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Soubakoff, ou la Révolte des Cosaques

Soubakoff, ou la Révolte des Cosaques, scènes pantomimes en trois parties de Frédéric Dupetit-Méré, musique d'Haussy, 9 juin 1810.

Théâtre du Cirque olympique.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1811 :

Soubakoff, ou la Révolte des Cosaques, Pantomimes équestres en trois Parties, à grand spectacle ; Par M. Frédéric ; Musique arrangée par M. d'Haussy, Chef d'orchestre du Cirque. Représentées pour la première fois au Cirque Olympique, le 9 Juin 1810.

D'après Louis-Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris : les Jeux gymniques, 1810-1812, le Panorama dramatique, 1821-1823 (1908), p. 39, Soubakoff a été repris au Théâtre des Jeux Gymniques le 13 mai 1811, mais sous un autre titre, les Cosaques, ou le Fort du Niéper.

Journal de l'Empire, 14 juin 1810, p. 4 :

CIRQUE OLYMPIQUE.

Cette pantomime est pleine d'incidens merveilleux et terribles. Il me semble que si les personnages parloient, la pantomime se changeroit en un mélodrame d'un intérêt extraordinaire. Je ne sais cependant si l'auteur n'y mettroit pas de la déclamation, de l'emphase, des sentences, des platitudes, de la prétention qui refroidiroient tout. Le geste est toujours plus éloquent, quand la parole n'est pas maniée par un écrivain très éloquent. Il règne dans cette pantomime un heureux mélange d'objets terribles et touchans, qui font frémir et qui font pleurer ; je ne m'étonne pas qu'elle attire un si nombreux concours. Les décorations, les costumes, le jeu des acteurs ne laissent rien à desirer. Je regrette de ne pouvoir encore aujourd'hui en dire davantage sur ce spectacle : j'y reviendrai incessamment.

C'est le 23 juin que le critique du Journal de l'Empire a tenu sa promesse.

Journal de l'Empire, 23 juin 1810, p. 3-4 :

[Promesse tenue : le critique tente de résumer la terrible intrigue de ce mélodrame extraordinaire. Inutile de reprendre le récit des événements qui pullulent dans la pièce : les spectateurs assistent à tous les malheurs et violences qu'un auteur de mélodrame est capable d'imaginer, et le critique lui-même renonce à suivre une intrigue qui n'épargne rien, violences, coups de théâtre. On finit par un égorgement, une explosion, un incendie. Les héros positifs passent bien près de la mort que le traître Soubakoff a tenté de leur infliger, mais la morale du mélodrame est sauve : ils échappent à tout. La conclusion du critique tient en une phrase : l'engouement du public est naturel, devant un spectacle aussi singulier.]

CIRQUE OLYMPIQUE

C'est un terrible tuteur que ce fier Cosaque : il ne ressemble guère à nos tuteurs de comédie, qui sont d'imbécilles vieillards faits pour être bernés par leurs pupilles.Soubakoff.;avec son sabre et sa moustache. n'est pas un tuteur pour rire, et cependant toute la terrenr qu'il inspire n'empêche pas qu'il ne soit berné comme les autres Sa pupille même, la belle et jeune Oliska, prend des libertés extraordinaires ; car, en dépit de Barbara, la plus rébarbative des duègnes, en dépit de Soubakoff, chef des Cosaques, le plus redoutable des tuteurs, la timide et douce Oliska est secrètement mariée à son amant Eugène, comte de Blinski ; elle en a un enfant de six ans, sans que ni la duègne, ni le tuteur se doutent de ce mariage clandestin. Le mari, secondé de son valet Criski, s'introduit par la fenêtre, avec son enfant, dans le château de Soubakoff. Ils sont à la veille d'être surpris à tous momens : le spectateur tremble ; mais l'enfant est si rusé, si malin, qu'il répare même les négligences de ses parens. Non-seulement il se cache bien lui-même, mais il dérobe aux argus les objets qui pourroient trahir les époux, Il se fait des retranchemens, tantôt d'une table, tantôt d'un chevalet qui porte un tableau : il n'est pas moins leste que le page Chérubin. On diroit que c'est l'Amour lui-même, qni sous les traits de cet aimable enfant, veille à la sûreté de deux amans qui n'espèrent qu'en lui : c'est Adolphe Franconi qui joue ce rôle, où il se montre digne de son père et de sa mère.

Soubakoff, pour célébrer son mariage arec Oliska. Donne une fête magnifique, où l'on a rassemblé tout ce qui est en possession de piquer la curiosité : cavalcades. Marches militaires, combats, danses, jeux de toute espèce, la lutte, l'arc, le mât de Cocagne; etc. Au milieu de ce brillant appareil, on entreprend encore de mystifier le fier Cosaque ; mais cette fois il ne se laisse pas tromper ; et sans doute sa vengeance seroit terrible, si son propre danger n'appeloit pas dans le moment toute son attention sur lui-même ; on vient l'arrêter comme traître par l'ordre du czar. Soubakoff furieux tire son sabre, anime les Cosaques, leur fait jurer de s'affranchir du joug de la Russie : l'étendard de laliberté est levé, et la révolte déclarée.

On croit que la guerre des Cosaques contre les Russes va occuper la scène ; mais elle l'est beaucoup mieux par les dangers d'Oliska, d'Eugène et de leur fils Jules : c'est à ces trois personnages intéressans que Soubakoff fait la guerre. Il est impossible d'entrer dans le détail de tous les incidens touchans et terribles qui font voir continuellement les trois victiles sur le point d'être égorgée par le barbare Cosaque, et toujours dérobées à sa férocité ; il suffit de dire qu'il n'y a point de mélodrame qui rassemble autant de coups de théâtre frappans, autant de situations extraordinaires; La scène est tant$ot dans le vieux château du Cosaque, tantôt dans une forêt, lieu fertile en aventures. Enfin, lorsque le père, la mère et l'enfant sont au pouvoir de l'impitoyable Soubakoff; quand on n'attend plus que le coup qui va frapper ces trois innocentes victimes, le château du Cosaque est assiégé, et sur le point d'être pris d'assaut. Le Cosaque vaincu, n'écoutant plus que sa rage, veut faire sauter Oliska avec lui sur un baril de poudre : Eugène l'en empêche par un coup de poignard  ; mais le monstre expirant se traîne encore près du baril, y met le feu, fait sauter avec lui une partie du château. L'intérieur se découvre : tout est en feu ; mais ce qui était indispensable, Oliska, Eugène et Jules sont sauvés. Il n'est aps étonnant que la foule se porte à ce spectacle, l'un des plus singuliers qu'on ait encore exposés sur la scène.

Magasin encyclopédique, année 1810, tome 3, p. 384 :

CIRQUE OLYMPIQUE.

Depuis quelque temps on donne à ce spectacle de très-belles pantomimes qui y attirent la foule. A Gérard de Nevers a succédé une pièce intitulée Soubakoff ou la Révolte des Cosaques, où l'on remarque le jeu plein d'intelligence du petit Adolphe Franconi.

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