Les Troubadours en voyage

Les Troubadours en voyage, vaudeville en deux actes, de Léger et Chazet, 1er brumaire an 8 [23 octobre 1799].

Théâtre des Troubadours.

Titre :

Troubadours en voyage (les)

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

 1er brumaire an 8 [23 octobre 1799]

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

Léger et Chazet

Courrier des spectacles, n° 975 du 2 brumaire an 8 [24 octobre 1799], p. 2-3 :

[Le même soir, pièce nouvelle et début d’un acteur : tout s’est bien passé. Les auteurs ont été nommés, et un des deux a paru. Le résumé de l’intrigue ne montre rien de déroutant : un amant qui part à la recherche de sa bien aimée, et pour cela se déguise en troubadour, costume imposé à tous ceux qui l’accompagnent. Il la retrouve dans le château de son tuteur, qui lui fait subir une sorte de « cour d’amour », avant de l’unir à sa bien aimée. La pièce comporte des « couplets très-agréables » et « plusieurs airs », qui font hésiter sur la nature de la pièce, vaudeville ou opéra. La réaction positive des spectateurs montre que le public a pris du plaisir.]

Théâtre des Troubadours.

Double succès hier à ce théâtre, celui de la pièce des Troubadours en Voyage et du citoyen Joseph, ci-devant acteur de l’Opéra-comique, qui a joué le rôle d’Edouard, dans ce nouvel ouvrage.

L’auteur a été vivement demandé : le citoyen Joseph est venu nommer les citoyens Léger et Chazet ; tous deux appellés, le premier seul a paru.

Edouard de Condrieux a perdu Ernestine, sa maîtresse. Ignorant le pays qu’elle habite, il voyage en la cherchant sous l’habit de Troubadour, qu’il a fait prendre à son valet, ainsi qu’à toute sa suite. Florette, épouse du valet, a suivi Ernestine, mais n’est pas comme elle l’objet des recherches d’un amant, elle est même fort peu regrettée de son mari. Nos voyageurs sont arrivés auprès d’un château : c’est celui de Berenger, tuteur d’Ernestine, qui l’a emmenée dans sa retraite dans l’espoir d’en faire sa femme. Bertrand, concierge du château, vieillard très-discret, apprend tout à Edouard. Il ne néglige rien pour revoir sa maitresse et obtient un asyle dans le château, où il reçoit même l’emploi d’égayer la belle captive et de la distraire de son premier amour. Ce dernier soin seroit trop pénible pour Edouard : il ne pense qu’à délivrer sa maitresse, mais accusé devant elle par Berenger, qui ne le connoît pas, d'avoir formé d’autres engagemens, il se fait reconnoitre. Bérenger donne aussi-tôt des ordres pour faire mettre tout son monde sous les armes. Edouard est soumis à un tribunal que l’on pourroit appeller cour d'amour. Bérenger demande quelle peine peut encourir un homme qui s’est introduit frauduleusement auprès d’Ernestine : La mort ! répond le tribunal. Mais Ernestine demande à son tour quelle récompense mérite un amant fidèle qui cherche sa maîtresse : L’amour ! répond le tribunal. Bérenger, qui s’est amusé quelque tems, finit par unir les deux amans.

Cette pièce, mêlée de couplets très-agréables, et de plusieurs airs, offre de l’appareil et laisse souvent douter si c’est un vaudeville ou un opéra que l’on voit ; mais les nombreux applaudissemens n’ont pas permis de douter du plaisir du public, qui étoit en assez grand nombre. Plusieurs couplets ont été répétés.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome IV, p. 253-254 : :

[Le sujet, quoique rebattu (une nième variation sur les amours contrariées d’un jeune homme et de la pupille d’un bien méchant tuteur, achevée par le dénouement attendu), ne fait l’objet d’aucun commentaire. C’est seulement le jeu des acteurs et un épisode (« l'amour du vieux concierge ») qui sont commentés. Important ! la distinction entre le chant du vaudeville et celui de l’opéra : il y a des différences entre les genres, et il faut les respecter.

La première représentation de la pièce a eu lieu le 1er brumaire, et non le 2.]

Les Troubadours en voyage, vaudeville en deux actes.

Cette pièce a été jouée, le 2 brumaire, avec succès.

Edouard, jeune troubadour, voyage avec une troupe de troubadours comme lui ; le but de son voyage est de chercher sa maîtresse qu'on lui a enlevée. Il arrive près d'un château, où il demande l'hospitalité, et il apprend, du concierge, qu'Ernestine, sa maîtresse, a été renfermée dans ce château par Berenger, son tuteur, qui en est amoureux. Berenger reçoit très-bien les troubadours, et prie Edouard, qui ne s'est fait connoître à lui que sous le nom d'Hippolyte, de chanter des couplets à sa maîtresse, dans une fête qu'il doit lui donner ; de plus, il l'engage à feindre d'avoir connu, dans ses voyages, le troubadour Edouard, et à dire à Ernestine qu'il est marié. Edouard ne veut pas consentir à trahir la vérité, il se découvre. Le tuteur, pour effrayer les amans, assemble ses soldats, et une espèce de cour d'amour, composée des troubadours et des villageoises du canton. Il demande ce que mérite celui qui, sous un nom supposé, s'introduit chez un autre, pour lui enlever sa maîtresse ; le tribunal répond, la mort. Mais, dit Ernestine, que mérite celui qui force tous les obstacles pour revoir sa maîtresse, et qui revient encore fidèle, malgré deux ans d'absence. Le tribunal répond, l'amour. Alors le tuteur consent à l'union des amans.

