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Le Poète satirique

Le Poète satirique, comédie en un acte, mêlée d’ariettes (vaudevilles), de Després, 8 frimaire an 12 [30 novembre 1803].

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Poète satirique (le)

Genre

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

8 frimaire an XII (30 novembre 1803)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Després

Almanach des Muses 1805

Courrier des spectacles, n° 2461 du 9 frimaire an 12 [1er décembre 1803], p. 2-3 :

[Voilà un compte rendu positif : pour faire venir le public qui ne veut plus voir que cette fameuse Fanchon la Vielleuse, la solution, c’est de programmer une bonne nouveauté, comme ce Poète satirique qui a fait venir un nombreux public qui a apprécié une pièce sans mauvais jeux de mots (si souvent critiqués !), ni méchancetés gratuites, une pièce bien écrite, en vers, avec des couplets spirituels. L’intrigue se résume facilement. Elle raconte la conversion d’un jeune poète rempli de rage satirique que sa tante guérit en lui présentant sa nièce : il renonce à la satire mordante. Le couplet que le critique cite montre la soumission du jeune homme à sa future épouse, qui considère qu'elle a réussi là une belle prise de guerre. « L’auteur a été vivement demandé ». Les interprètes féminines « ont fort bien joué » leur rôle tout comme l’acteur jouant le poète « avec beaucoup de talent ». « Ce petit vaudeville » est promis à un bel avenir.]

Théâtre du Vaudeville.

Première représentation du Poëte satyrique.

Depuis que ce théâtre a donné Fanchon la Vielleuse, il semble que le public soit devenu plus exigeant, et l’affiche qui n’offre point cette pièce à ses yeux n’a pas le don de piquer la curiosité. Aussi, lorsqu’on ne la joue pas, y a-t-il peu d’affluence. Pour remplir le vuide qui pourroit se faire sentir dans les recettes, il faut donner force nouveautés. Toutes ne sont pas heureuses, mais au moins l’administration a ce jour-là le plaisir de voir sa salle pleine. Hier le Poëte Satyrique obtint un succès très mérité. En frondant la satyre on a eu le bon esprit de n’admettre ni ces jeux de mots à la mode, ni ces méchancetés gratuites qu’inspire à un auteur le désir de faire rire. Son ouvrage, écrit en vers avec beaucoup de force et de facilité, est semé de couplets spirituels qui ont été très-applaudis Le fonds en est simple et l’intrigue peu compliquée.

Un jeune poëte dévoré de la rage de mordre à tort et à travers, et de fronder les ridicules du jour, se promet de les poursuivre avec acharnement. Une tante qui veut lui faire abandonner son projet, cherche à adoucir son caractère, L’amour doit opérer ce miracle. Elle fait paroître à ses yeux sa niece, dont la vue enflamme le jeune poëte, et qui parvient à le faire renoncer à ses projets. Désarmé par ses avis le poëte prend son dernier ouvrage, et le présentant à son amante il lui dit :

Dès ce moment, je vous promets
De briser mes traits satyriques,
Et je renonce désormais
Aux hostilités poétiques ;
Et pour ne rien taire à demi,
Prenez, déchirez . . .

Madelinette.

                            Je n'ai garde ;
Je m’en empare, car on garde
Un drapeau pris sur l'ennemi.

L’auteur a été vivement demandé ; M. Julien, qui avoit rempli avec beaucoup de talent le rôle du poëte vint dire que le fonds de l’ouvrage étoit de l’Abbé de Voisenon, arrangé par Monsieur Després.

Mesdames Delisles et Desmares ont fort bien joué les rôles de tante et de nièce. En un mot, ce petit vaudeville sera vu long-tems avec plaisir pour la manière dont il est écrit et dont il est rendu.

Mercure de France, littéraire et politique, tome quinzième, an XII, n° CXXX du 2 Nivose (Samedi 24 Décembre 1803) p. 36 :

Théâtre Du Vaudeville.

Le Poète Satirique, comédie en un acte et en vers, mêlée d'ariettes ; par M. Després.

Le mérite de cette petite pièce, qui a complètement réussi, consiste sur-tout dans une versification facile, dans des couplets ingénieux et piquans. Il faudrait citer, et notre mémoire se trouve en défaut, parce qu'elle aurait eu trop à retenir. Un Proverbe de Voisenon a fourni le fond de cette comédie, qui n'est proprement qu'une scène de séduction, conduite avec assez d'art , et dont les détails sont très-agréables. Il y a environ vingt-cinq ans qu'elle a été jouée avec succès aux Italiens ; l'auteur la reproduit aujourd'hui avec quelques changemens et de nouveaux couplets.

