La Tête de bronze, ou le Déserteur hongrois

La Tête de bronze, ou le Déserteur hongrois, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, de Hapdé, musique de Lanusse, ballets de Hullin, 1er octobre 1808.

Théâtre de la Gaieté.

Titre :

Tête de bronze (la), ou le Déserteur hongrois

Genre

mélodrame

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

prose

Musique :

oui

Date de création :

1er octobre 1808

Théâtre :

Théâtre de la Gaîté

Auteur(s) des paroles :

Augustin [Hapdé]

Compositeur(s) :

Lanusse

Chorégraphe(s) :

Hullin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1809 :

La Tête de bronze, ou le Déserteur hongrois, mélodrame en trois actes, à grand spectacle ; de M. Augustin ; musique de M. Lanusse ; ballets de M. Hullin, Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 1er octobre 1808.

Le texte de la pièce est précédé d’un « Avis » :

A Paris, l'influence de l'affiche est presque tout, particulièrement pour les théâtres secondaires: j'ai donc sacrifié aux intérêts de l'Administration le véritable titre de mon ouvrage. Mais pour me mettre à l'abri d'une Critique juste et fondée, j'invite messieurs les Directeurs de spectacles des départemens dont l'intention serait de monter cette pièce, de lui rendre sa dénomination primitive, qui était la Chaumière isolée, ou le Déserteur Hongrois.

[Dans le Catalogue général des œuvres dramatiques et lyriques faisant partie du répertoire de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (Paris, 1863), la pièce apparaît sous les deux titres de la Chaumière isolée, p. 64 et la Tête de bronze, p. 343) avec la répartition suivante des droits : « 5/6 Hapdé 1/6 Lanusse ». Son invitation faite à « messieurs les Directeurs de spectacles des départemens » aurait donc été suivie d'effet.]

Journal de l’Empire du 13 octobre 1808, p. 3-4 :

[Compte rendu plus que bienveillant pour le mélodrame de Hapdé, dont le nom est suggéré à la fin, puisqu’il a choisi d’utiliser un pseudonyme. Si le titre est trompeur (« ce n’est point une féerie »), il a bien des qualités : « c'est un mélodrame vivement intrigué, rempli d'intérêt, et conduit avec plus de régularité que ce genre-là même ne l'exige ». Voilà qui contraste avec bien des comptes rendus de mélodrame, nettement moins indulgents. Sans surprise, le critique résume ensuite une intrigue bien compliquée, avec une pupille que son tuteur veut épouser, mais qui aime un jeune officier dont la naissance est entourée d’un mystère. Pour sauver son amante des griffes de son tuteur, il déserte et revient au château où il se cache dans un souterrain, et la pièce montre ses tentatives pour échapper à ceux qui le recherchent, tentatives que le critique renonce sagement à résumer. Il finit par être arrêté, et on le condamne à mort comme déserteur. Mais au moment de son exécution, on constate que les armes du peloton ne comportaient pas de balles, et il est sauvé, d’autant plus qu’on révèle alors qu’il est le fils de ce tuteur qui voulait épouser son amante : tout est arrangé (mais le critique ne dit pas ce qu’il pense de ce dénouement). Il ne lui reste plus qu’à parler rapidement de l’interprétation, jugée bonne, avec « des situations très-touchantes, un dialogue vrai et naturel », de l’auteur caché derrière un pseudonyme, mais que le critique connaît pour avoir déjà écrit « plusieurs succès de ce genre ». Il en fait un auteur qui s’amuse à créer des mélodrames. Et c’est le chorégraphe Hullin qui est cité pour finir, de manière très flatteuse, tant pour son aptitude à créer les ballets que pour ses talents de danseur.

Adélaïde du Guesclin est une pièce de Voltaire (1734). Un coup de canon, à l’acte 5, scène 3, y annonce la mort du duc de Nemours, qui reparaît à la scène 6.]

THÉATRE DE LA GAIETÉ.

La Tête de Bronze, ou le Déserteur hongrois.

Le second titre est le véritable ; le premier n'est qu'un titre de parade : ce n’est point une féerie ; c'est un mélodrame vivement intrigué, rempli d'intérêt, et conduit avec plus de régularité que ce genre-là même ne l'exige.

