Thibaud, comte de Champagne

Thibaud, comte de Champagne, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Scribe, Henri Dupin et Germain Delavigne, 27 septembre 1813.

Théâtre du Vaudeville.

 

Titre :

Thibaud, comte de Champagne

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

27 septembre 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Scribe, Germain Delavigne et Henri Dupin

La date de création et le nom des auteurs m’ont été fournis par la McGraw-Hill, Encyclopedia of World Drama, volume 4, p. 65.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome X, octobre 1813, p. 288-291 :

[Le critique commence par ironiser sur le discours moralisateur qu’il prête à la pièce qu’il présente : le Vaudeville au secours de l’amour conjugal ! Celle-ci utilise des personnages historiques, et le début de l’article parle bien d’histoire. Sans précaution, c’est l’intrigue de la pièce que le critique résume (mais est-ce encore de l’histoire ?). Un mariage qui se passe mal (le beau-père fait massacrer la suite du jeune marié qui échappe lui-même de peu à la mort, la jeune épouse regrettant son époux et se déguisant en troubadour pour le rejoindre). En présence de son épouse, le malheureux mari a bien du mal à la reconnaître : il faut que quelqu’un lui révèle qui est la femme avec laquelle il s’entretient. Mais une fois mis au courant, « tout s'éclaircit, et les deux époux se promettent de faire bon ménage » : la fidélité conjugale triomphe ! Le critique trouve que « la pièce est froide et manque d'action », même si les incidents sont nombreux, et c’est aux couplets qu’elle doit d’avoir obtenu du succès. Les airs sont bien choisis, les interprètes sont inégaux : la jeune mariée « est charmante en troubadour et en princesse », mais le jeune marié a pour un roi « un air fort emprunté ». Les auteurs ont choisi de rester anonymes.]

Théâtre du Vaudeville.

Thibault, comte de Champagne.

Dieu aidant, le Vaudeville va devenir un cours de morale. Depuis quelque temps on n'y voit plus que des maris amoureux de leurs femmes..... qu'ils ne reconnaissent pas, il est vrai ; mais on accoutume tout doucement les spectateurs à de pareilles idées, et petit à petit on en viendra à présenter l'amour conjugal dans toute sa pureté ; ce sera une œuvre véritablement méritoire pour le Vaudeville.

Thibault, comte de Champagne et roi de Navarre, plus connu par ses chansons que par ses exploits, est le héros de la pièce .nouvelle. Si l'on en croit quelques historiens, ce prince, amoureux de la reine Blanche, aurait fait empoisonner Louis VIII et le comte de Boulogne, oncle de Saint-Louis. Il fut chef d'une croisade, se brouilla avec le pape, et vit son royaume en interdit, etc. Il n'était pas aisé de trouver, dans tout cela le sujet d'un vaudeville : aussi n'en est-il pas question dans la pièce nouvelle.

Thibault a épousé Marie, sœur du duc de Bretagne. La première nuit des noces, le duc a fait massacrer toute la suite du roi de Navarre, qui ne s'est échappé lui-même qu’avec peine. Thibault croit que sa femme a trempé dans cet abominable complot, et a fait vœu de ne plus la revoir. Cependant Marie, qui aime et regrette son époux, quitte la cour de son frère, se déguise en troubadour, et part, accompagnée d'un seigneur auquel elle a sauvé la vie. Elle rencontre, dans les environs du camp de Thibault, un vieux soldat ivre, et lui demande un asile. Ce soldat trouve le jeune troubadour fort aimable, et consent à l'admettre dans le réduit où il a caché une feuillette de vin prise à l'ennemi. Ce rôle de soldat est joué par Joly ; il serait presque inutile d'ajouter qu'il a fait beaucoup rire.

Bientôt Marie reprend les habits de son sexe, et demande à entretenir le roi, annonçant qu'elle a de grands secrets à lui révéler. Le roi hésite à recevoir cette inconnue ; mais, réfléchissant qu'un souverain doit tout voir par lui-même, il ordonne qu'on le laisse seul avec elle. A la taille, il croit d'abord reconnaître sa maîtresse ; mais la dame voilée déclare qu'elle n'est point Armoflède : cette Armofléde est une des maîtresses du roi. Thibault fait mille questions à l'inconnue, lui dit les choses les plus aimables ; elle garde un profond silence. En mêlant à ses galanteries un peu de témérité, Thibault se croit bien sûr de la faire parler ; il n'en obtient pas un mot. Il lui prend la main, on le laisse faire : il demande un baiser, on n'oppose aucune résistance. A chaque nouvelle entreprise du roi, Marie dit tout bas : Après tout, c'est mon mari. Déjà il se disposait à l'emmener dans sa tente, lorsque le seigneur auquel la princesse a sauvé la vie arrive, et apprend à Thibault qu'il est avec sa femme. Tout s'éclaircit, et les deux époux se promettent de faire bon ménage.

La pièce est froide et manque d'action, quoiqu'elle soit surchargée d'événemens. Elle s'est soutenue par les couplets, et surtout par le choix des airs. On a saisi avidement un mot de Marie, qui offrait une allusion flatteuse pour Grétry, mais qui n'était pas très-obligeante pour nos autres compositeurs. Mlle. Rivière est charmante en troubadour et en princesse ; Henri, peu habitué à la pourpre royale, avait l'air fort emprunté dans le rôle du roi de Navarre.

Les auteurs avaient adressé la requête suivante au public, dans le couplet d’annonce :

Thibault pour l'esprit fut vanté :
Je ne sais si l'esprit se gagne ;
Mais il est bien vrai qu'en Champagne
Ils n'en ont guère profité.
Un vieux dicton doit vous instruire
Qu'ils en sont assez mal nantis :
Pourtant, messieurs, n'allez pas dire
Que les auteurs sont du pays.

On a octroyé leur demande, malgré une légère opposition. Toutefois ils ont persisté à garder l'anonyme.

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