la peinture. Ces deux femmes intéressantes occupent une maison retirée. Cependant madame de Sainville apprend que l’oncle de son mari, qui porte le même nom, renouvelle ses poursuites, et qu’il veut lui enlever cette aimable Sophie, le fruit de leur union. Elle emploie un moyen singulier pour le lui soustraire, c’est de prendre l’habit d’une servante, et, sous le nom de Marianne, de passer pour celle de Sophie et de sa mère, qui se fait appeler madame de Beauval ; elle suit ce projet depuis quelque temps, et on ne la connoît dans le quartier que sous le nom de Marianne.

Sophie et sa mère ne voient personne; l’entrée de leur maison n’est permise qu’à Bernard, homme de peine, qui porte le bois et aide Marianne dans les travaux au-dessus de ses forces, et un joli petit commissionnaire nommé Isidore, qui porte les lettres. Sophie éprouve à la vue de ce commissionnaire un sentiment vif et tendre ; elle se doute bien qu’il n’est pas le commissionnaire de tout le monde, qu’il n’est que le sien, et en effet, Isidore est un jeune homme né dans l’opulence. Eperduement épris de Sophie, il a même engagé Bernard à lui faire tenir une lettre, et celui-ci s’en est chargé.

Mais la femme de Bernard n’est pas aussi bonne que son mari ; c’est une bavarde impitoyable et acariâtre ; elle vient d’entrer au service d’un homme du voisinage ; elle vient voir Marianne qu’elle engage à dire du mal de madame de Beauval, sa maîtresse, et elle lui dit tout ce qu’elle sait de son maître, qu’elle lui apprend être M. de Sainville. Marianne craint pour sa fille; elle sait aussi de madame Bernard qu’Isidore est un amant déguisé. Marianne demande à sa fille si elle s’en est apperçu ; elle lui avoue ingénuement que oui, et le plaisir qu’elle éprouve à le voir ; M. de Sainville, à qui madame Bernard a parlé du talent de madame de Beauval pour la peinture, lui apporte un portrait à copier, Sophie le regarde, c’est celui de son père, son émotion la trahit : M. de Sainville conçoit des soupçons, il demande à voir madame de Beauval, qui, selon ses conjectures, doit-être l’épouse de son neveu, cette feme qu’il abhorre : on se refuse à ses désirs sous différens prétextes ; ces refus l’éclaire ; il reste seul avec Marianne ; il la questionne, on pense bien qu’il n’en peut rien obtenir : il sort ; Marianne va chercher un autre asile pour sa fille, et en sortant, elle lui donne une lettre de congé pour Isidore qu’elle doit voir seulement un moment, et pour la dernière fois ; l’entrevue de ces aimables enfans est très-intéressante, leur entretien plein de naturel et de grace. Isidore va se séparer de Sophie, quand le bon Bernard entre comme un furieux ; il veut faire sauver Sophie : la maison se remplit d’hommes de police, qui suivent M. de Sainville. Marianne accourt. M. de Sainville veut voir madame de Beauval, nouveau refus ; muni de son ordre, il parcourt toute la maison, et ne trouve personne ; il devient furieux, il ordonne d’exécuter la volonté du ministre, d’enlever Sophie. Marianne la défend ; elle déclare ne pas vouloir s’en séparer. M. de Sainville est étonné de cette résistance de la part d’une servante ; enfin on emmène Sophie ; mais celle-ci s’élance des bras des ravisseurs, court dans ceux de Marianne, en criant je ne quitterai pas ma mère; Marianne, reconnue comme madame de Sainville, déclare tout. M. de Sainville lui demande si elle seroit assez généreuse pour pardonner à quelqu’un qui lui auroit fait beaucoup de mal, elle répond que oui. Eh bien, dit-il, votre ame est plus grande que la mienne, car je ne me pardonnerais pas celui que je vous ai fait ! Sainville, qui a reconnu son fils dans le jeune Isidore, le marie avec Sophie sa cousine, et tous ne font plus qu’une famille.

Ce petit drame a produit le plus grand effet ; le dialogue en est extrêmement piquant, et la musique parfaitement adaptée au sujet ; on a surtout distingué quelques romances et le duo entre la bavarde madame Bernard et l’intéressante Marianne.

Les acteurs se sont tous surpassés ; il est impossible de jouer avec plus d’énergie et de chaleur que la citoyenne Lefevre, de montrer plus de naturel et de grace que les citoyennes Saint-Aubin et Carline, une vérité plus piquante que la citoyenne Gonthier et le citoyen Dogainville ; le citoyen Granger a également rempli son rôle avec noblesse, et il lui a donné le vrai caractère qui lui convenoit ; le public a demandé les auteurs et els acteurs our leur exprimer sa vive satisfaction.                       A. L. M.

Annales dramatiques: ou, Dictionnaire général des théâtres, tome sixième (1810), p. 115 :

MARIANNE, opéra en un acte, par M. Marsollier, musique de M. d'Aleyrac, à l'opéra-comique, 1795.

Cette pièce, à laquelle on peut reprocher des événemens trop peu naturels, trop brusques et trop multipliés, est remplie de détails intéressans. L'auteur a su ménager, avec beaucoup d'art, des scènes pleines de gaîté et des plus beaux sentimens de la nature. La musique en est fort agréable; elle est parfaitement adaptée aux situations des personnages; enfin, elle est simple et sans ornemens étrangers au sujet.

D'après la base César, 19 représentations en 1796 (à partir du 7 juillet), 6 en 1797, 19 en 1798, 8 en 1799, toutes au Théâtre Italien (salle Favart).

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