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Le Triomphe de la République ou le Camp de Grand-Pré

Le Triomphe de la République ou le Camp de Grand-Pré, divertissement en un acte, de Marie-Joseph Chénier, musique de Gossec, ballet de Gardel, 9 pluviôse an 1 [27 janvier 1793].

Opéra national

Titre :

Triomphe de la République (le), ou le Camp de Grand Pré

Genre :

divertissement

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

vers

Musique :

oui

Date de création :

9 pluviôse an I (27 janvier 1793)

Théâtre :

Opéra national

Auteur(s) des paroles :

Marie-Jospeh Chénier

Compositeur(s) :

Gossec

Chorégraphe(s) :

Gardel

Almanach des Muses 1794

Poëme écrit avec soin ; plusieurs fragments des hymnes patriotiques du C. Chénier. Musique savante. Un ballet charmant.

Le site César donne pour titre Le Camp de Grand-Pré, ou le Triomphe de la République.

1793: l'esprit des journaux, de Christophe Cave, Denis Reynaud, Danièle Willemart, Saint-Étienne, 1993, p. 64-65, donne un extrait de la critique de la pièce parue dans le Mercure français du 3 février :

Le Triomphe de la République ou le Camp de Grand-Pré, exécuté à l'Opéra, le dimanche 27, n'est qu'un simple divertissement, une espèce de fête où l'on ne doit point s'attendre à trouver une action dramatique que l'auteur n'a pas voulu y mettre. C'est un cadre destiné à rassembler quelques odes, quelques chants patriotiques, déjà employés dans plusieurs de nos fêtes nationales, et que le public désirait d'entendre de plus près. Chénier, qui en est l'auteur, n'a fait que les lier ensemble. La scène, qui représente le camp du Grand-Pré, laisse voir nos soldats couchés en partie sous des tentes, en partie sur la terre. Ils se réveillent au bruit du tambour. Des officiers municipaux viennent les complimenter sur leur dévouement à la cause de la patrie. Le magister et sa maîtresse à la tête d'une foule de paysans, viennent les distraire un moment de leurs travaux guerriers. On chante une ronde très gaie et très jolie, dont on a fait répéter plusieurs couplets. Bientôt on crie aux armes, et les soldats français y courent avec le même empressement qu'au bal, malgré les cris et les alarmes de leurs femmes et de leurs enfants. Ils reviennent vainqueurs : un officier-général fait la description du combat, et tous célèbrent le triomphe de la République. La liberté qu'ils invoquent descend du ciel pour se fixer parmi nous, et reçoit, dans un fort beau ballet, l'hommage des peuples divers.

Plusieurs couplets de cet ouvrage, et un grand nombre de vers aussi poétiques que patriotiques ont été fort applaudis ; mais comme l'intérêt dramatique n'en saurait être le plus ferme appui, il est probable qu'il réussira encore plus à la lecture qu'à la représentation. Il n'y a pas à ce théâtre beaucoup de morceaux écrits de ce style.

On connaît les talents de Gossec, auteur de la musique ; l'emploi civique auquel il paraît les avoir consacrés, ne les a point afffaibli. […]

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 3 (mars 1793), p. p. 309-311 :

[Le critique ne ménage pas ses compliments : tout est parfait dans ce spectacle patriotique, et le compte rendu n’ose qu’un reproche qu’il retire aussitôt : le ballet, un peu long, mais si beau (peut-on se plaindre de trop de beauté ?). Quelques reprises dans le texte : M. Chénier recycle « quelques fragments de ses hymnes », tout comme certains airs de Gossec rappellent une autre de ses œuvres.

ACADÉMIE DE MUSIQUE.

Le triomphe de la République, ou le camp de Grand-Pré, divertissement en un acte, paroles de Chenier, musique de Gossec.

La scene est à Grand-Pré, dans le camp des François, séparé du camp des Prussiens par la riviere de l'Aîne. L'armée, à son réveil, chante en chœur une invocation à l'Eternel. Le maire vient annoncer la trêve ; & là, trois voix touchantes adressent au soleil un hymne dont les vers ne sont pas moins beaux, & dont la musique nous a paru encore plus belle.

Le villageois Thomas, orateur, chansonnier, chanteur de son village, vient, accompagné de sa femme Laurette, & suivi des garçons & des filles, égayer la scene. Ils apportent tous des fruits & du vin ci-devant Champenois ; puis ils chantent une ronde. Ici l'on ne sait ce qui charme le plus, ou de la gaîté des couplets & du refrain, ou de l'air délicieux, ou du gosier enchanteur de Lais, que seconde fort bien la jeune Gavaudan.

Mais la générale interrompt les chants & la danse, & l'on va se battre ; les adieux sont touchans. Un vieux invalide, resté avec d'autres vieillards, les officiers municipaux, les femmes & les enfans se désolent de ne pouvoir combattre. Les femmes tremblent, les enfans pleurent ; mais l'alarme est de courte durée ; les François reviennent bientôt vainqueurs ; & sans doute l'auteur a voulu peindre la célérité de nos exploits. Ici le général entonne la victoire ; & ce général est Chéron : paroles, musique, chant, tout ravit, tout transporte ; l'air qui finit par ces deux vers,

Le François chante sa victoire,
Et pardonne au soldat vaincu,

porte à l'ame un intérêt touchant, & fait le plus grand honneur à la sensibilité du poète & du musicien.

On appelle la liberté : elle paroît à l'instant. La liberté est si près de nous ! elle déclare qu'elle vient fixer à jamais son séjour en France : chœur général entremêlé de strophes dignes du reste ; peut-être cette machine & l'entrée des différentes nations, placées dans un cadre aussi étroit, ont-elles plus de prétentions que de vérité. C'étoit assez du fait & du talent de l'auteur. Le tout est couronné par un ballet composé par Gardel, que nous trouverions trop long & propre à étouffer le sujet, si nous avions le courage de réclamer contre nos jouissances.

Le sieur Chenier a inséré dans cet ouvrage quelques fragmens de ses hymnes composés pour différentes fêtes nationales ; le public a fait répéter plusieurs couplets.

On a beaucoup applaudi l'invocation suivante au soleil :

Soleil, qui, parcourant ta route accoutumée,
Donnes, ravis le jour, & regle les saisons,
Qui, versant des torrens de lumiere enflammée.
        Mûris nos fertiles moissons,
Feu pur, œil éternel, ame & ressort du monde,
Puisses-tu des François admirer la splendeur !
Puisses-tu ne rien voir, dans ta course féconde
        Qui soit égal à leur grandeur !

Ce divertissement est mis avec ce soin particulier qui distingue l'administration de ce spectacle : l'exécution de la pantomime y est parfaite, & il regne, jusques dans les moindres détails, un charme bien propre à entretenir dans les cœurs le feu sacré de l'amour de la liberté, que tout homme, qui sent la dignité de son être, doit conserver jusqu'à la mort. La musique de Gossec est riche comme toute celle de ce compositeur ; deux trios dans le genre de son ô salutaris, ont réuni tous les suffrages, & sa description du combat est de la premiere beauté.

La base César ne signale qu’une représentation, celle de la création le 27 janvier 1793, mais d’après la base Chronopéra, l'œuvre de Chénier a été jouée 10 fois à l’Opéra (salle de la Porte Saint-Martin) du 27 janvier au 26 février 1793.

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