Les Orgues de Barbarie

Les Orgues de Barbarie, comédie en un acte, en prose, mêlée de couplets, de Sewrin [et Chazet], 11 juillet 1811.

Théâtre des Variétés.

Le nom de Chazet ne figure pas sur la page de titre de la brochure. Il serait un de ces prisonniers dont parle l'article du Journal du soir, de politique et de littérature et qui travaillent dans les magasins de Sewrin sans jamais obtenir leur liberté.

Almanach des Muses 1812.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Masson, 1811 :

Les Orgues de Barbarie, comédie en un acte et en prose, mêlée de couplets ; Par M. Sewrin. Représentée, pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Variétés, boulevard Montmartre, le 11 Juillet 1811.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1811, tome IV, p. 159 :

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Les Orgues de Barbarie, vaudeville en un acte, joué le 13 juillet.

Ce n'est qu'une bluette fort légère. Un tuteur sait que l'amant de sa pupille doit s'introduire déguisé en Montreur de lanterne magique. Il prend pour lui un véritable auvergnat qu'il chasse, et introduit au contraire l'amant déguisé.

L'auteur est M. Sewrin.

Journal du soir, de politique et de littérature, n° 4737, du lundi 15 Juillet 1811, VIIe année de l'Empire, p. 4 :

[Même si un paragraphe est partiellement illisible dans la copie visible sur Internet (mais c'est celui qui raconte l'intrigue, et elle est aussi convenue qu'inintéressante), ce compte rendu soulève plusieurs points intéressants : il s'attaque à la folie des titres originaux qui aurait saisi les auteurs du temps, il s'en prend à la mode des calembourgs (il n'est pas le premier : les calembourgs ont manifestement proliféré, et leur abondance finit par lasser), il proteste contre l'absence de créativité des auteurs, reprenant sans cesse des intrigues qui ont déjà beaucoup servi, et il accuse assez clairement certains auteurs (sans doute les plus prolifiques...) de ne pas écrire eux-mêmes toutes leurs pièces ; Sewrin est formellement accusé de tenir boutique de pièces de théâtre, et d'utiliser ce qu'on n'appelle pas encore des nègres.]

THÉATRE DES VARIÉTÉS, boulevard Montmartre.

Première représentation des Orgues de Barbarie , vaudeville en un acte.

Les auteurs de ce théâtre ont, en général, un grand talent, un talent particulier, au-dessus de tous les autres et en grande vénération dans le pays des calembourgs ; c'est l'invention des titres, un sujet rebattu, des caractères usés, des plaisanteries communes, tout cela passe à la faveur d'un titre piquant, singulier, incomparable. Je suis persuadé que tel auteur des Variétés met plus de temps à chercher ses titres que tel autre du Théâtre Français n'en emploie à la composition de ses pièces. On dit même, et j'ai peine à le croire, que ces messieurs ne baptisent leurs enfans que long-temps après leur naissance, ce qui fait qu'un grand nombre de ces innocens meurent dans le péché originel, commis par leurs imprudens pères, qui veulent absolument goûter d'un fruit défendu à leur faiblesse. Le public, le parrain putatif de ces embryons s'amuse plus de leurs noms que de leurs personnes, il excuse par pitié le charlatanisme des titres dont ils se parent et se venge généreusement en oubliant à-la-fois toute la famille.

Intituler ce vaudeville les Orgues de Barbarie, c'est, comme si l'on appelait une comédie ou une tragédie du nom des décors et autres objets qui servent à sa représentation, ainsi l'on pourrait intituler le Tartuffe de Mœurs, le Paravent généreux, et Artaxerce, l'Epée régicide ! Cette torture d'imagination ridicule assurerait une grande affluence de spectateurs ; mais que diraient-ils en voyant les résultats ? Je sais bien qu'il y a dans la prononciation de ce mot barbarie une certaine redondance de sons ronflans et bizarres qui fait merveille dans la bouche d'un badaut collé sur une affiche de spectacles, mais après avoir bien pris plaisir à prononcer le titre, il faut voir la pièce, et qu'y voit-on ?

Un M. Dupont, tyran de Mlle Amélie [...] Sainville de mettre sa prudence en défa[...] dans sa maison pour enlever le cœur de [...] trompé par cet amant et son valet, [... sa]voyards porteurs de ces orgues de Bar[barie...]tans pour le lecteur. Enfin de véritables savoyards, musiciens ambulans, chassés par les intrigans, et un mariage prévu dès le premier mot de la pièce.

Il était bien nécessaire de rajeunir cette vieille idée sous le fard d'un titre surprenant, mais l'imposture de cette toilette a laissé à découvert une antique situation qui depuis l'Amour Médecin jusqu'à Guerre ouverte, Une Folie, la Prison militaire, etc., etc., etc. se traine tous les jours sur nos théâtres. Ce commerce de pièces est aussi outrageant pour la littérature que nuisible à l'art dramatique, et je ne puis m'empêcher de crier haro ! sur ces négocians qni trafiquent ainsi de l'esprit d'autrui en le dénaturant, qui font la traite des comédies avec autant d'avarice et d'inhumanité que l'on en met dans celle des négres, et qui s'assurent en un mot des revenus sur l'exploitation d'une mine qui ne leur appartient pas.

L'auteur, nommé après un succès modeste, est M. Sewrin. On sait que ses magasins sont remplis de ces prisonniers qui travaillent tous les jours et lui paient incessamment une forte rançon sans jamais obtenir la liberté de retourner dans leur patrie.                          M. D.

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