Créer un site internet

Trois contre Un, ou Ah, que j’étois bête !

Trois contre Un, ou Ah, que j’étois bête ! comédie-parade, de Tournay et Chazet, 14 fructidor an 8 [1er septembre 1800].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Trois contre Un, ou Ah ! que j’étois bête !

Genre

comédie-parade

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

14 fructidor an 8 (1er septembre 1800)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. Tournay et Chazet

Courrier des spectacles, n° 1277 du 15 fructidor an 8 [2 septembre 1800], p. 2 :

[La pièce nouvelle a eu un succès légèrement contesté, quelques murmures ayant souligné que l’intrigue avançait trop lentement, en partie parce que « quelques acteurs » ne savaient pas leur rôle. C’est une arlequinade qui ressuscite un vieux procédé : pour contraindre Cassandre de lui donner la main de sa pupille Colombine, Arlequin feint d’être mourant. Cassandre, qui veut aussi épouser Colombine, permet à Arlequin de l'épouser puisqu’il va mourir aussitôt. Mais bien sûr Arlequin se rétablit. C’est la qualité des couplets qui fait la qualité de la pièce, et le critique en donne un large exemple.]

Théâtre du Vaudeville,

Les auteurs de Trois contre Un, ou : Ah ! que j’étois bête ! vaudeville-parade donné hier pour la première fois à ce théâtre., demandoient dans leur couplet d’annonce trois bravo contre un sifflet. Ils ont eu réellement un sifflet et plusieurs applaudissemens. Ce n’est pas que de tems en tems le public n’ait murmuré contre la lenteur de la marche de cet ouvrage ; mais il faut s’en prendre à quelques acteurs, que leur mémoire a trahis à diverses reprises. En voici le fonds :

Arlequin, suivant les traces de Cassandre, qui a fui de Chartres avec sa pupile Colombine, trouve dans l’auberge où il est descendu, son ami Scapin, qu’il engage à le servir dans ses amours. Cassandre, qui apprend à donner du cor, étourdissoit tout le voisinage, et Scapin irrité l’a menacé de faire plus de bruit encore en lui brûlant la cervelle. Cassandre veut se plaindre en justice ; Arlequin, qu’il ne connoît pas, s’introduit et se fait recevoir chez lui en qualité de secrétaire, et bientôt il lui donne une preuve de son zèle en feignant d’aller se battre avec Scapin, qui est venu provoquer le vieillard. Scapin vient annoncer que son adversaire est mortellement blessé ; Cassandre va le voir avec Colombine : un notaire est près du prétendu Moribond, qui lui décline son nom. Cassandre est étonné, ému, mais espérant épouser Colombine après la mort d’Arlequin, consent à leur mariage, qu’il croit ne durer qu’un moment ; mais le rétablissement subit d’Arlequin uni à Colombine lui fait dire : Ah ! que j’étois donc bête !

Plusieurs couplets sont tournés avec facilité, et ceux-ci entr’autres ont fait plaisir :

    Air : Cet arbre apporté de Provence.

Dans le commerce de la vie
Les billets sont d’un grand secours :
Par billets tout se négocie
En intérêts comme en amours :
Mais entr’eux quelle différence !
Ceux de Plutus sont protestés ;
Et par fois, avant l'échéance,
Billets d’amour sont acquittés.

Colombine a vu plusieurs masques à l’Opéra.

Air : . . . . .

J’ai vu plus d’un masque insolent

Arlequin.

Sous le masque c’étoit Thersite.

Colombine.

J’ai vu plus d’un domino blanc

Arlequin.

Qui masquoient plus d'un hypocrite.

Colombine.

On en vit un le même soir
Sous le masque d’un gros chanoine ;

Arlequin.

C'est un rentier qui vouloit voir
Si l’habit faisoit le moine.

Cet agréable ouvrage est des citoyens Toûrnay et Chazet.

F. J. B. P. G***          

La Décade philosophique, littéraire et politique, an VIII, 4e trimestre, n° 35 (20 fructidor) p. 490-491 :

[Article sévère : la pièce est réduite à une réplique ridicule, et l’échec n’a rien à voir avec l’impréparation des acteurs, mais avec la nullité de la pièce.]

Théâtre du Vaudeville.

Le théâtre du Vaudeville a donné le 14 Trois contre un, ou Ah.' que j'étais bête, pièce en un acte des CC. Tournay et Chazet. Cette production a été très-froidement accueillie. Arlequin feint d'être mourant, Cassandre son rival consent à l'unir à Isabelle sa pupille ; mais, le contrat signé, il se redresse , et Cassandre pris pour dupe, s'écrie : Ah ! que j’étais bêtel Quel brillant sujet! Comme tout cela est spirituel ! On a prétendu que la froide réception du public pour cet ouvrage, venait des. acteurs qui ne savaient pas leurs rôles; ils feront bien de les oublier tout-à-fait.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 6e année, 1800, tome III, p. 115-117 :

[Des informations intéressantes : le dispositif scénique (le théâtre partagé en deux ; une pièce peu originale, mais qu’on peut sauver, en changeant le vaudeville final (pourquoi pas ?) et en supprimant le sous-titre (c’est plus surprenant !).]

Trois contre un, ou Ah que j'étois bête !

Voici le sujet de ce vaudeville, joué le 14 fructidor :

Le théâtre, partagé, représente deux chambres ; Cassandre et Scapin logent auprès l'un de l'autre dans un hôtel garni. Cassandre apprend à donner du cor, ce qui impatiente beaucoup son voisin Scapin qui s'est adonné aux calculs. Arlequin vient chez Scapin, et le met au fait de son amour pour la pupille de Cassandre ; il se met à lui écrire, lorsque le son bruyant du cor vient le troubler. Arlequin, pour faire peur au musicien importun qu'il ne peut faire taire, feint de prendre sa leçon de pistolet, et tire par la fenêtre, en disant qu'il prend la cloison pour but. Cassandre s'hahille pour aller chercher le commissaire, et Arlequin se présente chez lui, avec une lettre de recommandation, pour être son secrétaire. Cassandre le reçoit. Bientôt arrive Scapin, qui appelle en duel M. Cassandre, pour la scène du cor. Cassandre ne veut pas se battre ; Arlequin y va à sa place ; on le rapporte presque mourant. Il demande la consolation d'épouser Colombine avant sa mort ; Cassandre y consent ; alors Arlequin se porte bien, et se moque de Cassandre qui dit : Ah, que j'étois bête ! Le commencement de la pièce ressemble à une vieille chanson intitulée le Baron qui chasse et le Gascon qui-pêche. La fin est imitée de l'épisode de D. Quichotte, Basile et Quitterie, dont on avoit fait un opéra. Si le vaudeville final étoit changé et le second titre supprimé, cette pièce pourroit être une de celles qu'on revoit avec plaisir au Vaudeville.

Voici le couplet d'annonce :

Air du vaudeville d'Arlequin Afficheur.

Pour écarter un importun,
On a formé triple alliance ;

Et quand on s'est mis trois contre un,
On ne craint pas la résistance.
Ainsi donc un succès complet
Pourroit être notre partage,
Si trois bravos contre un sifflet
    Nous donnoient l'avantage.

Entr'autres jolis couplets, on a remarqué celui des mœurs du jour et de l'Homme des champs ; ceux sur les billets et sur le bal de l'Opéra. La pièce est des CC. Tournay et Chazet. Le C. Laporte a joué l'Arlequin avec sa gentillesse ordinaire ; le C. Lenoble a été applaudi dans le rôle de Scapin, ainsi que M.lle Aubert dans celui de Colombine.

Ajouter un commentaire

Anti-spam