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Le Nouveau Ricco

Le Nouveau Ricco, ou la Malle perdue. comédie en deux actes, de M. Aude, 17 prairial an 12 (6 juin 1804).

Théâtre Montansier

Titre :

Nouveau Ricco (le), ou la Malle perdue

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ,

en prose

Musique :

non

Date de création :

17 prairial an XII (6 juin 1804) ?

Théâtre :

Théâtre Montansier

Auteur(s) des paroles :

Aude

Almanach des Muses 1805

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an xiii (1804) :

Le Nouveau Ricco, ou la Malle perdue, comédie en deux actes, de M. Aude. Représentée sur le théâtre Montansier, le 19 fructidor an XII.

La date donnée par la brochure pose un petit problème : le 19 fructidor correspond au 6 septembre 1804, si bien que la première serait postérieure au compte rendu du Courrier des spectacles et du Nouvel Esprit des journaux. Mais ce genre de décalage n’est pas si rare.

Courrier des spectacles, n° 2659 du 19 prairial an 12 [8 juin 1804], p. 2 :

[Le Nouveau Ricco, ici Ricco II, est la suite d’un grand succès, mais qui est monté à la tête de son interprète. La pièce nouvelle n’aura sans doute pas le même destin, parce que c’est « une farce ignoble et peu comique », au langage bas, aux idées grossières : on y rencontre des piliers de cabaret. L’intrigue résumée ensuite repose sur une découverte fortuite : Ricco trouve dans une malle des vêtements luxueux dont il va se servir pour obtenir de la fiancée de leur propriétaire un bon repas, « un peu de pain et de fricot sur le pouce ». La farce tourne court, mais Ricco obtient tout de même de manger à sa faim, mais à la cuisine, sa véritable place. La pièce a réussi, grâce à Brunet, qui sait saisir « les caricatures les plus grotesques », et l’auteur a eu le plaisir d’être nommé. Mais le critique se montre sévère : « comique beaucoup trop bas », « extrême grossièreté » qui n’a pas sa place au théâtre. Les Muses peuvent se relâcher parfois, mais sans oublier qu’elles sont « sœurs des Grâces ».]

Théâtre Montansier-Variétés.

Première Représentation de Rico II.

Ricco, premier du nom, a joui il y a quelques années d’une grande renommée au Théâtre de la Cité. Le principal personnage de cette pièce étoit représenté par Beaulieu, qui à cette époque étoit investi de toute la faveur populaire ; cet acteur n’aspiroit point alors à la gloire de la représentation tragique ; il se contentoit modestement de capter les suffrages des bourgeois de la rue des Marmouzets. Mais lorsqu’il eut ouvert son cœur à l’ambition, qu’il voulut substituer à son humble brodequin la majesté du cothurne, alors il éprouva tout ce que la fortune et l’inconstance ont de rigoureux ; son trône fut renversé, et Brunet s’empara de la succession.

Il est à craindre que Ricco II ne soutienne pas la gloire de son prédécesseur. C’est une farce ignoble et peu comique. Le langage en est bas, les idées grossières ; tout y ressent l’éducation et les mœurs de cette sorte d’hommes qui vivent dans les tavernes, et forment leur style à la Courtille.

Ricco II est un pauvre crocheteur, qui meurt de faim, et passe néanmoins sa vie au cabaret. Sa femme, plus sobre, lui fait inutilement de pathétiques remontrances sur son inconduite : Ricco déclare qu’il ne changera de vie, que quand il aura trouvé l’occasion de faire un repas chenu, et avec une compagnie de considération. La difficulté est donc de trouver la compagnie de considération, et ]e repas chenu.

