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Marton et Frontin, ou Assaut de valets

Marton et Frontin, ou Assaut de valets, comédie en un acte et en prose, par Jean-Baptiste Dubois, 25 nivose an 12 [15 janvier 1804].

Théâtre de Louvois

Titre :

Marton et Frontin, ou Assaut de valets

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose

Musique :

non

Date de création :

25 nivôse an XII (15 janvier 1804)

Théâtre :

Théâtre de Louvois

Auteur(s) des paroles :

Jean-Baptiste Dubois

Almanach des Muses 1805

Comédie à deux personnages, des déguisemens à chaque scène, peu de vraisemblance, de l'esprit et beaucoup de gaieté ; du succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Masson, an XII – 1804 :

Marton et Frontin, ou Assaut de valets, comédie en un acte, en prose, Par J. B. Dubois ; Représentée sur le Théâtre de Louvois, par les Comédiens Sociétaires de l'Odéon, le 25 Nivôse an 12. (15 Janvier 1804.)

Courrier des spectacles, n° 2513 du 26 nivôse an 12 [16 janvier 1804], p. 2-3 :

[La pièce est un combat assez confus entre deux domestiques, sans ce qu’on trouve dans les autres pièces : ni tuteur, ni amants, ni femme pour veiller sur la jeune fille. Ici, « un valet et une soubrette » qui rivalisent pour être au service d’une madame Nelval qu’on ne verra pas. Marton ne veut pas que Frontin vienne travailler chez elle, et Frontin tient à entrer dans la maison. La rivalité conduit chacun à tenter de tromper l’autre, en utilisant le moyen si pratique dud éguisement, Frontin s’habillant comme son maître, puis comme un campagnard, Marton se costumant comme sa maîtresse. Frontin, déguisé en campagnard, réussit à faire avouer qu’elle regrette son absence. C’est le moment de se réconcilier. Beaucoup d’invraisemblances, un seul moyen pour les deux personnages de se venger, mais la pièce vaut par son rythme, des détails agréables, un dialogue piquant, et plus encore le jeu des deux acteurs, qui ont été demandés, de même que l’a été l’auteur.]

Théâtre Louvois.

Première représent, de Marton et Frontin ou Assaut de Valets.

                               ... II faudra batailler :
Tant mieux! c’est où je bride , et j’aime à ferrailler.

Telle est la devise qu’ont adoptée les deux héros de la piece nouvelle, qui n’est qu’une lutte continuelle où le spectateur a bien de la peine à suivre les coups portés et parés rapidement de part et d’autre. Il n’y a point ici de tuteur à tromper, point d’amans à favoriser, point de duegnes à désoler ; c’est un valet et une soubrette en présence ; c’est Frontin, c’est Marton, les plus honnêtes, comme les plus adroits de la grande famille de la valétaille, qui dans la même maison se disputent l’honneur de servir madame de Nelval.

Marton tient à ses profits et ne veut point un second avec qui elle soit obligée de partager : Frontin est sans place ; mais son maître, ancien colonel, oncle de la dame, a vivement desiré en partant, deux jours auparavant, qu’il entrât au service de sa niece.

Dans l’absence de celle-ci il se présente à Marton, qu’il accable de politesses, et dont ensuite il tourne en ridicule la crédulité. Pour se venger elle lui dit qu’on attend pour l’aider un campagnard des environs d’Angoulême, et même lui montre un écrit qui ôte à Frontin l’espoir de réussir. Que faire ? Il s’empare de l’écrit et sort ; mais bientôt après il reparoit couvert d’un habit de colonel, fait les reproches les plus violens à Marton, qui ne le rcconnoit pas, et il finit par la renvoyer. Tandis qu’elle va préparer le paquet de ses hardes, il reprend son costume, et souhaite à Marton un bon voyage. Celle-ci, qui a quelque soupçon, revêt les habits de sa maîtresse et rentre dans la maison.

