La Nouvelle Eve

La Nouvelle Ève, comédie en prose & en un acte; de Boyer, le fils, 28 novembre 1793.

Théâtre du Lycée des Arts.

Titre :

Nouvelle Eve (la)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose

Musique :

non

Date de création :

28 novembre 1793

Théâtre :

Théâtre du Lycée des Arts

Auteur(s) des paroles :

Boyer le fils

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 2 (févier 1794), p. 326-329 :

[Une arlequinade comme le temps en connaît beaucoup. Le compte rendu se limite à raconter l’intrigue, et ne contient pas le moindre jugement.]

La nouvelle Eve, comédie en prose & en un acte; par M. Boyer, le fils.

M. Cassandre & sa femme sont perpétuellement en dispute, & il ne leur faut que le moindre motif, pour donner course à leur mauvaise humeur. Doit-on s'étonner, d'après cela, que Mme. Cassandre s'obstine à soutenir que notre mere Eve eût le plus grand tort de se laisser tenter, & de contraindre Adam à manger la fatale pomme qui a fait un si grand tort à toute sa postérité ? M. Cassandre n'est point du tout de cet avis, & il proteste que ce fut moins par sa faute, que par la faute de la loi, qui le lui défendoit, que Eve se comporta de la sorte ; que d'ailleurs il lui étoit impossible de faire autrement, puisqu'elle étoit femme ; pour vous prouver ce que j'avance, ajoute alors M. Cassandre, je parie que si je vous défendois de faire, je ne dis pas une chose purement indifférente, mais une chose qui pourroit même vous être préjudiciable, vous ne sauriez vous empêcher de la faire. Quelle folie, s'écrie Mme. Cassandre! Eh bien ! pour vous punir de la mauvaise opinion que vous avez de moi, j'accepte le pari.

Il est donc convenu que, si avant le retour de M. Cassandre, sa femme entre dans le cabinet voisin, elle perdra cent écus, que son mari lui payera. Au contraire, si elle résiste à la tentation d'y entrer.

A peine M. Cassandre est-il sorti, que Mme. Cassandre, réfléchissant sur la gageure qui vient d'être faite, ne peut pas concevoir comment il est possible que son mari ait voulu hasarder, sans raison, la somme qui doit en être le produit. Eh ! oui, il a quelque raison, & vraisemblablement il aura fait cacher quelque femme dans ce malheureux cabinet ! Cette idée tourmente Mme. Cassandre, qui s'approche de tems-en-tems de la porte, mais qui s'arrache bientôt du sallon, pour ne pas trouver l’occasion de perdre la gageure.

Cependant, Arlequin qui aime Argentine de tout son cœur, & qui étoit venu la voir quelques instans auparavant, reparoît travesti en bouquetiere, & vient renouveller à cette charmante personne les protestations de ses tendres sentimens. Mais, ô ciel ! la voix de Mme. Cassandre se fait entendre dans l'antichambre ; Argentine est perdue, si Arlequin, que sa maîtresse lui a défendu de voir, ne parvient à se soustraire aux regards de Mme.Cassandre irritée. Arlequin court donc se cacher dans le cabinet. Notre nouvelle Eve rentre, & renvoie Argentine ; elle ne peut plus résister au désir qu'elle a d'entrer dans le cabinet, elle en entr'ouvre la porte, & jette un grand cri, en appercevant des habits de femme. Grand Dieu ! dit-elle, après avoir fermé le cabinet, & en. avoir ôté la clef, voilà ce que te craignois, & mes pressentimens n'étoient que trop bien fondés. Si M. Cassandre me demande, dit-elle, à Argentine qui est survenue, je suis dans mon appartement.

Bon, dit la bien-aimée d'Arlequin, je vais .délivrer mon cher ami. Mais Argentine propose, & Mme. Cassandre a disposé, en emportant la clef. Comment Arlequin s'y prendra-t-îl pour sortir, que faut-il faire? Pendant qu'Argentine se concerte à ce sujet avec le prisonnier, M. Cassandre, qui épie sa femme, entre sans bruit & n'entend pas, sans indignation, un homme caché dans le cabinet parler de Mme. Cassandre. Il s'emporte & témoigne son indignation à Argentine ; Mme. Cassandre arrive ; grands reproches de ce qu'on a caché une femme dans le cabinet ; grands reproches de ce qu'on y a fait entrer un jeune homme. On veut mutuellement se confondre ; Mme. Cassandre ouvre la porte, Arlequin sort. — Mais, la femme que j'ai vue ?--La voilà, répond celui-ci, en montrant les habits avec lesquels il s'étoit déguisé. Vous vous étiez donc introduit ici pour faire la cour à Argentine, s'écrie Mme. Cassandre ? — Vous avez donc eu la curiosité de regarder dans le cabinet, s'écrie M. Cassandre ? — Sortez, dit la premiere, aux deux domestiques , je ne veux plus vous voir. — Payez - moi, dit le second, les cent écus de la gageure que vous avez perdue. On s'explique : Mme. Cassandre commence à comprendre qu'elle a eu tort de blâmer Eve ; mais elle ne veut pas en convenir; & M. Cassandre, pour arranger toutes choses, condamne sa femme à payer le montant de la gageure à Arlequin, à cause de la leçon qu'il lui a donnée, & lui fait présent d'une pareille somme à Argentine, pour lui servir de dot. Mme. Cassandre se rend, & Arlequin & Argentine sont unis.

(Journal des spectacles.)

La base César connaît bien une Nouvelle Eve, jouée à 6 reprises au théâtre du Lycée des Arts, à partir du 28 novembre 1793 et jusqu’au 3 février 1794. Mais c’est une pièce en trois actes (et non un) et elle est attribuée à Pierre Hourcastrem. A tort, selon, André Tissier, les Spectacles à Paris pendant la révolution, tome 2, p. 497 qui l’attribue bien à Boyer fils, et lui connaît 7 représentations. La note 13 de cette page 497 indique à son propos :

Il avait 16 ans en 1793, était-il annoncé lors de la création de sa comédie en 1793. Le Bienfait récompensé, qui est donné comme étant de Michel Boyer, en octobre 1794, et toujours au Lycée des Arts, ferait penser qu'il s'agit du même auteur.

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