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Le Pauvre aveugle ou la Chanson savoyarde

Le Pauvre aveugle ou la Chanson savoyarde, opéra-comique, de Hapdé et François-Auguste Duport ou François-André Philidor [Rochelle], musique de Bernardo Porta, 24 juillet 1797.

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Courrier des spectacles, n° 200 du 7 thermidor an 5 [26 juillet 1797], p. 4 :

[La pièce illustre une anecdote très morale, jouant sur les sentiments familiaux : une fille y retrouve son vieux père aveugle. Mais le critique lui trouve bien des défauts : elle est « foible », « beaucoup de longueurs, peu d’action » et un intérêt insuffisant (le sujet aurait dû attendrir le spectateur...). Mais la fin de l'article excuse cette faiblesse : elle est d'un tout jeune homme. Et le compositeur, nommé, a produit une musique comportant « de jolis endroits » (c'est un compliment ambigu...).]

Théâtre de l'Ambigu Comique.

Un petit opéra fut donné hier à ce théâtre, sous le titre du Pauvre aveugle ou la Chanson savoyarde. Cette petite pièce a eu du succès.

Il paroit que la chanson de la Marmotte en vie a donné l’idée de cet opéra, et dont voici l’analyse :

Angélique a quitté la maison de son père, pauvre habitant de la Savoie, pour venir à Paris. Dans cette ville elle fait la connoissance d’un riche particulier, auquel elle a sacrifié son innocence ; mais qui a fini par l’épouser. Paulin est le fruit de cette union. Angélique et son mari sont retournés habiter une terre en Savoie. Un pauvre aveugle, conduit par son fils, demandent la charité à Angélique, celle-ci les refuse et les traite avec la plus grande dureté. Le mari d’Angélique revient, il ordonne que ces malheureux soient secourus. Le jeune Paulin donne une bourse au fils du pauvre aveugle, qui fait entendre à son fils qu’il ne devoit pas l’accepter ; la bourse est rendue. Le père de Paulin, témoin de ce combat de générosité et de délicatesse, donne la bourse à l’aveugle et une autre à son fils. On sert un repas, l’aveugle et son fils sont invités à dîner avec Angélique. L’aveugle raconte ses avantures ; il nomme sa fille Angélique ; celle-ci reconnoit que le pauvre aveugle est son père ; elle se jette dans ses bras. Celui-ci lui pardonne tout en faveur de son repentir. Ce petit opéra est foible ; il y a beaucoup de longueurs, peu d’action, et on n’y trouve pas tout l’intérêt qu'on pourroit exiger. Cette pièce est faite depuis trois ans, et cela peut d’autant plus faire excuser l’auteur, qu’il n’a actuellement que dix-huit ans ; c’est M. Hapdé, déjà connu par Arlequin rentier, etc. La musique est de M. Porta ; il y a de jolis endroits. D. S,

Le Dizionario Biografico degli Italiani - Volume 85 (2016), dans l'article consacré à Bernardo Porta, fait de François-André Danican Philidor le coauteur du livret, en association avec Hapdé. La Bibliothèque dramatique de Monsieur de Soleinne, tome 2, p. 237, associe également Philidor à l'écriture de la pièce, qui n'a pas été imprimée. Et ce Phlidor a de bonnes chances d'être Joseph-Henri-Flacon Rochelle, qui utilise le pseudonyme Philidor, plutôt François-André Philidor, qui est un compositeur.

Dans la préface aux Visions de Macbeth, ou les Sorcières d'Écosse, publiée en 1817, Hapdé assume l'écriture du Pauvre aveugle, sans parler de coauteur. Mais c'est que la pièce a causé à court terme la ruine de l'Ambigu-Comique :

J'ai ruiné l'Ambigu-Comique une première fois avec un petit Opéra comique en un acte, intitulé le Pauvre Aveugle, qu'on joua jusqu'à satiété, et dont l'action se passait dans un Hameau. Les dépenses excessives de cet Opéra, forcèrent Picardeaux à se donner au Diable: mais, soit que la cérémonie lui ait coûté trop cher, soit qu'il n'ait pas su profiter des faveurs du Diable, l'entreprise alla aussi au Diable : le Spectacle ferma : vous croyez peut-être que c'est la faute du Diable, ou celle de Rousseau ou de Voltaire ; point du tout, c'est la mienne.

D'après la base César; le Pauvre aveugle, attribué au seul Hapdé, musique de Bernardo Porta, a été jouée 32 fois en 1797, à partir du 24 juillet, 11 fois en 1798, 15 fois en 1799, sans préjuger de la suite.

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