L'épisode de l'amour du vieux concierge pour la femme du ménestrel d'Edouard, a beaucoup amusé. Le C. Tiercelin , chargé de ce rôle, en a parfaitement saisi la caricature.

Le C. Joseph, qui a débuté par le rôle d'Edouard, a été très-bien accueilli. C'étoit un des meilleurs acteurs de la troupe des Bouſſons, qui jouèrent l'opéra comique, l'année dernière, au théâtre du Lycée. On a seulement trouvé qu'il brodoit trop son chant ; le vaudeville ne doit pas se chanter comme le grand opéra. Voici un couplet du vaudeville, qui a été redemandé.

Air du vaudeville de Jean Monet.

On prétend que la Constance,
Voulant connoître l'Amour,
Pour le beau pays de France,
Avec lui partit un jour.
        Ce dessein
        Fut trop vain,
Car le Dieu, n'y voyant goutte,
Perdit la Constance en route,
Et fit tout seul le chemin.

Les auteurs sont les CC. Léger et Dupaty.

[Confusion dans le nom des auteurs : le second auteur, c’est Chazet, pas Dupaty.]

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome III (frimaire, an 8), p. 212-214 :

[Après avoir résumé l’intrigue, le critique ne peut que constater le manque d’originalité et le caractère rudimentaire du plan (encore un tuteur qui veut épouser sa pupille, et qui finit par la céder sans qu’on sache trop pourquoi à son amant. Ce qui assure à la pièce son succès, c’est, une fois de plus, « la vivacité du dialogue, la variété des détails, le piquant des couplets, & surtout l'heureux choix des airs ». Les auteurs, nommés, sont en effet des gens expérimentés. La fin du compte rendu cite deux des couplets redemandés, pris dans le vaudeville final.]

THÉATRE DES TROUBADOURS, SALLE DE LOUVOIS.

Les Troubadours en voyage.

Un jeune chevalier, nommé Edouard de Condrieux, suivi de Roger, son valet, & d'une troupe de domestiques, cherche par monts & par vaux la demoiselle de ses pensées ; il arrive devant le château isolé où cette belle est renfermée par le comte Beranger, son tuteur, & il se détermine à se faire passer pour Troubadour, dans l'espoir d'être accueilli par le maître du lieu ; en effet, on le reçoit d'autant mieux, en faveur de ce titre, que le comte, homme joyeux & d'un esprit borné, veut donner une fête à sa pupille, & a besoin d'un galant interprète pour lui déclarer son amour. La fête commence; le faux Troubadour, chargé de chanter cette déclaration, profite de la circonstance pour se faire reconnoìtre de sa Mie, & pour lui jurer de nouveau fidélité. Mais lorsque Beranger l'engage à calomnier devant elle Edouard de Condrieuz, celui-ci s'y refuse avec indignation, & il se nomme. Le comte, fâché, mais toujours bon homme, menace hautement son rival, & convoque une cour d'amour pour le juger. Edouard est d'abord condamné à mort; mais les réclamations de sa maîtresse, & l'aveu que Beranger fait de sa propre faute, font bientôt révoquer la sentence, & les deux amans sont unis par celui-là même qui sembloit vouloir leur perte.

Telle est à peu près la marche de la pièce ; le plan n en est pas savant, le sujet n'en est pas neuf, mais la vivacité du dialogue, la variété des détails, le piquant des couplets, & surtout l'heureux choix des airs ont dû en déterminer, le succès; nous pensons qu'il sera durable.

Les auteurs ont été demandés avec transport; ce sont les CC. Lèger & Chazet.

De tous les couplets qu'on a vivement applaudis, nous n'avons pu retenir que les suivans ; ils font partie du vaudeville de la fin.

Vaudeville de Monnet.

Un époux ne sait pas plaire :
Mais conviens-en franchement,
On aime encor mieux, ma chère,
Jeune époux que vieil amant.
          C'est en vain
          Qu'à ta main,
Prétend un sexagénaire ;
              Vieillard,
           Qui part
          Pour Cythêre,
Tous le jours reste en chemin.

On prétend que la Constance,
Voulant connoître l'Amour,
Pour le beau pays de France,
Avec lui partit un jour ;
          Son dessein
          Fut trop vain ;
Car le Dieu n'y voyant goute,
Perdit la Constance en route,
Et fit seul seul le chemin.

D’après la base César, la pièce de Chazet et Léger a connu 9 représentations du 23 octobre au 7 novembre 1799.

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