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Tout le monde a tort

Tout le monde a tort, opéra en un acte ; 6 messidor [an 13].

Théâtre Montansier.

Titre :

Tout le monde a tort

Genre :

opéra

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

vers ?

Musique :

oui

Date de création :

6 ou 8 messidor an 13 (25 ou 27 juin 1805)

Théâtre ;

Théâtre Montansier

Auteur(s) des paroles :

inconnu

Compositeur(s) :

inconnu

Almanach des Muses 1806.

Deuxième représentation le 8 messidor (27 juin).

Courrier des spectacles, n° 3052 du 7 messidor an 13 [26 juin 1805], p. 2 :

Tout le monde a tort, opéra joué hier au Théâtre Monatnsier, n’a pas eu de succès ; mais tout le tort n’est pas venu des auteurs.

Courrier des spectacles, n° 3053 du 8 messidor an 13 [27 juin 1805], p. 2 :

[Le critique, après avoir annoncé l'essentiel (un mauvais livret, une bonne musique, des acteurs vocalement insuffisants et un public peu désireux d’écouter) développe dans un long paragraphe la question des cabales provoquées par les musiciens, qui se jalousent tous, si bien que la salle est noyautée par deux groupes antagonistes de jeunes gens payés quarante sous pour, les uns siffler, les autres applaudir la pièce du jour, qui ne vaut d’ailleurs pas cher : elle a été jugée indigne de l’Opéra-Comique, et s’est réfugiée au Théâtre Montansier après avoir été abaissée au niveau de ce spectacle. Le résumé de l’intrigue confirme la médiocrité du sujet, une de ces éternelles histoires de jeune fille qui veut épouser un autre jeune homme que celui que son père lui destine, et qui y parvient, naturellement, après quelques malentendus. Le critique ne dit rien de ce scénario, et ne juge que la musique, qu’il estime de qualité : il suffirait que tel morceau soit bien interprété pour réussir (les acteurs n’ont visiblement pas séduit le critique). Par contre, il promet un bel avenir au jeune compositeur, dont il ne donne pas le nom.

Théâtre Montansier.

Tout le monde a tort, opéra en 1 acte.

Tout le monde a eu tort dans cet ouvrage : l’auteur, parce que sa pièce manque d’intérêt et de gaîté ; le musicien, parce qu’il a attaché une musique légère, vive et brillante à un fonds foible et sans couleur ; les acteurs, parce qu’ils n'ont pas tous bien chanté, et le public, parce qu’il n’a pas toujours voulu écouter.

Il me paroit en effet démontré qu’il existoit dans le parterre une petite cabale contre le compositeur de la musique. On savoit qu’elle est d’un jeune auteur plein de talent et d’émulation, élève des plus grands maîtres de l’Italie, et capable d’exciter par ses productions l’envie de ses confrères. Les médecins passent communément pour les hommes les plus jaloux du inonde. C’est une injustice ; cette préférence est due aux musiciens. Il n’est guères de profession où l’on se pardonne moins les talens et les succès. Chaque faction ne veut de musique que la sienne : elle a ses agens, ses affidés, ses émissaires. Donne-t-on un ouvrage de M. A. ? voilà aussitôt le parti de M. B. qui expédie ses détachemens, leur donne une consigne. Joue-t-on un ouvrage de M. B ? le parti de M. A. envoie à son tour toutes ses milices ; et pour qu’on ne puisse pas douter que les deux factions sont en guerre, c’est au moment où l’on applaudit le plus fortement que les réfractaires font entendre leurs sifflets. Ce sont ordinairement quelques jeunes gens inutiles et désœuvrés, qui, pour quarante sols, se chargent de renoncer à leur conscience, à leur goût et à la justice : et comme d’un autre côté d’autres jeunes gens, pour le même salaire, se sont chargés d’une fonction opposée, il en résulte un tumulte qui ne permet guères aux gens désintéressés de savoir à quoi s’en tenir dans une première représentation.

La pièce jouée avant hier étoit destinée pour l’Opéra Comique ; mais le fonds en ayant paru trop foible, l’auteur l’a renvoyée au Théâtre Montansier. Il falloit alors donner à la pièce la robe nuptiale, c’est-à-dire en déformer le langage, viser aux rebus et aux quolibets, et l’Auteur a fait de son mieux pour arriver à ce but.

Un aubergiste de Cologne veut marier sa fille Clara à une espèce de niais de Paris, nommé M.Amandin. Clara veut épouser Sézanne, jeune homme qu’elle est parvenue à faire introduire dans l’auberge sous un nom supposé. L’Aubergiste, qui est grand politique, le voyant chargé d’un vaste porte-feuille, imagine qu’il est un envoyé diplomatique. Amandin, qui lui a vu donner un portrait à Clara, soupçonne que c’est un amant. L’Aubergiste se propose d’enlever le porte-feuille, Sézanne d’enlever la fille, et Amandin le portrait. Au moment où chacun se dispose à exécuter ce dessein, tout s’éclaircit. Clara avoue que Sézanne est son amant ; Sézanne déclare qu’il a obtenu un emploi dans la diplomatie. L’Aubergiste renvoie Amandin, et les deux amans sont unis.

L’ouverture de cet opéra est d’une composition élégante et variée. Un trio entre Brunet, Dubois et Mlle. Caroline n’auroit besoin que d’être bien chanté pour être très-applaudi. L’air de Mlle. Caroline est d’un style très-gracieux ; et le quatuor de la fin, quoiqu’un peu long, auroit eu sur tout autre théâtre un très grand succès. On a reconnu un compositeur habile qui n’avoit pas besoin du succès de cet ouvrage pour obtenir une réputation distinguée.

L’Opinion du parterre, troisième année, février 1806, p. 376, règle rapidement le sort de Tout le monde a tort :

8 Messidor.

Première représentation de Tout le Monde a tort, opéra en un acte. Chute.

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