Qui des deux a raison ? ou la Leçon de danse

Qui des deux a raison ? ou la Leçon de danse, comédie en un acte et en vers, de Dumaniant ; 28 septembre 1813.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Qui des deux a raison ? ou la Leçon de danse

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

28 septembre 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Dumaniant

Almanach des Muses 1814.

L'homme doit-il commander, ou la femme doit-elle être maîtresse ? Telle est la grande question que M. Dumaniant a décidée en faveur des dames. Le public n'a pas été moins galant, et ce jugement a été confirmé par de nombreux applaudissemens.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, J. G. Dentu, 1813 :

Qui des deux a raison ? ou la Leçon de danse, comédie en un acte et en vers ; par A. J. Dumaniant. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de S. M. l'Impératrice, à l'Odéon, par les comédiens ordinaires de Sa Majesté, le 28 septembre 1813.

Journal des arts, des sciences et de la littérature, troisième volume (1813), n° 250 (Quatrième année), 30 septembre 1813, p. 433 :

[Peut-être inspirée d’un conte de Marmontel, la pièce de Dumaniant a su tirer parti de sa source possible et elle a été bien accueilli par le public. Le résumé de l’intrigue est centré sur la question de l’autorité dans le couple (ce sont les femmes qui commandent). Bonne interprétation.]

Première représentation de : Qui des Deux a raison ? ou la Leçon de Danse, comédie en un acte et en vers.

Le conte du Philosophe de Marmontel a peut-être fourni la première idée de cette comédie ; mais l'auteur en a si heureusement tiré parti, qu'on ne saurait lui faire le moindre reproche sur cette parenté. La Leçon de Danse offre avec le conte de Marmontel une de ces ressemblances qui font toujours honneur au portrait original : aussi le parterre a-t-il favorablement accueilli le nouvel ouvrage de M. Dumaniant.

Une jeune veuve a entrepris la conversion d'un philosophe tant soit peu ridicule et pédant. D'abord elle le rend amoureux : c'est sans doute le point le plus facile : mais ensuite elle veut le faire sacrifier aux Grâces, comme Anaximandre ; et le philosophe, après avoir pris de la manière la plus gauche une leçon de danse, renonce à continuer son éducation. Clarice alors se moque de lui ; Dormon, furieux autant que peut l'être un philosophe, écrit à sa belle maîtresse un éternel adieu. Contre son attente, on l'accepte. Alors le sage n'a rien de mieux à faire que de tomber aux genoux de Clarice, et d'implorer son pardon.

Les deux amans s'étaient d'abord querellés sur cette question aussi vieille que le monde : Qui, du mari ou de la femme, doit commander dans le ménage ? et chacun d'eux voulait maintenir ses droits. Le résultat de la réconciliation est que tout arrive pour le mieux dans ce monde, et que partout les dames doivent être souveraines.

Thénard a fort bien joué le rôle du jeune Philosophe, et Mlle. Délia, celui de Clarice.                 D.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1813, tome V, septembre 1813, p. 436-437 :

[Le résumé de l’intrigue occupe l’essentiel du compte rendu, avant le constat de son succès, mérité. La question mise en avant est bien celle de l’autorité dans le couple, que revendique la jeune veuve que courtise le « petit philosophe bien pédant ».]

Qui des deux a raison ? ou la Leçon de danse, comédie en un acte et en vers, jouée le 28 septembre.

M. Auguste Dormon est un petit philosophe bien pédant, bien gourmé, qui a toujours à la bouche de beaux lieux communs de morale : il pense sur-tout qu'un sage s'avilit s'il ne conserve pas sur ses passions un empire absolu. Malgré ses austères principes, son cœur s'est mal défendu contre les attraits de Clarice Dormeuil, qu'il ne connoît que sous le nom de Madame Dorlis. Cette jeune veuve, qui a déja été dupe une fois du mariage, ne veut plus s'y engager qu'à bonnes enseignes. Notre philosophe lui plairait assez ; mais elle désire pour mari un homme aimable et non un Caton de vingt-cinq ans. Il s'agit de pervertir notre sage, et surtout de lui faire perdre l'idée tyrannique que toute l'autorité du ménage doit appartenir au mari. Clarice, plus raisonnable, prétend qu'elle soit au moins partagée, et l'on s'aperçoit qu'elle verroit avec plaisir la plus forte portion de son côté. Qui des deux a raison ?