Le hazard sert Mad. Ricco à souhait. Au moment où Ricco rentre chez lui ivre et chancelant, il tombe sur une malle, se casse le nez, mais découvre que la malle est remplie de superbes habits, de bijoux et de papiers. La joie de cette rencontre fait passer son ivresse ; sa femme 1’aide à déchiffrer un des papiers, et ils apprennent que la malle appartient à M de S. Jean, jeune chevalier, qui vient à Paris épouser Mlle. de Courtenvaux. Dès-lors Ricco se détermine à profiter de l’occasion, pour faire un bon dîner ; mais en galant homme il se propose de rendre la malle aussi-tôt après le repas. Voilà donc qu’il s’affuble des habits de M. le Chevalier, qu’il prépare son discours de présentation, et qu’il quitte Mad. Ricco , pour aller enfin satisfaire le grand désir qu’il éprouve de manger solidement une fois en sa vie.

On se figure aisément la surprise de mademoiselle de Courtenvaux à la vue du chevalier Ricco, qui s’annonce pour son amant. Son étonnement redouble quand il parle, et c’est bien pire quand il demande à manger : Un peu de pain et de fricot sur le pouce.

Ces mots seroient peut-être nouveaux pour la bonne compagnie, s’ils n’avoient été accrédités depuis par quelques illustres personnages, qui nous ont appris à les connoitre. Cependant Mlle, de Courtenvaux se condamne à faire ce que désire M. le Chevalier, lui fait servir à déjeûner, et se retire pour éviter sa société. Ricco, ivre et gavé, s’endort dans ses brillans habits, lorsque le véritable amant est introduit dans le sallon. Quel étonnement de trouver un homme endormi, vêtu de ses habits ! il raconte ses aventures ; on s’apprête à se saisir de Ricco, lorsque sa femme se présente avec la malle, qu’elle rapporte à son légitime propriétaire. Ricco avoue sa suppercherie ; Mlle. de Courtenveaux et le Chevalier lui pardonnent, et. l’envoient à la cuisine achever le repas qu’il a commencé au sallon.

Les grosses bouffonneries de cette pièce, la burlesque pantomime de Brunet, l’art avec lequel il saisit les caricatures les plus grotesques ont fait réussir Ricco II. Le public, enchanté, a demandé l’auteur au milieu des plus vifs applaudissemens, et Brunet est venu annoncer que le plaisir et l’honneur de cette journée étoient dus au génie de M. Aude, auteur des Cadets Roussel.

Cet ouvrage est d’un comique beaucoup trop bas. Le genre burlesque et populaire a aussi ses règles ; l’extrême grossièreté doit en être bannie ; et quand les Muses se permettent quelques instans de débauche, il ne faut pas qu’elles oublient totalement qu’elles sont sœurs des Grâces.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome dixième, messidor an XII, juin 1804, p. 277 :

[Une pièce sans autre intérêt que le jeu de l’acteur Brunet, très populaire dans les rôles d’Arlequin et assimilés. La comparaison avec « ces bêtises à la Jocrisse, à la Cadet-Roussel » n’est pas flatteuse. Encore une histoire de glouton qui emprunte les habits d’un homme du monde pour gagner un bon repas. Pièce un peu décevante, ce qui n’a pas empêché son succès.]

Le nouveau Ricco, comédie en 2 actes.

Cette pièce est une de ces bêtises à la Jocrisse, à la Cadet-Roussel, et que le jeu de Brunet rend si plaisantes. Comme son frère aîné, le nouveau Ricco, commissionnaire, trouve une valise qui renferme les habits de M. de St.-Just ; une lettre l'instruit que cet étranger arrive à Paris, pour épouser Mlle. de Courtenvaux. Ricco, dans la seule intention de faire un bon repas, s'affuble de ses habits, se présente, fait des balourdises, mange et boit : le véritable St.-Just arrive ; Ricco est reconnu ; tout lui est pardonné. L'auteur n'a pas tiré de son sujet le parti qu'il en aurait pu tirer : son Ricco n'est pas aussi plaisant qu'il pourrait l'être. Cependant la pièce, qui a deux actes, a été applaudie ; elle est de M. Aude.

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