La Tour de Witikind, ou la Capitulation

La Tour de Witikind, ou la Capitulation, vaudeville en un acte, de Dupin et Armand Dartois, 13 février 1813.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Tour de Witikind (la), ou la Capitulation

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudeville

Date de création :

13 février 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Dupin et Armand Dartois

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Martinet, 1813 :

La Tour de Witikind, ou la capitulation, vaudeville en un acte, par MM. H. Dupin et A. Dartois. Représenté pour la première fois le 13 février 1813 sur le théâtre du Vaudeville.

Journal des arts, des sciences et de la littérature, douzième volume, n° 205 (quatrième année, 15 février 1813), p. 220-221 :

[La Tour de Witikind est une reprise presque sans changement du roman de Pigault, les Barons de Felsheim : on y retrouve tout le roman auquel la pièce n’apporte pas grand chose. Et le succès s’adressait plus à l’auteur du roman qu’aux auteurs de la pièce. « On n'a redemandé aucun des couplets. » C’est bien le roman qu’on applaudit en applaudissant la pièce...]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation de la Tour de Witikind ou la Capitulation,Vaudeville en un acte de MM. Dupin et Dartois.

Rien n'est perfide comme les souvenirs : si les spectateurs avaient eu moins de mémoire, la pièce nouvelle aurait obtenue [sic] sans doute un succès admirable ; mais le roman des Barons de Felsheim occupait toutes les têtes, on reconnaissait l'action, les saillies, le dialogue, l'originalité de l'ouvrage ancien, dans chaque scène de l'ouvrage nouveau. Le parterre a pris un parti fort sage : ne pouvant décemment applaudir MM. Dupin et Dartois, il a applaudi l'auteur du roman.

Ce n'est pas cependant que le vaudeville soit textuellement copié des Barons de Felsheim, d'un bout à l'autre ; il y a un amoureux, un mariage, une madame Brandt et des couplets, auxquels M. Pigault n'avait nullement pensé. Les couplels sont gais, mais faibles ; madame Brandt n'est qu’une froide caricature : quant au mariage, je sais bien qu’il était d'obligation ; mais cette obligation est malheureuse.

Le trait sur lequel repose toute la pièce est le stratagême qu’emploie le hussard Brandt pour payer les dettes de son colonel. Il enferme les créanciers dans la tour de Witikind et les alisse jeûner jusqu’à ce qu'ils consentent à signer quittance des trois quarts de la dette. Dans le vaudeville, on exige, de plus, qu’un créanciers consente au mariage de son fils avec mademoiselle Brandt. La faim l’oblige à faire tout ce qu'on exige : le mariage se conclut, et le baron donne pour dot à la future une rente de trois muids de vin.

On n'a redemandé aucun des couplets. Le parterre voulait faire répéter celui que je vais citer, mais quelques spectateurs s'y sont opposés.

Brandt répond à sa femme, qui lui reproche d'aimer le vin :

Allons, ma femme, calme-toi ;
J'ai des qualités fort aimables :
Aimer et boire, selon moi,
Sont deux choses inséparables.
Sans les buveurs dont tu te pleins [sic],
Sans les amans que tu querelles,
Les tonneaux seraient toujours plains [sic],
Les filles toujours..... demoiselles.

En général, l'action du roman est trop gaie pour ne pas plaire : lue à sa place, ou mise en pièce, elle sera toujours agréable.

Je pense donc, que malgré ses légers défauts, la Tour de Witikind durera quelque temps encore, qu'on ira la voir plus d’une fois, et que si l'amour propre des Auteurs ne gagne rien à ces petits tromphes, M. Pigault du moins, et le caissier du Vaudeville, y gagneront beaucoup.                           D.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1813, tome I, p. 417 :

[C’est le roman qui explique le succès de la pièce, pour laquelle « les auteurs n'ont point fait d'efforts d'imagination » : ajout de quelques couplets, et d’un mariage (bien sûr).]

La Tour de Witikind, ou la Capitulation, vaudeville en un acte, joué le 13 février.

Qui n'a pas lu le Roman des Barons de Felsheim, par M. Pigault-le-Brun ? Ce baron si original, ce Brandt si brave et si comique, sont connus de tout le monde. Ce sont là les personnages qui figurent dans la tour de Witikind.

