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Le Tribunal des femmes, ou les Vacances de Caudebec

Le Tribunal des Femmes, ou les Vacances de Caudebec, comédie en un acte mêlée de couplets, de Du Mersan et ***, 26 octobre 1814

Théâtre des Variétés.

Le compte rendu paru dans le Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome VI, p. 161-162, indique qu'il y avait un coauteur avec Dumersan.

Titre :

Tribunal des Femmes (le), ou les Vacances de Caudebec

Genre

comédie mêlée de couplets

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 octobre 1814

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

MM. Du Mersan et ***

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Masson, 1814 :

Le Tribunal des femmes, ou les Vacances à Caudebec, comédie en un acte, Par M. Dumersan, Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 1er octobre 1814.

La Quotidienne, n° 150 (28 octobre 1814), p. 4 :

[Des longueurs, qui ont disparu dès la seconde représentation...]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Première représentation du Tribunal des Femmes, ou les Vacances de Caudebec.

Le Tribunal des Femmes est une folie assez originale, qui a réussi malgré quelques murmures provoqués par des longueurs qui ont disparu à la seconde représentation. La marche de l’ouvrage est maintenant plus vive. Le jeu des acteurs a contribué beaucoup au succès qu’il a obtenu.

Brunet, Mlle. Pauline, Mesdames Elomire et Barroyer, ont mérité et accueilli de nombreux applaudissemens. L’auteur, demandé et nommé, est M. Dumersan.

Journal des arts, des sciences et de la littérature, huitième volume (dix-neuvième de l'ancienne Collection), n° 328 (Cinquième année), 30 octobre 1814, p. 135-136 :

[Succès contesté : des sifflets, mais pas de chute. L’auteur du compte rendu rend hommage à l’auteur, qui a osé se faire nommer. Mais il approuve aussi le collaborateur qui a gardé l’anonymat.]

Théâtre des Variétés.

Le Tribunal des Femmes, ou les Vacances de Caudebec, vaudeville en un acte, par M. Dumersan.

Cette farce est burlesque sans être plaisante : on y voit de vieilles femmes de juges qui, en l'absence de leurs maris, se donnent le plaisir de faire comparoir à leur tribunal une jeune et jolie Parisienne, accusée de lèze-pruderie. « Avez-vous dit » (lui demande la présidente) que nous étions toutes des folles ? » Rose lui répond : Mesdames, c'est la vérité. Elle plaide sa cause elle-même, et voici la raison qu'elle en donne :

Dans une occasion si belle,
Une femme, on doit le penser,
A d'autres ne veut pas laisser
Le plaisir de parler pour elle.

Après avoir entendu le plaidoyer de l'avocate Bavaret, la présidente Roquentin prononce le jugement qui condamne l’accusée à retourner à Paris. Le tribunal féminin se met ensuite à danser avec ses clercs ; mais les maris, avertis du complot, reviennent inopinément, et troublent la fête. Les sifflets se sont aussi mêlés de la partie : le tribunal a été sur le point d'être cassé par arrêt du public. L'auteur en a appelé à l'indulgence, et s'il n'a pas gagné sa cause, du moins ne l'a-t-il pas entièrement perdue. Je tiens cet auteur pour un homme courageux, puisqu'il s'est fait nommer malgré les bruits improbateurs ; on prétend qu'il a un collaborateur : on ne saurait trop féliciter ce dernier d'avoir gardé l'anonyme. Tous deux sont connus par de jolis ouvrages : il y a lieu d'espérer qu'ils prendront bientôt leur revanche. Voici un petit échantillon des couplets :

Le bailli Roquentin dit à sa femme,

Montrer les dents, encor de la colère !
Je croyais bien que vous n'en aviez plus.

Plus loin, après avoir adressé un compliment à Rose, il ajoute :

Mon compliment, pour un homme de robe,
        N'est pas si mal troussé.

Les spectateurs galans ont fait répéter un couplet à l'éloge de nos dames, terminé par ces trois vers :

S'il suffit, pour vous alarmer,
Qu'on ait le don de tout charmer,
Punissez donc chaque Française.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome X, octobre 1814, p. 295-298 :

[Hoqueton : casaque porté jusqu’à la Révolution par les archers de la prévôté, els gardes, et par métonymie, celui qui les porte. (Ortolang, site du CNRTL). Et les « vélicifères » (on ne connaît que la forme vélocifère) désigne ici une ancienne voiture publique, légère et rapide, plutôt qu’un ancêtre de la bicyclette (même source).]

