La Nouvelle cacophonie

La Nouvelle cacophonie, ou Faites donc aussi la paix, bluette / impromptu pacifique en un acte mêlée de vaudevilles, d’Armand Gouffé, 15 Floréal, an 5 [4 mai 1797]

Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale

Almanach des Muses 1801

Sur la page de titre de la brochure, Paris, Barba, an V :

La nouvelle Cacophonie, ou faites donc aussi la paix, impromptu pacifique, en un acte, mêlé de vaudeville, par Armand Gouffé, Représenté sur le Théâtre de la Cité ; le 15 Floréal, an cinquième [4 mai 1797].

La date de la brochure ne concorde pas du tout avec celle de l'Almanach des Muses... Mais elle est confirmée par le Courrier des spectacles du 16 floréal an 5 [4 mai 1797]. On retrouve toutefois, à la date du 4 brumaire an 8 [26 octobre 1799], dans le numéro 977, la mention de la première représentation de la Nouvelle Cacophonie, tandis que le numéro 978 du lendemain annonce la deuxième représentation. Je n’ai pas trouvé d’explication de ces indications (dans la base César, ces deux dates sont celles des dernière représentations de la pièce au Théâtre de la Cité, mais l'annonce de la représentation précédente, celle du 30 vendémiaire [22 octobre] est faite de façon normale).

Courrier des spectacles, n° 119 du 16 floréal an 5 [5 mai 1797], p. 3 :

[Le moins qu’on puisse dire, c’est que le critique n’apprécie pas la nouvelle production, dont il dit d’emblée tout le mal qu’il pense (pas d’intrigue, même pas de division en scènes, bref, une mauvaise reprise d’une autre pièce, la Cacophonie de Robineau, dit Beaunoir, créée en 1779, mais souvent jouée en 1797, 1798 et 1799). Il résume ensuite cette absence d’intrigue en soulignant l’incongruité de certains propos, qui doivent choquer « tous les honnêtes gens ». Elle montre un personnage qui se lance un défi qu’on retrouve souvent au théâtre du temps, boire un verre pour fêter chaque victoire française. Il évoque également un incident, l’intervention d’un spectateur qui a paru souhaiter la victoire des Anglais, mais qui n’était qu’un rentier ruiné. La pièce est de plus mal écrite. Le critique en donne un exemple (une faute de prosodie), tout en laissant entendre qu’il y en a bien d’autres). Résultat : succès (applaudissements, couplets répétés, auteur nommé), mais ce dernier se voit reprocher d’avoir écrit une telle pièce qui a « le malheureux privilège de perdre le goût » (un des nombreux exemples de l'affirmation de la décadence non seulement du théâtre, mais du goût).]

Théâtre de la Cité.

La bluette donnée hier à ce théâtre sous le titre de la Nouvelle Cacophonie, ne méritoit point en effet d’être annoncée autrement, puisqu’il n’y a nulle intrigue, et l’on pourroit presque dire pas de distinction de scènes. C’est au total une très-mauvaise copie de la petite pièce de la Cacophonie reprise depuis peu au théâtre d’Emulation.

Un soldat s’amuse à boire dans un cabaret où sont grand nombre d’individus qui boivent comme lui, mais qui sont presque tous personnages muets ; il n’a pour interlocuteur que sa femme, un marchand de chansons et un niais. Le soldat veut boire un verre de yin à chaque victoire de nos armées, et l’entreprise est forte. De-là beaucoup d’applications aux triomphes des armées. Le chansonnier a son recueil composé de toutes chansons du même genre, à la différence que quelques-unes renferment de petits rapprochemens qui, quoique applaudis par une certaine classe de personnes, nous semble mériter, dans un pays catholique, au moins pour une partie, l’indignation de tous les honnêtes gens ; tel est celui où, très-ingénieusement et très-philosophiquement, l’auteur met sur la même ligne l’Enfant-Jésus et Mahomet.

Ce qui a fait donner à ce beau verbiage le titre de Cacophonie, c’est qu’au moment où le chansonnier célèbre d’avance les victoires que la République doit remporter sur les Anglais, un personnage se lève d’une loge et annonce que les Anglais se défendront ; un autre prêche la paix ; un troisième, sous le costume des Jacobins, soutient que celui qui vient de parler est un aristocrate ; mais une actrice devine très-spirituellement que c’est un rentier, parce qu’il est au quatrième, et dans un habillement fort malheureux.

Le style répond au reste de l’ouvrage ; on y entend, dans un vers chanté,

L’ennemi paie les violons ;

apparemment que l’auteur croit que quand on chante, on peut faire entrer paie en vers sans élision, etc. etc.

Au reste, grands applaudissemens, des couplets répétés, l’auteur demandé à grands cris. Pour nous, nous avons été fâchés d’apprendre que c’est M. Armand Gouffé, qui, après avoir fait des ouvrages agréables, prostitue ainsi son talent à des bluettes, c’est-à-dire, à des productions qui, sous ce titre modeste , ont le malheureux privilège de perdre le goût.

L. P.

D'après la base César, la pièce a été jouée 19 fois du 4 mai 1797 (c'est la date de création proposée par la brochure) au 27 octobre 1799 (18 fois au Théâtre de la Cité, 1 fois au Théâtre de Montansier).

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