Marot et sa Servante

Marot et sa Servante, vaudeville en un acte, de Lafortelle, 7 messidor an 8 [26 juin 1800].

Théâtre Montansier-Variétés

Almanach des Muses 1801

 

Courrier des spectacles, n° 1210 du 8 messidor an 8 [27 juin 1800], p. 2 :

Théâtre Montansier.

Clément Marot avoit réussi aux Troubadours. Une autre anecdote de la vie de ce poëte célèbre, le père du Vaudeville, a fourni à un jeune auteur le sujet de Marot et sa Servante, donné hier avec succès à ce théâtre.

Clément Marot vit dans la solitude , et n'a pour la partager que Jeanne, sa servante, qui le sert depuis l'enfance, et son ami, le joyeux Rabelais. Marot, qui a écrit contre la Sorbonne, a excité la haine de ses ennemis secrets, et entr'autres d'un certain Caffardini, qui vient d'obtenir de la cour un ordre de le conduire en prison. Un des amis de Clément le prévient de ce complot, et Rabelais ménage dans la maison une retraite sûre où il cache son ami. Caffardini arrive bientôt et ne trouve que la servante, dont il est épris, et qui, d'après l'instruction reçue de Rabelais, lui avoue que son maître est en fuite. Etonné de cette nouvelle inattendue, Caffardini cherche à découvrir dans les papiers de Marot quelque nouveau chef d'accusation. Une lettre tombe dans ses mains : elle annonce l'envoi d'un manteau, d'un pâté, d'une cassette, de la part de la reine Marguerite. Caffardini, persuadé de l'absence de son rival, reçoit et s'approprie le tout sous le nom supposé de Marot. Jeanne elle-même le fait passer pour tel, lorsque des gardes de la Reine de Navarre se présentent. Caffardini s'imaginant qu'ils ont à lui remettre la cassette et les présens, déclare se nommer Clément Marot. A ce nom on lui montre un ordre d'aller en prison. Grand embarras pour l'hypocrite, qui désavoue ce qu'il a avancé. On va l'entraîner, lorsqu'un ordre survient, déclare Marot libre et constitue son dénonciateur prisonnier. Caffardini pour cette fois est obligé de décliner son vrai nom et de suivre les gardes.

Tel est le fonds de ce vaudeville, applaudi vivement dans le commencement, un peu froid au milieu, et relevé à la fin par des couplets assez ingénieux, parmi lesquels nous citerons celui-ci :

Rabelais.

Air : . . . . .

          Quand un serpent
     Cauteleux et rampant
Sifle, se dresse et vous menace,
          Sur l'ennemi
     Loin d'aller à demi,
Il faut l'écraser sur la place.
     Que par l'espoir trompé,
     Le bras qui l'a frappé
Ne se désarme ou ne s'arrête :
     Epuise son venin
               Soudain,
     Car il mordrait demain
               La main
Qui ménage aujourd'hui sa tête.

L'auteur a été demandé, et l'on est venu nommer le citoyen Lafortelle, qui a prêté, quoique avec ménagement, à ses personnages le langage du siècle où ils vivoient.

F. J. B. P. G***.

 

Porte-feuille français Pour l'An IX (1801), deuxième année, p. 260 :

Marot et sa Servante, vaudeville en un acte, de Lafortelle et C***, représenté le 8 Messidor.

De la gaîté, quelques couplets bien tournés pouvaient faire espérer que cette bluette se jouerait pendant quelque tems ; mais elle a été mise de côté à la cinquième ou sixième représentation.

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