Gérard de Nevers et la belle Euriant, scènes Pantomimes équestres et chevaleresques, en trois parties, imitées du roman de Tressan, par Cuvelier et Franconi cadet, musique arrangée par d’Haussy.
Cirque Olympique.
Petit problème de date : le 11 février, le Journal de Paris annonce : « Demain, Gérard de Nevers », et le 12, « Grands Exercices d'Equitation, Voltige & danse sur les chevaux ; la 2.e représent. de Gérard de Nevers, scènes équestres à grand spectacle, chasse au cerf, carrousel, ballet figuré par 4 chevaux ; un nouveau cerf paroîtra dans cette pièce. »
Et le Journal de l'Empire ne nous tire pas d'embarras : s'il annonce bien Gérard de Nevers le 12, il ne donne pas le programme du Cirque Olympique le 11...
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1810 :
Gérard de Nevers et la belle Euriant, scènes Pantomimes équestres et Chevaleresques, en trois parties, Imitées du roman de Tressan; Par MM. Cuvelier et Franconi cadet ; Musique arrangée par M. d’Haussy, Chef d’Orchestre du Cirque. Représentées, pour la première fois, à Paris, au Cirque Olympique, le 11 Février 1810.
Journal de l'Empire du 14 février 1810, p. 3-4 :
[C'est un bel honneur, pour des scènes pantomimes, d'accéder au feuilleton du Journal de l'Empire : elles y cohabitent, ce 14 février, avec une tragédie. Et le critique se montre d'une grande indulgence envers la pièce, qui s'inscrit dans la vogue des « aventures de nos anciens chevaliers » sur laquelle il jette un regard positif. Il entreprend de résumer l'intrigue, pleine de rebondissements, et compliquée à souhait. On y retrouve tous les détails indispensables pour tenir en haleine un public friand de ce genre de récits : un amour contrarié, un amant jaloux qui veut son rival, une belle scène de chasse, un assassinat, une accusée (qui ne peut pas être coupable : c'est l'héroïne), le rival qui reparaît, et qui vainc son adversaire en combat singulier qui innocente celle qu'on accuse, au nom du jugement de Dieu (le critique explique ce qu'est un jugement de Dieu « dans ces temps d'enthousiasme militaire »). Le dénouement est suggéré plus que révélé, et la fin consiste en un jugement très positif tout est beau, « un des plus beaux et des plus nobles spectacles qu'on puisse voir sur aucun théâtre » (ce n'est pas un mince compliment). Une fois de plus, les Franconi ont satisfait un public qui a su leur montrer sa reconnaissance.]
CIRQUE OLYMPIQUE.
Gérard de Nevers et la Belle Euriant, scènes pantomimes équestres et chevaleresques en trois parties, tirées du roman de Tressan, par MM. Cuvelier et Franconi cadet ; musique arrange par d'Haussy.
Rien n'est plus poétique, plus intéressant, plus théâtral que les mœurs, le caractère, les aventures de nos anciens chevaliers. Courage, fidélité, loyauté, galanterie passionnée, jalousie, rivalités, combats, tournois, courses, jeux militaires : il y a dans tout cela de quoi alimenter, les romans, les tragédies, les drames, les ballets, les pantomimes. Gérard de Nevers et la belle Euriant viennent d'obtenir au Cirque un succès prodigieux.
On voit d'abord l'image d'un carrousel, que Louis-le-Gros, roi de France a fait préparer au château du Pont-de-1'Arche pour célébrer la journée où Gérard, nouveau comte de Nevers, doit prêter serment à son souverain, et jurer fidélité à sa dame la belle Euriant, en devenant son époux. Il ne faut pas demander si dans le carrousel Gérard l'emporte tous les prix de la bravoure et de l'adresse ; mais une de ses victoires lui devient bien funeste. Lisiard, comte de Forez, un des chevaliers qu'il a vaincus, est son ennemi et son rival : au défaut de la force, il a recours à la ruse pour se venger. Il corrompt la suivante de la belle Euriant et par un moyen à-peu-près semblable à celui qui est employée [sic] dans Montano et Stephanie, il excite la jalousie de Gérard. Ce chevalier, dans son dépit, abandonne la belle Euriant. Lisiard s'offre pour l'épouser : le roi y consent ; mais la belle ne veut point d'un tel époux, et son refus la fait chasser de la cour.
