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Le Quartier d'hiver, ou les Métamorphoses

Le Quartier d'hiver, ou les Métamorphoses, vaudeville à travestissements, en un acte, de Marc-Antoine Désaugiers, 12 floréal an 13 [2 mai 1805].

Théâtre des jeunes-artistes

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Masson, an 13 (1805) :

Le Quartier d'hiver, ou les Métamorphoses, Vaudeville à travestissements, en un acte ; Par M. Désaugiers, Représenté pour la première fois, sur le Théâtre des jeunes-artistes, le 12 floréal an XIII.

Courrier des spectacles, n° 3001 du 14 floréal an 13 [4 mai 1805], p. 3-4 :

[Voilà un compte rendu qui fait plaisir à beaucoup de monde. Pour une pièce plutôt convenue (son intrigue n'a rien de très nouveau, à part ces fameux travestissements, que le critique semble tenir en haute estimé), les éloges ne manquent pas. Gaîté des détails, esprit des couplets, « elle pourrait se passer du secours des travestissemens ». L'intrigue ? Encore une ruse d'un amant qui craint d'être oublié, et qui revient chez sa maîtresse pour s'assurer qu'ile st aimé. Pour cela, il se déguise en toutes sortes de personnages venus au nom de ses supposés rivaux. Il ne voit guère de raison de se rassurer, mais c'est que sa maîtresse l'a reconnu, et s'amuse à l'inquiéter. Le critique tient beaucoup à distinguer cette production des « mille et une productions, souvent ennuyeuses, que l’on donne aux Boulevards » : elle aurait pu être jouée « sur un plus grand théâtre ». Et les interprètes ont droit eux aussi à des félicitions, principalement Foignet fils, qui tout le temps en mouvement, et dont les métamorphoses sont extraordinaires, mais aussi deux actrices venues renforcer le Théâtre des Jeunes Artistes, et qui ont beaucoup plus au parterre.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

Le Quartier d'hiver.

Ce théâtre s’enrichit tons les jours, et comme ses pièces sont d’un genre qui lui est propre, elles n’excitent point, par leur succès, la jalousie de ses voisins. Ce n’est qu’au Théâtre des Jeunes Artistes que l’on voit les travestissemens rapides et fugitifs qui tiennent du prodige ; mais jusqu’ici on ne les avoit placés que dans les pièces féeries, dans les pantomimes et les mélodrames ; M. Desaugiers est le premier qui les ait introduits dans un vaudeville, et il l’a fait avec le plus grand succès. Son ouvrage, sous le double rapport du mérite littéraire et de l’exécution, a fait beaucoup de plaisir. Ce n'est pas que l’intrigue soit forte, mais par la gaité des détails et l’esprit qui règne dans les couplets, elle pourrait se passer du secours des travestissemens. — Un jeune officier nommé Seymour, amant aimé de Rosalie, qu’il n’a point vue depuis qu’il est parti pour l'armée, revient incognito prendre, dans la maison de campagne de cette veuve, son quartier d’hiver. Il sait que durant sou absence, quatre ou cinq prétendans ont fait à son amante une cour assidue, et il veut s’assurer par lui-même s’il est aimé. De concert avec la suivante qu’il a mise dans ses intérêts, il a fait pratiquer dans un sallon diverses trapes, à l’aide desquelles il pourra prendre dans l’occasion divers travestissemens. Lorsqu’il croit le moment favorable, il se présente sous diverses formes, il prend tantôt celle d’un Juif qui vient offrir des bijoux, celle d’une marchande à la toilette qui apporte diverses coëffures, le tout au nom de quelqu’un des prétendans ; puis il paroît sous le costume d’Arlequin, et lorsque Rosalie le presse de lever son masque, il se métamorphose en Jockey, chargé, soi-disant, par son maitre, de se rendre près de la belle veuve. Celle-ci a conçu des soupçons ; elle examine le faux Jockey, et pour embarrasser à son tour notre curieux, elle feint de prendre beaucoup d’intérêt à son maître. Seymour ne se contient plus, il est desespéré ; mais Rosalie fait cesser ses allarmes en lui avouant qu'elle l’a reconnu, et qu’elle ne vouloit que se venger à son tour de son espièglerie.

Ce vaudeville ne doit pas être confondu avec les mille et une productions, souvent ennuyeuses, que l’on donne aux Boulevards, il n’auroit pas été déplacé sur un plus grand théâtre ; mais les travestissemens ne sauroient être exécutés par tout le monde. C’est alors qu’il faut le talent de M. Foignet fils ; lui seul est capable d’orner ce genre de prodiges ; c’est l'homme universel de ce Théâtre ; il n’est point un seul instant sans parler, ou chanter, ou danser, ou se métamorphoser. Il a été parfaitement secondé par mademoiselle Amélie et mademoiselle Elomire, à qui le parterre a sçu un gré particulier de l’invitation qu’elles lui ont faite de faire quelque fois à ce Théâtre leur Quartier d'Hiver.

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