Taisez-vous

Taisez-vous, parodie de Thésée, mêlée de vaudevilles, 15 frimaire an 9 [6 décembre 1800].

Théâtre des Troubadours

Titre :

Taisez-vous

Genre

parodie

Nombre d'actes :

 

Vers / prose

prose

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 frimaire an 9 (6 décembre 1800)

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

 

Almanach des Muses 1802

Courrier des spectacles, n° 1379 du 17 frimaire an 9 [8 décembre 1800], p. 2 :

[La première de la parodie n’a pas très bien commencé : le traditionnel couplet d’annonce a été redemandé, mais « peut-être par habitude », et son contenu est curieusement décrit (est-ce une critique d’avoir osé rappeler que l’opéra avait fait l’objet de critique. L’aperçu de la parodie permet de constater que ses personnages, empruntés au petit monde des arlequinades, sont bien une caricature des personnages de l’opéra, transporté d’Athènes à Nogent-le-Rotrou. Et l’intrigue reproduit « presque pas à pas » celle de l’opéra. Le critique concède quelques qualités à la parodie (« couplets saillans », « détails où la gaité se trouve réunie à une critique assez fine », mais il souligne surtout un gros défauts, les personnalités (les allusions personnelles à un individu ou à un évènement singulier) : c’est un procédé très contestable pour le critique, et le signe que la pièce ne durera pas ; cette question appelle de sa part un assez long développement, plutôt sévère. Il estime que ce genre de procédé est peu honnête. Pourtant le public est sorti en répétant le refrain du Vaudeville, qui consiste en un très ambigu « Taisez-vous ». Et il laisse entendre que la mémoire des acteurs n’étais pas sans défaut...]

Théâtre des Troubadours.

Taisez-vous

Un couplet d’annonce foiblement redemandé, peut-être par habitude, invitoit le public à ne pas indiquer de changemens pour la parodie comme il en avoit indiqué pour la tragédie.

Madame Madrée (Médée) femme digne de sa mauvaise réputation, après avoir commis toutes sortes d’excès en différentes villes, s’est rendue à Nogent-le-Rotrou, où elle a épousé Cassaudre Gelé (Egée) , vieillard foible et crédule, directeur du spectacle. Par ses intrigues, elle a dépouillé Gilles Paillasse (Pallante) de son droit à la succession du papa Cassandre, mais un nouveau danger le menace. On attend l’arrivée d'Arlequin Taisez-vous (Thésée) qui doit débuter dans la tragédie de Thésée, par le principal rôle. Madrée qui, en tirant les cartes, y a lu la naissance et les droits d’Arlequin, veut engager Cassandre à lui donner un soporifique à la répétition du quatrième acte. Le foible vieillard souscrit à cet ordre, quoiqu’à regret, mais au moment de l’exécution, au moment où Arlequin, la coupe à la main, tire son sabre de bois pour renouveller serment de fidélité à Cassandre-Gelé ; celui-ci reconnoît ce sabre que jadis il a donné à son fils. Gilles pétrifié de cette reçonnoissance, s’esquive sans bruit. Madrée menace, éclate ; un grand bruit se fait entendre : on vient annoncer qu’elle s’est laissée tomber dans une trappe où elle est prise, et où elle cause tout ce tintamare.

Tel est l’apperçu de Taisez-vous, parodie de Thésée. On voit que le modèle y est suivi presque pas à pas. On ne peut refuser à cette production le mérite de quelques couplets saillans, de quelques détails où la gaité se trouve réunie à une critique assez fine ; mais il semble que cinq ou six auteurs réunis (nous ne sommes pas précisément sûrs du nombre de ceux de Taisez-vous , car ils ont gardé l’anonyme) pouvoient au moins trouver matière à s’exercer d’une manière plus honnête. Des personnalités ! toujours des personnalités ! quand on attend presque tout le succès d’une pièce de moyens aussi pauvres, c’est un succès bien éphémère. J’en appelle à l’impression qu’elles ont faites sur le public. On chante un couplet, il offre un trait mordant, on reconnoît ou plutôt on croit reconnoitre. Soudain une voix de Stentor s’écrie : bis ; quelques échos répondent à cet appel, et le couplet répété réveille, fatigue de nouveau et dégoûte le public étranger à ces misérables vengeances. Quelle victoire ! comparons cette fureur de médire, cette manie de déchirer qui fait tout l’esprit de quelques jeunes auteurs, avec la modération d’un de leurs plus aimables maîtres, le citoyen B.... ; on lui offre de répondre à une aggression inattendue ; il s’y refuse : un tireur habile ne se mesure pas avec un adversaire encore novice, il attend que les armes soient égales, si fas est. On pourroit presque ne pas désespérer de les voir égales un jour, à en juger par la manière dont le public accueillit cette parodie, dont les beautés le frappèrent au point qn’en sortant, il répétoit le refrein du vaudeville, Taisez-vous.

En payant aux acteurs le tribut d’éloges qu’ils méritent pour le zèle avec lequel ils se prêtent à monter les diverses nouveautés, qu’il nous soit permis de leur observer que leur mémoire trahit souvent ce même zèle.

Il nous reste à parler d’un début dans le rôle de Bonne de la pièce de Belle et Bonne. L’actrice qui remplissoit ce rôle est encore bien jeune (elle n’a pas encore, dit-on, quinze ans), n’a pour elle qu’un physique assez agréable : du reste, peu de moyens, tant pour le chant que pour le jeu, à moins que son extrême timidité ne l’ait empêchée de les développer.

F. J. B. P. G***.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VI. année (an viii-1800), tome IV., p. 553-554 :

Théâtre des Troubadours.

Taisez-vous.

Cette parodie de Thésée a été jouée le 16 frimaire.

La scène est à Nogent le Rotrou. M. Cassandre Gelé a épousé M.me Madré, qui le conduit à la lisière. Elle s'entend avec Gille Paillasse. pour ôter à Cassandre la direction de la troupe comique, et celui-ci feint de la seconder, et travaille pour lui-même On attend Arlequin Taisez-vous, qui doit débuter. M.me Madré, à la répétition, engage son mari à mettre du poison dans la coupe ; mais Arlequin tire sa batte pour jurer d'être fidèle à Cassandre ; et celui-ci reconnoît le fils qu'il avoit eu de M.lle Petra. Alors M.me Madré tombe dans une trappe, et on chante le vaudeville. Cette parodie est assez bien faite ; mais on peut lui reprocher d'être triviale, et d'offrir peut de couplets saillans. L'idée de faire conduire M. Cassandre à la lisière par sa femme est assez originale.

Le C. Bosquier Gavaudan a très-bien joué le rôle de Taisez-vous ; mais il parodie moins bien que le C. Laporte le jeu de Talma.

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