L'infortunée erre dans la campagne et s'enfonce dans une forêt. Dans cette forêt il y a une chasse qui produit un très-bel effet, et un cerf qui élude avec beaucoup d'adresse la poursuite des chiens et des chasseurs. Mais l'incident le plus intéressant de cette chasse, c'est la rencontre de Gérard et d'Euriant : la belle veut se justifier, mais en vain ; Gérard la repousse et s'éloigne au grand galop.
Le comte de Metz, touché de la douleur d'Euriant, lui offre un asile dans son château, auprès de sa sœur Alfrède Le traître Lisiard, qui se glisse partout. va aussi a ce château :il y poignarde la sœur du comte, sans être vu de personne comme Artaban poignarde le roi Xercès ; mais plus adroit et plus prudent que lui, il laisse le fer dans la plaie. Alfrède expire entre les bras d'Euriant qui est venue à son secours. Cette belle:a retiré elle-même le fer du sein de sa protectrice ; et ce fer sanglant, trouvé entre ses mains, devient une preuve contr'elle : il sert à la faire condamner comme coupable de l'assasinat. C'est précisément l'aventure d'Arbace dans la tragédie d'Artaxerce. Gérard, déguisé, écoute les discours de Lisiard, surprend ses secrets, s'instruit de sa perfidie, et assiste au jugement de l'innocente accusée Déjà s'élève le bûcher où elle doit être brûlée vive, lorsque le généreux chevalier, sans se faire connoître se déclare le champion d'Euriant. suivant les lois de la chevalerie. Il provoque l'accusateur Lisiard. et son épée prononce que l'accusation est une calomnie : c'est ce qu'on appeloit alors le jugement de Dieu. Dans ces temps d'enthousiasme militaire, on croyoit que la victoire ne pouvoit être qu'un signe infaillible du bon droit et de la justice, et que la raison étoit toujours du côté de la valeur et de la force. Le carrousel, la chasse, le cerf, le combat à outrance représenté avec toutes ses formalités, offrent un des plus beaux et des plus nobles spectacles qu'on puisse voir sur aucun théâtre. Les costumes sont frais et brillans, les décorations magnifiques. Le zèle et l'industrie de MM. Franconi ne se démentent point ; et le public ne se montre pas ingrat des soins qu'ils prennent pour lui plaire.
Après la fermeture du Cirque Olympique, suite aux désaccords au sein de la famille Franconi, la pièce réapparaît dans la salle des Jeux Gymniques, sous le titre de le Jugement suprême, ou l'Innocence sauvée, précédée d'un prologue dû à Nicolas Brazier, le Petit Vaudeville aux Jeux gymniques (en février 1811).
Dans son Histoire complète et méthodique des théâtres de Rouen, Volume 2, Jules Édouard Bouteiller signale que les Franconi sont venus à Rouen à deux reprises au moins jouer cette pantomime, en 1813-1814 et en 1815. Il la décrit d’abord ainsi, p. 426-427 : « Gérard de Nevers et la belle Euriant, pantomime en trois actes, à grand spectacle, tirée du roman de de Tressan, par Cuvelier et Franconi jeune, musique arrangée par d'Haussy. Cette pièce était ornée de marches, fête royale, carousel, jeux d'adresse à cheval, le menuet et la contredanse dansés par quatre chevaux, grande chasse au cerf avec piqueurs à pied et à cheval et chiens courants, combat singulier, triomphe, etc. ». Il y revient p. 499, « Gérard de Nevers et la Belle Euriant, pantomime équestre et chevaleresque en trois actes et à grand spectacle, ornée de marches, combats, tournoi à cheval, combat à outrance et jusqu'à la mort entre Gérard et Liziard, grande chasse au cerf, le menuet et la contredanse dansés par quatre chevaux dressés, etc., etc. »
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