[Après avoir fixé la compétence du tribunal (non pas cour d’amour, mais tribunal conjugal, le critique résume une intrigue montrant successivement les griefs des épouses envers leurs conjoints volages, mettant en cause une charmantes parisienne, puis ceux des maris envers leurs conjointes, qui préfèrent danser avec les jeunes clercs plutôt qu’avec eux. Tout finit bien sûr par s’arranger. La recherche des antécédents de la pièce montre que le théâtre italien a abondamment traité ce sujet, et il reproche à l’auteur de ne pas avoir assez puisé dans ce « grenier à sel ». Ses plaisanteries n’ont pas même ravi le public des Variétés, pourtant facile à satisfaire. IL s’est consolé avec quelques couplets et le jeu des actrices et leurs costumes. Brunet a quant à lui définitivement marqué le rôle de Roquentin. La pièce a réussi, malgré des siffleurs qui n’ont pu empêcher qu’on nomme l’auteur. Un couplet applaudi cité, et une faute de grammaire dénoncée. De toute façon, la pièce nouvelle ne vaut pas le Procès du Fandango, joué au Vaudeville.]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Le Tribunal des Femmes ou les vacances de Caudebec.

Ce tribunal des femmes n'est pas une de ces cours d'amour où les dames décident des questions délicates de galanterie et de sentiment ; ces causes étaient bien du ressort des belles, et jamais on n'a songé à discuter la compétence de leur tribunal.

Les noms des femmes-juges, conseillères, avocats, greffières et huissières suffiront pour donner une idée de la cour féminine de Caudebec. Ce sont mesdames Roquentin, Poufflard, Bonbec, Griffonnot, Nazillard, Bavard, Gothon et Madelon. Ces deux dernières sont les archères ou hoquetones du tribunal.

Les vacances out commencé à la grande satisfaction de tous les messieurs de la justice de Caudebec, qui ne pensent qu'à se divertir sans leurs femmes : jamais ils ne les ont tant négligées que depuis l'arrivée de la jeune Rose, dont les attraits relevés par les grâces et les modes de Paris font tourner toutes ces graves têtes. Mad. Roquentin a surpris son mari donnant un baiser sur le front à la jolie parisienne dont il est l'oncle et le tuteur ; elle se croit donc la plus intéressée à une vengeance que brûlent de partager toutes les épouses délaissées. Pendant une partie de chasse qui éloigne les maris, elles forment un tribunal où chacune, affublée d'une robe, remplit l'emploi de son époux ; Rose est traduit à ces burlesques assises, et condamnée, comme coupable de crime de lèse-pruderie et de séduction, à être reconduite aux vélicifères pour partir en diligence. Les époux reviennent pour convaincre à leur tour les juges femelles d'avoir en leur absence arrangé un bal avec leurs jeunes clercs qu'elles supposent meilleurs danseurs que leurs maris. La pièce finit par le mariage de Rose avec un jeune avocat, et les femmes sont obligées, faute de mieux, de danser avec leurs époux.

Il y a dans l'ancien théâtre italien plusieurs pièces qui auront pu fournir l'idée de cette folie ; Colombine avocat pour et contre, la Cause des femmes et le Divorce.

Mais si l'auteur a puisé dans ce grenier à sel (c'est ainsi que Boileau appelait le théâtre italien), il s'est piqué d'une discrétion dont on pourrait lui faire un reproche ; il y aurait aisément trouvé beaucoup de plaisanteries meilleures que celle-ci. Le vieux juge dit : l'arrêt ne sera pas cassé. — Il ne lui ressemblera donc pas, reprend à part la jeune nièce ? Le public des Variétés, qui n'est pas autrement difficile sur ce dont on assaisonne ce qu'on lui offre, a pourtant fait une grimace de dégoût. D'éternelles plaisanteries sur un bois apporté en dot, et dont le mari a par-dessus la tête n'auraient pas obtenu grace pour la maussade longueur de plusieurs scènes ; mais on n'a pu la refuser à quelques jolis couplets, et au jeu plein de verve et de chaleur de mesdames Baroyer, Elomire et Vautrain ; leurs costumes surannés ont excité de grands éclats de rire, et la caricature de Brunet Roquentin lui méritera l'honneur d'être gravé dans ce rôle.