On mystifie notre sage jusqu'à le forcer à prendre une leçon de danse. Il exécute d'assez mauvaise grâce avec Clarice une walse du mouvement la - plus vif. Il tombe essoufflé dans un fauteuil, et l'on se moque de lui. Furieux, il écrit une lettre par laquelle il rompt avec une femme qu'il ne peut plus regarder que comme une folle. On le prend au mot, et on lui fait savoir qu'on va s'embarquer. Alors l'amour reprend ses droits. Adieu orgueil, philosophie ; le pauvre Dormon n'a plus que la force d'exprimer en gémissant sa passion et son repentir. Clarice, à l'aide d'un déguisement, est présente, et ne perd pas un mot de cette amoureuse élégie. Son cœur est touché, son amour-propre satisfait ; et, pour que rien ne manque à son triomphe, le philosophe jure à ses pieds de n'être jamais que son esclave.

Cette petite comédie est de M. DUMANIANT. Elle a eu un succès mérité.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome X, octobre 1813, p. 287-288 :

[Pour le critique, la pièce montre deux défauts aujourd’hui disparus, la manie de la science et la pédanterie. L’intrigue sans originalité montre comment un jeune amoureux de la science finit par épouser une jeune veuve frivole qui l’oblige à danser. Mais cette intrigue est surchargée d’incidents, et elle a déjà été souvent utilisée. La pièce doit son succès à la construction habile de la pièce, à de jolies scènes et à la qualité du dialogue.]

Lequel des deux a raison, ou la Leçon de danse.

L'auteur a voulu peindre deux ridicules qui n'existent plus dans nos mœurs actuelles. Les jeunes gens d'aujourd'hui ont rarement la manie de la science ; et on pourrait leur reprocher plus de fatuité que de pédanterie. D'un autre côté, il est assez généralement convenu que, dans un bon ménage, chacun doit faire ce qui lui plaît, et que si parfois il est permis à l'un des deux de commander à l'autre, ce privilège n'est jamais accordé aux maris ; aussi M. Auguste n'obtient-il rien de ce qu'il demande.

Ce jeune philosophe ne veut donner son cœur qu'à une femme qui dédaignera la frivolité à la mode, qui passera, comme lui, son temps à méditer les hautes vérités de la philosophie, et surtout qui lui obéira en tous points. Mais il a le malheur de rencontrer une jeune veuve dont il devient passionnément amoureux. Cette veuve, nommée Clarice Dormeuil, se ligue avec Dormon, père d'Auguste, pour guérir le jeune pédant de ses travers. La lutte commence : Auguste trouve Clarice occupée à lire un Traité de morale, et n'hésite pas à lui faire sa déclaration. On la reçoit assez bien ; mais avant de parler de mariage, il imagine de se cacher derrière un paravent pour être témoin des occupations de Mme. Dormeu pendant la matinée. Quelle est sa surprise ! Clarice, au lieu de lire Platon ou Plutarque, ou de s'amuser à résoudre un problême de géométrie, prend une leçon de danse. La malicieuse veuve, prévenue par Germain, son valet, trouve un prétexte pour faire enlever le paravent, et profite de la confusion du philosophe pour le faire valser avec elle. Auguste n'y tient plus ; il fait mille reproches à Mme. Dormeuil sur la frivolité de ses goûts ; il veut la fuir, et finit par se soumettre, trop heureux d'obtenir la main de celle qu'il aime.

Telle est l'action, dégagée de tous les incidens dont elle est surchargée. Ces philosophes rébarbatifs, domptés par l'amour, ont déjà été mis bien des fois au théâtre. C'est un canevas usé dont M, Dumaniant a pourtant su tirer parti. L'intrigue un peu trop compliquée est construite avec art ; il y a de fort jolies scènes, le dialogue est vif et rapide; plusieurs vers ont été très-applaudis.

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