Frontin a repris de son côté le costume de Colonel, et tous deux ainsi trompés par leur déguisement mutuel, craignent le moment de l’explication. Frontin le premier avoue sa supercherie à la fausse madame de Nelval, qui prête à se trahir, se cache de nouveau sous son voile ; et feignant de lui pardonner, consent à le prendre à son service. Alors la maligne soubrette affectant un caractère vif et impatient, ordonne, exige vingt commissions à la-fois. Frontin court, revient, sue sang et eau sans rien faire, et enfin envoie au Diable un service aussi pénible. La maîtresse supposée perd patience, et un soufflet est le prix des murmures du valet. Il sort mécontent ; mais au-paravant il va chercher l'habit de son maître caché dans un Cabinet voisin. Dans cet instant, Mad. de Nelval redevient Marton, dont le sourire ironique éveille les soupçons de Frontin. Il part pour reparaître ensuite sous le costume du Campagnard attendu d’Angoulème. Son air gauche trompe Marton à qui il dit des vérités un peu dures, et lorsqu’il la voit regretter Frontin qu’elle a chassé, il se découvre et la paix est signée.

On pourroit presque compter dans cette pièce autant d’invraisemblances que de scènes : on pourroit reprocher à l’auteur d’avoir donné à ses deux personnages les mêmes moyens de se venger et d’avoir ainsi doublé des situations piquantes, mais la rapidité de l’action, l’agrément des détails, le piquant du dialogue et sur-tout le jeu plein de verve et de comique de Picard jeune, et de Mlle Molière, qui ont véritablement fait assaut de talens, ont fait oublier ce que l’ouvrage pouvoit avoir de défectueux. L’auteur vivement demandé est M. Dubois ; Picard et Mlle Molière ont aussi été appelés après la représentation et couverts d’applaudissemens.

Magasin encyclopédique ou journal des sciences, des lettres et des arts, neuvième année, tome quatrième, p. 539 :

Marton et Frontin , ou Assaut de Valets , comedie en un acte et en prose.

Les pièces à deux acteurs roulent sur des travestissemens qui les rendent toujours invraisemblables. Il faut à l'auteur beaucoup d'esprit, et aux acteurs beaucoup de talent, pour leur procurer même un petit succès. Celle-ci aura sans doute le même sort que les autres, et n'ira pas loin.

Picard jeune et M.lle Molière y déploient beaucoup de finesse et de variété dans leur jeu. L'auteur est M. Dubois.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome sixième, ventôse an XII [février 1804], p. 285-286 :

[Une bluette invraisemblable, le jugement porté d’emblée est confirmé par le résumé d’une intrigue sans consistance, où deux serviteurs passent leur temps à se déguiser, assez vainement d’ailleurs. Le seul mérite de cette pièce, c’est « la vivacité du dialogue, des traits heureux » et le jeu des deux acteurs qui ont fait le succès d’une pièce dont l’auteur « s’appelle Dubois » (serait-ce un inconnu ?).]

Assaut de Valets, en un acte en prose.

C'est une bluette spirituelle ; mais le malheur de ces prétendus tours de force, c'est de ne pouvoir se concilier jamais avec la vraisemblance.

La pièce n'a que deux personnages ; une soubrette qui, restée seule à la maison, espère profiter de l'absence de sa maîtresse pour en interdire l'entrée à un valet qui doit se présenter. Celui-ci, qui surprend Marton dans l'instant où elle contrefait une lettre, oppose la finesse à la ruse, se déguise en vieux marin, protecteur de Frontin, et menace la soubrette de la faire chasser si elle persiste à s'opposera sa réception. Marton se déguise à son tour, prend les habits de sa maîtresse pour confirmer Frontin et son protecteur dans l'idée qu'on ne veut pas de ce valet dans la maison ; mais ils se reconnaissent tour à tour et se déjouent mutuellement. Enfin, comme le but de Marton est de faire entrer à la place de Frontin une espèce d'imbécille, afin d'être plus libre et moins surveillée, Frontin prend l'habit et les manières du niais qu'on attend, se présente, et sous ce déguisement dégoûte Marton de la préférence qu'elle veut accorder. Tout finit par s'arranger à l'amiable, et les deux fourbes sentent réciproquement qu'il vaut mieux être d'accord que de courir les risques de la division.

On voit d'un coup-d'œil combien de suppositions il faut dévorer pour rendre ces déguisemens un peu vraisemblables, et sur-tout que la soubrette n'est pas assez fine pour soutenir l'assaut avec Frontin.

Néanmoins la vivacité du dialogue, des traits heureux, et sur-tout le jeu de Mlle Molière et de Picard le jeune ont fait réussir pleinement ce petit ouvrage. On a demandé l'auteur, qui s'appelle Dubois.

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