Madame d'Ersillac, femme d'un imprimeur à Paris, est d'un pays où l'on est, d'ordinaire, peu favorisé de la fortune, mais où l'esprit supplée aux richesses ; et, comme elle le dit elle-même :

Quand on est de Nérac , on n'a besoin de rien.

Elle a formé le projet de faire épouser sa nièce à M. Ormont, poète satirique avec lequel l'état de son mari l'a mise en relation, et qui, contre l'usage de ses confrères, a eu le bon esprit, en courtisant les muses, de ne pas se brouiller avec Plutus. D'ailleurs, Ormont est une espèce de misanthrope qui passe sa vie à médire du genre humain, et sur-tout des femmes. Avant même de connaître celle qu'on lui propose, il a rejeté bien loin toute idée de mariage ; mais madame d'Ersillac ne se tient pas pour battue ; elle fait venir sa nièce chez elle, et la fait passer pour une pauvre orpheline réduite par ses malheurs à l'état de suivante. Madelinette, c'est le nom qu'elle a pris, inspire bientôt au poète quelque chose de plus que de la pitié. Elle saisit toutes les occasions de paraître comme par hasard à ses yeux. Tantôt elle vient lui offrir des brochures nouvelles ; tantôt elle lui apporte des épreuves à corriger. Pendant qu'il est occupé à les lire, elle se met sans affectation à un piano, et s'accompagne en chantant ; enfin elle ne néglige aucun moyen de séduction. Ormont corrige ses épreuves tout de travers, et fait entrer, sans y prendre garde, les éloges que lui arrachent les grâces de la prétendue orpheline, dans des couplets qu'il avait composés contre une coquette. Madame d'Ersillac, de son côté, tout en ayant l'air de contrarier sa passion, fait tout ce qu'il faut pour la rendre encore plus vive. Afin de le guérir de son humeur satirique, elle feint d'avoir le même penchant, et en l'exagérant jusqu'au ridicule, elle l'en dégoûte de plus en plus. Enfin elle vient le surprendre au moment où Madelinette lui rapporte ses épreuves. La nature des fautes dont elles sont pleines, force Ormont à avouer quel a été l'objet de ses distractions ; il abjure la misanthropie ; il renonce à la satire, et donne sa main à Madelinette, que madame d'Ersillac lui fait connaître pour sa nièce.

L'auteur de cette jolie bluette, dont le style est brillant et même un peu recherché, a cru devoir payer le tribut au théâtre où il la présentait, et mettant une assez mauvaise pointe dans la bouche de M. Ormont. Madelinette, parmi d'autres brochures, lui présente l'almanach des gourmands: Oh ! pour celle-là , dit-il, elle est d'un homme de goût. Peut-être est-il de rigueur pour qu'une pièce soit admise au Vaudeville, qu'il y ait au moins un calembourg. Heureusement pour le public et pour la pièce, M. Després s'en est tenu là.

Le Nouvel Esprit des journaux français et étrangers, tome quatrième, nivôse an XII [décembre 1803], p. 283-284 :

[La pièce n’est pas vraiement une nouveauté, mais une adaptation en vaudeville d’une « petite comédie » faite à partir d’un proverbe de l’abbé de Voisenon. Il suffisait à l’auteur de la comédie d epuiser dans les « traits les plus saillans » de sa comédie pour ses couplets. Le résultat : un dialogue en vers qui « étincelle encore de saillies vives et ingénieuses ». Les acteurs ont bien servi la pièce. »]

Le poëte satirique.

Un cannevas assez décharné de l'abbé de Voisenon avait, depuis long tems, fourni au C. Desprez l'idée d'en faire une petite comédie, en l'assaisonnant de traits spirituels, en réchauffant le style, en développant la situation. Cette comédie, connue seulement des littérateurs, méritait à plus d'un titre de l'être du public : elle n'aurait pas été déplacée sur la scène française par l'agrément de son style ; mais le sel épigrammatique dont elle est remplie, joint à la légèreté du fond, semble la rendre encore plus propre au théâtre du Vaudeville. En conséquence, l'auteur a choisi quelques-uns de ses traits les plus saillans pour les tourner en vaudevilles. Il n'a dû être embarrassé que du choix ; car le reste de son dialogue, écrit en jolis vers, étincelle encore de saillies vives et ingénieuses. Aussi le succès en est-il complet.

L'auteur a été secondé par le jeu des acteurs. Les trois personnages y sont trés-bien rendus par Julien, Mlle. Delisle et Mlle. Delmares. Cette dernière a sur-tout fait juger au public du progrès de ses études et de l'accroissement d'un talent qui ne serait point déplacé sur un plus grand théâtre.

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