Les auteurs n'ont point fait d'efforts d'imagination ; ils ont joint quelques couplets à la scène des usuriers juifs du premier volume : ils y ont rattaché un petit mariage, et leur pièce a réussi, grâce au Roman. Ce sont MM. DUPIN et DARTOIS.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome III, mars 1813, p. 291-294 :

[La Tour de Widikind a échappé au sort le plus courant des vaudevilles, qui est de passer trop vite tels des comètes. Elle est presque un plagiat d’un roman de Pigault-Lebrun, les barons de Felsheim, qui pourrait être considéré comme troisième auteur. L’analyse de l’intrigue montre une sombre histoire de baron qui tente de ne payer qu’une faible part de ses dettes, ce qu’il obtient en enfermant ses créanciers dans la tout de Widikind. La pièce est gaies : elle a « beaucoup de jolis couplets, de saillies et de traits plaisans » et contient de bonnes scènes comiques. Elle est bien aidée par la qualité des acteurs qui l’interprètent. Une intrigue sentimentale (indispensable dans un vaudeville) est simplement signalée. Les auteurs ont été nommés.]

Théâtre du Vaudeville.

La Tour de Witikind.

Je n'ai fait que passer, il n'était déjà plus.

Ce mot pourrait s'appliquer à beaucoup de pièces nouvelles, sur-tout dans les petits théâtres. Il faut être aux aguets, et en agir à-peu-près comme les astronomes qui saisissent et constatent le passage rapide des comètes. Les comètes et les pièces tombées ne laissent point de traces derrière elles. Si, par exemple, l'on vient, après quinze jours, entretenir le public d'un vaudeville, on est exposé à parler d'une chose tout-à-fait oubliée ; parfois même il n'est plus temps de rendre à la pièce les derniers devoirs. Bien convaincu de cela, j'ai dû m'assurer que la pièce dont je voulais faire l'extrait existait encore ; heureusement je l'ai trouvée pleine de vie ces jours derniers.

Tout le monde connaît le Baron de Felsheim, de M. Pigault-Lebrun. MM. Dupin et d'Artois y ont pris non-seulement leur sujet et leurs scènes principales, ils se sont approprié jusqu'aux expressions de l'auteur. Ainsi, M. Pigault doit partager les honneurs du succès, et l'honneur d’être pour un tiers dans un vaudeville, n'est point à dédaigner. La gloire est quelquefois beaucoup plus divisée à ce théâtre.

Le vieux baron de Felsheim, qui se fait pompeusement appeller Ferdinand XV par les marmitons de son château, a quitté le service après avoir perdu à la guerre un bras, une jambe et un œil. Revenu des chimères de la gloire, il fume sa pipe quand il s'ennuie, et boit gaîment du vin du Rhin avec son fidèle Brant. Malheureusement cette douce vie ne peut durer ; le baron n'est riche qu'en parchemins, et de maudits créanciers vont envahir le noble manoir de ses aïeux. Brant est homme à expédieus: il écrit, sans façonà l'empereur, et l'empereur envoie de l'argent ; mais cet argent, il vaudrait mieux le garder que de le donner à des usuriers ; on veut donc les amener à composition. On les convoque, et comme ils ont la maladresse de venir à jeûn, Brant se propose de les prendre par famine. Il les attire dans un endroit du château appellé la Tour de Witikind, les y enferme, et leur offre d'abord moitié de leur créance ; ils refusent. Il veut donner le tiers ; second refus. A la fin, ils acceptent ce tiers, mais Brant ne veut plus payer que le quart. Les juifs sont forcés de consentir à tout pour ne pas mourir de faim. Comme il fallait ménager l'honneur du baron, on a soin d'avertir que ce quart est précisément la somme qu'il a reçue des usuriers ; ce qui n'empêche pas que cette manière de payer ses dettes ne tienne un peu du pandour.

Il y a dans la pièce beaucoup de jolis couplets, de saillies et de traits plaisans. La scène où le baron fait avec Brant les arrangemens pour monter sa maison, est très-bonne. Celle du duel ne l'est pas moins ; mais Joly est le véritable héros de la pièce ; sa figure et son costume sont si étranges et si grotesques dans le personnage du baron ! Son jeu est si comique ! On ne peut se lasser d'admirer la variété que cet acteur sait mettre dans ces sortes de charges théâtrales ; il est inépuisable, et la dernière est toujours celle qui paraît la plus originale et la plus piquante. Hippolyte le seconde bien ; il met dans le rôle de Brant de la verve et de la gaîté. J'ai oublié de dire qu'il y a une intrigue d'amour assez mal cousue à la pièce. Mlle. Betzi joue avec grace le très-petit rôle de la jeune personne.

Le parterre a octroyé la requête de MM. Dupin et d'Artois. Ils avaient dit, en parlant d'eux, dans le couplet d'annonce:

L'auteur gaîment va se mettre en campagne,

Il veut combattre avec éclat ;
Dans cette lutte téméraire,
Faites que ce vaillant soldat
Aujourd'hui sorte du combat
Avec les honneurs de la guerre.

Ils ont été demandés et nommés.

 

Ajouter un commentaire

Anti-spam