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Ninette à la cour, ou le Retour au village

Ninette à la cour, ou le Retour au village, opéra comique de Charles-Simon Favart (1755), livret arrangé par Auguste Creuzé de Lesser, musique nouvelle de Henri François Berton (Berton fils), 21 décembre 1811.

Théâtre de l’Opéra-Comique.

Ninette à la cour, ou le Caprice amoureux est un opéra-comique (comédie mêlée d’ariettes) en trois, puis deux actes et en vers de Charles Simon Favart, le Caprice amoureux, ou Ninette à la cour, représenté pour la première fois le 12 février 1755. Il parodiait Bertholdo in corte. La musique était de Vincenzo Ciampi et de divers compositeurs (renseignements dus à Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 177-178, qui donnent une liste des compositeurs parodiés qui ont été identifiés : Ciampi, Cocchi, Jommelli, Latilla, V. Legrenzio, Orlandini (?), Pergolesi (?), Porpora, Ronaldo di Capua; Sellitto, Vinci.)

Titre :

Ninette à la cour, ou le Retour au village

Genre

opéra comique

Nombre d'actes :

3, puis 2

Vers ou prose ?

en vers

Musique :

oui

Date de création :

12 février 1755, avec nouvelle musique le 21 décembre 1811

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique en 1811

Auteur(s) des paroles :

Charles Simon Favart

Compositeur(s) :

en 1811, Henri-François Berton (Berton fils)

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1812, p. 282-284 :

[L’article est placé sous l’autorité d’Horace, dont il cite les vers 59 à 62 de l’Art poétique – avec traduction : les lecteurs ne sont pas d’assez bons latinistes qu’il faille leur simplifier ainsi la lecture ? – pour dire que la musique, tout comme « les mots anciens », a une vie éphémère. Les réflexions qu’il en tire donnent une image peu flatteuse de la musique telle qu’on la conçoit alors. Le musicien en tire bien sûr la conclusion qu’il faut profiter d’une gloire qu’il sait courte. Impossible de prédire le destin de la nouvelle musique, dont le critique reconnaît le succès, justifié pour une œuvre de « jeune homme qui manque de confiance, et qui n'ose encore s'abandonner à ses inspirations », où il y a de la grâce et de la simplicité, et même parfois de l’intelligence et de l’adresse pour s’adapter au sujet. C’est « dans la partie du chant » qu’il est manque, « en général, de verve et de variété ». Mais l’ensemble « ne peut que faire honneur à M. Berton fils ». Il faut se réjouir de voir reparaître une oeuvre qu’on considère comme « l'une des plus aimables productions de Favart ». Certes, il ne s’agit que d’« une imitation d'un opéra italien ; et c'est dire assez qu'il n'y faut chercher ni beaucoup d'intérêt, ni beaucoup de vraisemblance », mais elle pleine de l’esprit et de la grâce qu’on reconnaît à Favart. Et les interprètes l’ont remarquablement bien jouée.]

Ninette à la Cour, remis au théâtre, avec une nouvelle musique.

Ut sylvœ foliis pronos mutantur in annos,
Prima cadunt : ità verborum vetus interit ætas
Et juvenum ritu florent modò nata, vigentque.

« Comme les arbres changent de feuilles dans le cours de l'année, et que les premières venues tombent pour faire place à de plus nouvelles ; ainsi les mots anciens périssent de vieillesse, tandis que de nouvelles expressions se parent de tout l'éclat et de toute la vigueur du jeune âge ». Ce qu'Horace disait avec tant de vérité des expressions, pourrait s'appliquer plus rigoureusement encore, du moins en France, aux vicissitudes de la musique. Ou les règles de cet art léger sont bien mal connues encore, ou l'influence de la mode a sur elles un bien grand empire. Et si la première de ces deux suppositions est moins flatteuse pour l'amour-propre des musiciens, la seconde devrait au moins leur inspirer une grande modestie. Doit-on effectivement attacher un extrême intérêt à des productions dont l'existence est si rapide ; et faut-il être bien glorieux d'arracher des applaudissemens avec des accords qui, dans quelques années peut-être, n'exciteront plus que le dégoût et l'ennui ? Mais je me trompe ; voilà précisément sans doute ce qui rend le musicien plus sensible à la critique que le poëte lui-même. On a peu de temps à vivre, il faut bien en profiter; car on n'a pas même, en cas de disgrace, la triste ressource d'un appel à la postérité. Combien de musiciens fêtés, courus, applaudis se sont misérablement survécus à eux-mêmes !

J'ignore quelle sera la destinée de la nouvelle musique de Ninette à la Cour ; mais puisque l'auteur a bien tué son devancier, pourquoi, quelque jour, ne lui rendrait-on pas la pareille ? Au demeurant, quel que soit le sort qui l'attend, il ne peut que se féliciter de l'heureux succès de sa tentative. Sa musique a été accueillie avec une bienveillance soutenue, qu'elle méritait à beaucoup d'égards ; il est facile d'y reconnaître l'ouvrage d'un jeune homme qui manque de confiance, et qui n'ose encore s'abandonner à ses inspirations ; mais on y remarque aussi de la grace, de la simplicité ; et dans quelques endroits même, elle paraît s'adapter au sujet avec beaucoup d'intelligence et d'adresse. L'ouverture est d'une bonne facture, et remplie de motifs piquans, heureusement développés. Plusieurs accompagnemens sont pleins de charme et de mélodie ; mais l'auteur a été moins bien inspiré dans la partie du chant : ses airs manquent, en général, de verve et de variété. Cependant, on en a applaudi quelques-uns avec justice ; entr'autres celui que chante Mme. Gavaudan dans la deuxième scène du deuxième acte, et on l'a même fait répéter. Au total, cette production ne peut que faire honneur à M. Berton fils, s'il débute dans la carrière, et elle ajoutera même à sa réputation, si elle est déjà commencée.

Les amateurs de l'esprit uni à la grace lui doivent encore des remercîmens pour le plaisir qu'il leur a procuré en contribuant à faire reparaître cette Ninette, l'une des plus aimables productions de Favart. Ce n'est qu'une imitation d'un opéra italien ; et c'est dire assez qu'il n'y faut chercher ni beaucoup d'intérêt, ni beaucoup de vraisemblance ; mais l'imitateur a couvert ce fond stérile par de si jolis détails, il y a répandu tant d'esprit et de grace, que l'on est tout surpris de trouver autant de fraîcheur à un opéra-comique qui compte près de soixante aimées d'existence, et qu'il est permis de soupçonner qu'une bagatelle d'une constitution si robuste pourra fort bien enterrer encore plus d'un musicien et plus d'une musique.

Au reste, les acteurs n'ont rien épargné pour faire sentir tout le prix de cet ouvrage. Mme. Gavaudan a fait preuve, dans le rôle de Ninette, d'une finesse, d'une intelligence et d'un naturel parfait, et Martin a donné au personnage de Colas la physionomie la plus plaisante.

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