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Le Niais espiègle ou le Rival maladroit

Le Niais espiègle ou le Rival maladroit, vaudeville en un acte ; 18 avril 1812.

Théâtre du Vaudeville.

Almanach des Muses 1813.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1812, tome II, p. 427-428 :

Le Niais espiègle, ou le Rival mal-adroit, vaudeville joué le 18 avril.

On a donné, il y a plusieurs années, au théâtre des Variétés, une petite comédie assez bien faite, intitulée le Niais de Sologne. Dans cette pièce, un normand, dont tout l'extérieur annonce le nigaud le plus balourd, fait tomber un jeune homme de Paris et un vieux routier en affaires, dans tous les piéges qu'ils lui tendoient à lui-même. A la fin, nanti d'une succession, et possesseur d'une femme qu'on vouloit lui enlever, il les engage à ne pas juger dorénavant les gens sur la mine.

Un auteur du Vaudeville a cru qu'il serait plaisant d'offrir un personnage encore plus bête qu'il n'en a l'air, et c'est le seul point sous lequel il ait réussi.

Un Baronnet veut s'amuser aux dépens d'un Français aimé de la jeune Ophélie que notre niais doit épouser. Il s'avise d'une espiéglerie, c'est d'introduire son rival dans la maison de sa future, pour lui déclarer ensuite qu'il n'a voulu que l'inviter à sa noce. Le jeune homme se fait connaître pour un marquis, et supplante son introducteur.

L'auteur avoit cru déguiser la foiblesse de son plan par de longs morceaux de musique, romances, rondeaux, duos et trios ; mais la musique, loin de sauver l'ouvrage, y a beaucoup nui. L'auteur n'a pas été demandé.

Journal des arts, des sciences et de la littérature, neuvième volume, n° 147 du 25 avril 1812, p. 117 :

Première représentation du Niais Espiègle, ou le Rival maladroit. (20 avril.)

Dans une pièce donnée il a quelques années à Louvois, et qui; je crois, était intitulée le Portrait du Duc, un sot introduisait auprès de sa maîtresse l'amant préféré, et sa maladresse allait jusqu’à prier son rival de faire en son nom une déclaration à la jeune personne. Le mandataire amoureux mettait, comme on peut le croire, les instans à profit en parlant pour son propre compte ; et lorsque le benêt, témoin de l’entretien, lui témoignait sa satisfaction de la chaleur et du ton de persuasion qui régnaient dans ses discours, eh! mais, lui répondait l'autre, c'est que je me mets à votre place. La pièce, représentée lundi au Vaudeville, offre également un amant assez dupe pour ménager son rival une entrevue avec la femme dont tous deux sont épris; mais si dans le Portrait du Duc, le futur était un sot, ceux dont il était entouré étaient du, moins tous gens d'esprit, et dans la pièce du Niais, on serait tenté de croire que chaque personnage est chargé du rôle principal. Ce n'est point parce que le Niais Espiègle fournit une nouvelle preuve de la difficulté de placer avec succès des caractères doubles sur la scène ; ce n’est pas parce que l’intrigue est faible et le plan mal conçu que la pièce n'a pas réussi. Ce sont là toutes choses sur lesquelles le parterre du Vaudeville ne se montre pas bien sévère ; mais c’est parce que le dialogue est languissant, et que la disette d'esprit se fait trop souvent sentir à des spectateurs habitués à la prodigalité en ce genre. Que de défauts en effet ne rachètent point au Vaudeville une bonne épigramme en couplet bien tourné ! Sous ce rapport, la pièce nouvelle n'a point offert assez de compensations. Je n’y ai guère trouvé qu’une pensée ingénieuse et digne de remarque. Ophellie, riche héritière, veut éprouver son amant, et lui dit qu’elle est-sans fortune. Tant mieux, lui répond celui-ci, car, avec tous les avantages que vous possédez déjà du côté de l’esprit et de la figure, si vous étiez riche encore, on en serait réduit à ne plus oser vous dire qu’on aime. Il y a là de la délicatesse et dans l’idée et dans le tour employé pour la rendre. Le parterre n’a pas paru y faire attention, et le parterre a eu tort ; il faut rendre justice à ce qui mérite d’être loué. C’est par le même esprit d’équité que je donnerai des éloges à Joly ; lui seul a soutenu la pièce jusqu'au bout ; et puisqu’on la redonne, j'engage à l'aller voir ceux qui voudront jouir du spectacle d’un jeune baronnet bien ridicule et bien sot, et entendre baragouiner quelques mots d'anglais à Joly, qui, comme il dit, s'en tire perfectly welI.                   B.

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