Tout pour l'amour, ou Roméo & Juliette

Tout pour l'amour, ou Roméo & Juliette, drame lyrique en quatre actes ; paroles de Monvel, musique de d'Aleyrac, 7 juillet 1792.

Théâtre Italien.

Titre :

Tout pour l'amour, ou Roméo & Juliette

Genre

drame lyrique

Nombre d'actes :

4

Vers / prose

 

Musique :

oui

Date de création :

7 juillet 1792

Théâtre :

Théâtre Italien

Auteur(s) des paroles :

M. Monvel

Compositeur(s) :

M. d’Aleyrac

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 9 (septembre 1792), p. 325-328 :

[De cette adaptation originale de la pièce de Shakespeare (le critique tient à nous donner une liste des prédécesseurs de Monvel, pour dire qu’il s’est largement écarté d’eux), le critique ne pense finalement pas tant de mal : «  à l'exception de quelques longueurs dans les deux premiers actes, cet ouvrage peut offrir de l'intérêt & de l'originalité : quelques préparations mieux motivées, pourroient aussi effacer des invraisemblances, qui ont paru déplaire au public ». Rien de très grave, finalement, et le public a applaudi, comme il a été enthousiasmé par la musique de d’Aleyrac : une musique dramatique (théâtrale), « ses chœurs sur-tout sont d'un grand effet : ses morceaux d'ensemble sont bien entendus, bien dialogués, & plusieurs finales ont excité un vif enthousiasme ». Et les acteurs ont été remarquables.]

THÉATRE ITALIEN.

Le samedi 7 juillet, on a donné pour la premiere fois, Tout pour l'amour, ou Roméo & Juliette , drame lyrique en quatre actes, paroles de M. Monvel, musique de M. d'Alayrac.

C'est sans contredit un des sujets les plus touchans que nous ayons au théatre que l'amour malheureux de Roméo & Juliette. L'auteur le plus ancien qui l'ait traité, d'après Shakespeare, est Côme de la Gambe , dit Châteauvieux, valet-de-chambre de Henri III & de M. le duc de Nemours : il récita sa tragéd juiie de Roméo, vers l'an 1580, devant les rois Henri III & Charles IX. M. Chatelus fit jouer en 1770, sur le théatre de la Chevrette, un Roméo & Juliette, tragédie en 5 actes, en prose, qui n'a point été imprimée ; & en 1772, M. Ducis nous donna une imitation plus soignée de la tragédie de Shakespeare, Roméo & Juliette, qui est restée au théatre.

C'étoit une idée hardie que de mettre ce sujet en opéra, sur-tout de la maniere dont M. Monvel l'avoit conçu. Voyons comment il a tracé son action, qui n'a pas beaucoup de rapport avec celle de la tragédie de Shakespeare, encore moins avec celle de la. Gambe, de Chatelus & de M. Ducis.

Capulet, ferme dans la haine qu'il a vouée aux Montaigu, veut marier sa fille Juliette à un seigneur, son voisin & son ami ; mais Juliette adore en secret un jeune chevalier qu'elle a vu dans une fête & dont elle ignore le nom : sa nourrice est la confidente de ses vœux. Juliette a un frere nommé Théobald, qui s'occupe de chymie, & qui est l'espoir de son pere Capulet. On va conduire Juliette à l'autel : les parens, les amis se réunissent dans un bal masqué, & c'est à la faveur de ce bal que Roméo s'introduit avec un ami, & à la saveur de la nuit, dans le jardin de Capulet, où il trouve le moyen de parler à Juliette & de lui dire son nom. Juliette, effrayée d'apprendre que son amant est un Montaigu, n'en jure pas moins de lui rester fidelle & de ne point épouser son rival. Sur ces entrefaites, Capulet, son épouse & Théobald, arrivent & surprennent Roméo sous le balcon de Juliette. Un combat s'engage, & Théobald tombe, baigné dans son sang aux pieds de sa malheureuse famille. Dès ce moment, Capulet, égaré par le désir de se venger, déclare à Juliette qu'il va la traîner à l'autel, & qu'il ne négligera rien pour immoler Roméo. Juliette, au désespoir, se résout à mourir : elle entre dans la pharmacie de son frere, & s'empoisonne, au moment où sa famille vient lui déclarer que Théobald est hors de danger, qu'il pardonne à Roméo, & qu'elle peut espérer de voir son hymen réunir les Montaigu aux Capulet. Il n'est plus tems ; Juliette expire : on va la placer dans le tombeau de ses ancêtres : la pompe funebre traverse la place publique, &, suivant l'usage de Véronne, le corps de l'infortunée est couché sur son cercueil ; son visage est découvert. Roméo, qui ignore ce malheur, traverse la place, & reconnoît son amante, qui n'est plus !... Roméo, déterminé à la suivre au tombeau, gagne un bedeau de l'église, descend dans le souterrein où Juliette est déposée sur un lit de parade, & veut se percer sur son corps : mais quelle surprise pour un amant !... Juliette n'est point morte : elle fixe, elle appelle Roméo. Capulet & son épouse arrivent ; ils ont appris par Théobald, qui vient de reprendre l'usage de ses sens, que Juliette a pris, au lieu de poison, un somnifere, qu'il avoit préparé dans son laboratoire. Juliette, en effet, renaît à la lumiere, & Capulet la donne à Roméo.

On voit que cette marche est bien différente de toutes celles connues sur ce sujet. Cependant à l'exception de quelques longueurs dans les deux premiers actes, cet ouvrage peut offrir de l'intérêt & de l'originalité : quelques préparations mieux motivées, pourroient aussi effacer des invraisemblances, qui ont paru déplaire au public. Quoi qu'il en soit, ce drame a été applaudi. La musique, de M. d'Aleyrac, est dramatique : ses chœurs sur-tout sont d'un grand effet : ses morceaux d'ensemble sont bien entendus, bien dialogués, & plusieurs finales ont excité un vif enthousiasme. On a demandé les auteurs : MM. Monvel & d'Aleyrac se sont présentés. Mde. St. Aubin a joué avec beaucoup d'ame le rôle fatiguant de Juliette ; MM. Philippe & Solier ont mis de la chaleur & de la sensibilité dans les rôles de Roméo & de Capulet ; & Mde. Gontier, a joué avec le grand talent qu'on lui connoit, le rôle de la nourrice, rôle très-bien tracé, d'après les données de Shakespeare.

César : une représentation à Paris, sans date ni lieu. Création le 7 juillet 1792. La pièce a été jouée 11 fois en 1792, 8 fois en 1793, 9 fois en 1794, 2 fois en 1795, 6 fois en 1796, 3 fois en 1797, 5 fois en 1798, 2 fois en 1799. soit 46 représentations.

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