Créer un site internet

La Tête sans cervelle

La Tête sans cervelle, comédie en un acte, en prose, avec des vaudevilles, de Laus de Boissy, 25 frimaire an deux [15 décembre 1793]

Théâtre des Amis de la Patrie, rue de Louvois

Titre :

Tête sans cervelle (la)

Genre

comédie avec des vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

25 frimaire an 2 (15 décembre 1793)

Théâtre :

Théâtre Lyrique des Amis de la Patrie

Auteur(s) des paroles :

Laus (de Boissy)

Almanach des Muses 1796.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, De l’Imprimerie de Cailleau, l’an second de l’Ere Républicaine, 1794 (vieux style) :

La Tête sans cervelle, comédie en un acte et en prose, avec des vaudevilles, Par le Citoyen Laus, de la Section de la Fontaine de Grenelle. Représentée sur le Théâtre Lyrique des Amis de la Parie, le 25 Frimaire, l’an second de la République Française, une & indivisible.

L'Esprit des journaux, françois et étrangers, vingt-troisième année, tome II, février 1794, p. 291-294 :

La tête sans cervelle , comédie en un acte & en prose , mêlée de vaudevilles; par M. Laus de Boissy.

[La pièce vaut surtout par ses couplets, l’intrigue qui est résumée en ouverture du compte rendu ne pouvant susciter l’enthousiasme, d’autant que le critique y relève « quelques longueurs désagréables, parce qu’elles impriment, sur certaines scènes, un caractere de froideur qu’elles n’auroient point sans cela » (l’argument est imparable !). Sur les couplets, un seul bémol, ils « pourroient appartenir plus directement au vaudeville » (ils appartiennent peut-être à ce qu'on appelle « les couplets de portefeuille », sorte de stock prêt à l'avance et dans lequel l'auteur puise selon besoin). « La piece a été très-bien jouée. »]

Une Françoise a tourné la tête du visir Phazan, en ne répondant à ses amoureuses poursuites que par une résistance, que les hommes, & sur-tout les visirs, ont peu coutume de trouver en Asie. C'est pour cela qu'il vient trouver le sage Memnon, qui prend pitié de son tourment, & lui promet d'y mettre fin. Rosire, cette cruelle qui fait le supplice de Phazan, & Amine, autre femme de son sérail, qui l'a trompé plus d'une fois, se présentent aussî à Memnon, pour savoir s'il est vrai que Phazan n'aime plus Rosire.

Memnon, dont la magie, comme celle dotant d'autres, se borne à l'adresse de ne montrer que les effets, en masquant les causes, fait cacher Phazan dans une statue creuse qu'il a dans son jardin, & persuade à Rosire & à Amine qu'elles n'ont qu'à consulter cette Tête sans cervelle, si elles veulent connoître leur destin.

Amine l'interroge la premiere, & l'oracle lui apprend que Phazan l'a abandonnée , parce qu'il a été témoin de certains baisers, donnés par un iman & par un incoglan. Qu'on juge de la surprise d'Amine. Mais elle se console de l'indiscrétion de la tête sans cervelle, en se félicitant de ce qu'elle n'en a pas vu davantage.

Rosire apprend à l'oracle qu'elle étoit adorée du plus parfait amant, qu'elle aimoit elle même avec transport, & qu'elle ne lui cachoit son amour que pour se faire aimer plus fortement. Phazan, comme on l'imagine bien, est transporté; & après avoir interrogé Rosíre de mille manieres, pour s'assurer de sa constance & de sa fidélité, il lui proteste qu'il l'aime cent fois plus qu'il ne l'a jusqu'alors aimée. Amine est piquée, & veut emmener Rofire. La tête se fâche contre Amine ? qui devenoit furieuse contre la tête, fond dessus & la renverse. O ciel ! que voit Amine ? la tête de Phazan que cachoit la tête de bois. La ci-devant favorite reste anéantie, & le visir, pour se venger d'elle, la marie à Sangiar, jardinier de Memnon. On chante le vaudeville qui se termine par -ce couplet :

Le théatre est une carriere
Où l'on ne marche qu'en tremblant ;
Aux efforts qu'on sait pour vous plaire,
Donnez de l'encouragement ;
Le nom de cette bagatelle
Doit désarmer votre rigueur ;
Ce que vous a promis l'auteur
N'eíî qu'une tête fans cervelle.

La plupart des couplets de cet opéra étant tournés avec esprit, il devoit réussir ; aussì a-t-il réussi. L'auteur a été demandé à grands cris, & a paru. Nous ne devons pas dissimuler toutefois que ces couplets pourroient appartenir plus directement au vaudeville, & qu'il seroit possible de faire disparoître quelques longueurs désagréables, parce qu'elles impriment, sur certaines scenes, un caractere de froideur qu'elles n'auroient point sans cela.

La piece a été très-bien jouée. Nous avons accueilli avec plaisir les couplets suivans, que l'auteur de la Tête sans cervelle nous a fait parvenir pour les deux actrices.

A Mlle. Julie.

Air: De la croisée.

La femme, dit-on, chaque jour,
A nous tromper est fort habile ;
Tout chez elle exprime l'amour,
Quand souvent son cœur est tranquile.
Ah ! qu'il doit être malheureux
Celui qui s'attache a Julie !
Car d'honneur on ne peut pas mieux
       Jouer la comédie.

A Mlle. Sérigny.

Air : Du vaudeville des femmes vengées.

Une amoureuse fantaisie
Vous fait donc perdre votre amant !
Bon Dieu ! qu'avec sa jalousie
Il est sot ce monsieur Phazan !
Il faut punir la perfidie
Quand la perfide a peu d'attraits :
           Mais
Quand l'infidelle est bien jolie,
Doit-on regarder de si près ?

Quittez Phazan , venez en France,
Je vous réponds de tous les cœurs ;
Hélas ! que n'ai-je l'espérance
De vous en faire les honneurs !
Dans mon ivresse alors je jure
De vous adorer à jamais ;
           Mais
S
i l'age a vieilli ma figure,
Ne regardez pas de si près.

(Journal des spectacles.)

D’après la base César, la pièce a été jouée 7 fois au Théâtre des Amis de la Patrie,, du 15 décembre 1793 au 23 février 1794.

Ajouter un commentaire

Anti-spam