On voit que le magasin du théâtre ou la garderobe des acteurs n'a pas peu contribué à ce succès, sur lequel des siffleurs assez obstinés ont voulu élever une chicane ; mais il suffit, pour les débouter, de dire que l'auteur a été nommé : c'est M. Dumersan. Peut-être ces entêtés oseront-ils soutenir que cela ne prouve rien ; en ce cas, je ne sais plus que leur répondre ; ils conviendront du moins avec moi que Mlle. Pauline, en habit de chasse, était, s'il est possible, encore plus gentille qu'à l'ordinaire

Voici un des couplets qui ont été le plus applaudis ; madame Roquentin prescrit l'ordre de l'audience:

Moi, je serai présidente,
Et madame plaidera ;
La conseillère prudente
Auprès de moi siégera ;
De nos officiers les femmes
Mettront la cour au complet,
Et toutes les autres dames
Opineront du bonnet.

Il s'en faut beaucoup que l'acte d'accusation, le plaidoyer et le jugement du Tribunal des femmes soient aussi gais que ceux du Procès du Fandango, celle des pièces modernes qui lui ressemble le plus, et les assises des Variétés n'auront pas, je crois, des audiences aussi nombreuses et suivies avec autant d'empressement que celles du Vaudeville. Si l'auteur était traduit à un tribunal de grammairiens, il serait condamné à..... (je ne connais pas le code pénal de la grammaire) pour avoir, en faveur d'une rime plus facile, violé la règle des participes dans les vers suivans. Il parle des suppôts de Thémis :

Entre eux la paix est bientôt faite ;
Si par hasard ils se sont faits
Quelques querelles au palais,
Ils les vident à la buvette.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 19e année, 1814, tome VI, p. 161-162 :

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Le Tribunal des Femmes, ou les Vacances de Caudebec, comédie en un acte, mêlée de couplets, jouée le 26 Octobre.

La Cause des Femmes, Colombine avocat pour et contre, et d'autres pièces de l'ancien Théâtre Italien, avoient été composées pour faire briller le talent d'une actrice parfaite dans les rôles de soubrettes et de travestissement, et qui excelloit sur-tout dans les thèses, les plaidoyers et les discours de longue haleine. Il paroît que le Tribunal des Femmes a été fait pour donner à Mademoiselle Elomire, l'occasion de développer son talent comique dans un rôle d'avocate, où elle débite, en effet, un plaidoyer fort comique, dont elle se tire avec beaucoup d'originalité. Voici le sujet de la pièce : Des Provinciales sont liguées contre une jeune Parisienne, dont les grâces et l'amabilité leur portent ombrage. Ce sont les femmes du bailly, de l'assesseur, du greffier, et de l'huissier. Les vacances arrivent ; les maris vont à la chasse, et les vieilles folles forment un tribunal, siégent chacune à la place de leur époux, et rendent un jugement dans les formes, qui condamne la Parisienne à quitter la ville de Caudebec, et à être reconduite à Paris en diligence. Après ce bel exploit, elles envoyent chercher les clercs de leurs maris, pour danser en l'absence de ces Messieurs; mais les chasseurs, avertis par l'amant de la jeune Parisienne, reviennent ex abrupto, surprennent leurs femmes dansant avec leurs clercs, et leur reprochent de se laisser prendre flagrante dëlicto, elles qui condamnent les autres. Deux ou trois mots, qui avoient paru déplacés dans la bouche de la jeune Parisienne, avoient excité la mauvaise humeur de quelques Aristarques sévères. On a supprimé les mots qui avoient blessé ces oreilles délicates, et la pièce n'a plus éprouvé la moindre défaveur. Plusieurs scènes excitent le rire ; quelques couplets ont eu l'honneur du bis : c'est, je crois, tout ce qui constitue le succès d'un vaudeville. Celui-ci est de MM. Du Mersan et M. ***.

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