Un prince palatin de Hongrie est amoureux d'une comtesse Floresca, sa papille ; il a pour rival un jeune officier de ses gardes, nommé Frédéric : pour s'en débarrasser, il l'envoie à l'armée, et se dispose à épouser si pupille ; mais le jeune militaire a pris les devants : il est déjà marié secrètement à Floresca. Cependant, à la première nouvelle du projet du prince, il oublie son devoir, abandonne ses drapeaux, et revient au secours de sa femme avec la même ardeur que s'il eût été question de sauver sa maîtresse : chose étonnante dans un jeune officier.

Herman, l'intendant du palais, qui a élevé Frédéric, et connoît seul le secret de sa naissance, le cache dans un souterrain dont la trape s'ouvre par un secret caché dans la bouche d'une tête de bronze : c'est ce qui donne le nom à la pièce. Un valet imbécille trouve la clef qu'Herman avoit oubliée dans la bouche de ce buste de bronze ; il ouvre sans le savoir la trape : Frédéric en sort ; et justement alarmé à la vue d'un inconnu, il s'enfuit, après avoir jeté le valet dans le souterrain. Bientôt la nouvelle de la désertion de Frédéric se répand : le prince, furieux, le fait chercher de tous côtés. Le déserteur se réfugie dans la chaumière où il a été élevé ; on l'y poursuit. L’acharnement de ses persécuteurs, l'adresse avec laquelle il se dérobe à leurs recherches, sont tout le fond de l'intrigue. Dans un moment où il se trouve trop pressé, il se précipite du haut du rocher dans le Danube : on le pêche ; on lui fait son procès. Le conseil de guerre le condamne à être fusillé. Le prince résiste avec opiniâtreté à toutes les sollicitations ; mais le hasard lui fait découvrir que ce Frédéric est un fils naturel qu'il avoit eu d une jeune et jolie villageoise. Aussitôt il ordonne de suspendre l'exécution ; mais au même instant on entend le bruit d'une décharge de mousqueterie : c'est le canon d'Adélaïde Duguesclin. On croit Frédéric mort; mais un vieux major, ami d'Herman, avoit fait ôter les balles des fusils.

Ce drame est bien joué ; on y trouve des situations très-touchantes, un dialogue vrai et naturel. C’est l’ouvrage d’un auteur fameux par plusieurs succès de ce genre, mais qui se dérobe à sa gloire sous le nom d’Augustin, et ne se propose dans cet [sic] espèce d’ouvrage qu’un honnête amusement : c’est un amusement qu’il partage avec beaucoup de monde. Ce mélodrame attire la foule ; il en est à sa huitième représentation, qui a été aussi suivie que la première. M. Hullin, si connu par ses charmants ballets, ne s’est pas oublié dans cette occasion : ses danses sont un grand ornement pour le mélodrame. On admire toujours le parti qu’il sait tirer des mœurs et des costumes étrangers, et la manière dont il forme ses danseurs : lui-même exécute à la fin, avec une vigueur et une précision étonnante, un pas hongrois où il est fort applaudi.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts,13e année, 1808, tome V, p. 419-420 :

[Le compte rendu commence par la discussion du titre : c’est le sous-titre qui est le plus éclairant (le sujet, c’est bien le déserteur, caché dans une trappe qui s’ouvre grâce à une tête de bronze. L’intrigue ne convainc guère le critique : il se moque des épisodes successifs de capture du déserteur, et plus encore de la façon facile dont la pièce lu fait échapper à la mort lors de son exécution. Mais la pièce a « les honneurs d’un succès, et il cite l’auteur des paroles et le chorégraphe. Mais pas trace du compositeur...]

La Tête de Bronze , ou le Déserteur Hongrois.

Le second titre convient mieux à la pièce que le premier ; la Tête de Bronze ne sert qu'à cacher un ressort qui fait ouvrir une trape [sic] sous laquelle est caché le déserteur. Il est alternativement pris et repris ; puis on lui bande les yeux : les fusils partent; pour le coup on le croit mort ; un miracle seul pourroit lui sauver la vie. Cependant il faut qu'un mélodrame finisse gaiement, et on n'enterre pas le déserteur : mais on apprend que les fusils n'étoient chargés qu'à poudre ! Voilà un beau coup de théâtre : personne ne s'y attendoit. La pièce a eu tous les honneurs d'un succès ; et on a nommé M. AUGUSTIN pour les paroles, et M. HULLIN pour les ballets. Il a lui-même dansé dans un pas cosaque , avec beaucoup d'aplomb et de talent.

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