Arlequin rentier, vaudeville en un acte, en prose, de Hapdé, 4 prairial an 5 [23 mai 1797].
Théâtre des Jeunes Artistes.
Courrier des spectacles, n° 138 du 5 prairial an 5 ], p. 3-4 :
[Un nouvel auteur, plein de promesses, Hapdé (il tiendra promesse !), un nouvel Arlequin, lui aussi prometteur. Sinon, on a là un « petit vaudeville » à l'intrigue peu surprenante. Il s'agit bien sûr de marier Arlequin et Colombine, en éconduisant Gilles. Un reproche : un dénouement trop facile (un jeu sur les mots). Une qualité, les couplets « fort jolis », et dont le critique donne deux exemples.]
Théâtre des Jeunes Artistes.
Le petit vaudeville d'Arlequin rentier, eut hier le plus grand succès. L’auteur a été demandé, c’est M. Hapdé, jeune homme de 18 ans, qui donne les plus grandes espérances, s’il veut moins se fier à sa trop fertile imagination.
Cassandre avoit promis sa fille Colombine à Arlequin ; mais celui-ci est rentier, et par conséquent ruiné. Cassandre ne veut plus consentir à cet hymen ; il a promis Colombine à Gilles, nouveau parvenu, qui s’est engagé à un paiement de 20,000 liv. en cas de dédit ou de divorce. Arlequin profite de cela pour se faire adjuger les 20,000 l. Il parie avec Gilles que le contrat sera fait en sa faveur ; celui-ci l’en défie ; Arlequin sort, et va se cacher sous une table. Le notaire dresse le contrat ; Gilles lègue 20,000 liv. à la personne ci-dessous, sans expliquer le nom : il signe. Arlequin sort de dessous la table, et remercie Gilles d’avoir bien voulu être aussi généreux à son égard. Cassandre voyant Arlequin aussi riche, consent à son mariage avec Colombine. L’intrigue est bien conduite jusqu’aux trois quarts de la pièce ; le dénouement est trop brusque, et n’est point lié à l’action principale ; il est fait par un jeu de mots. Ce vaudeville a de fort jolis couplets, entr’autres ceux-ci.
Arlequin dit, en parlant de son habit :
Air : C'est un enfant.
Moi je lire un grand avantage
De cet habit plein de morceaux ;
On m'ouvre en tous lieux un passage ;
En tous lieux on connoît mes maux :
D’abord on m'admire ;
Et puis j'entends dire,
En parcourant chaque quartier,
C'est un rentier. ( Bis )
Arlequin s’exprime ainsi sur le mot papa :
Air : Vaudeville d'Arlequin afficheur.
Ce nom, dès nos plus jeunes ans,
On s'empresse de nous l'apprendre ;
Par la mère il est aux enfans
Transmis à l'âge le plus tendre ;
Rien n'est si doux que ce nom là ;
Mais ces douceurs sont mensongères,
Car tous ceux qu'on nomme papa
Ne sont pas toujours pères.
Le Jeune Lepeintre a bien joué le rôle d’Arlequin ; un peu plus d'habitude et de souplesse le perfectionneront. La pièce a été assez bien rendue par les autres artistes.
D. S.
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